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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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de “sport”. Nous devons marcher en canard, sauter, nous tenir accroupis les bras tendus avec un tabouret entre les mains pour ajouter à la fatigue, exécuter divers exercices jusqu’à ce que nos tortionnaires se lassent. » Au block 38, le docteur Henri Fizelsen, nommé interprète, oublie une fois de crier «  Stillgestanden  ! » (Garde-à-vous !) à l’arrivée du chef de block Emil, un ancien légionnaire : « Fou furieux, Emil s’approche de moi et me gifle, à vrai dire pas très fort, avec le journal qu’il était allé chercher à la Schreibstube. Mais ma réaction est encore celle d’un homme normal, je lui rends sa gifle. C’est là qu’il se déchaîne, se déchaîne absolument. Il me roue de coups, me casse toutes les dents, me piétine. La séance dure près d’un quart d’heure devant mes camarades du convoi de janvier 1943. Puis je dois rester accroupi, bras tendus en avant. »
    Dans les premiers jours de quarantaine, un second contrôle administratif a lieu. Des fiches signalétiques sont établies sur des cartons jaunes avec des renseignements complémentaires : profession, tatouages, nom du légataire qui recueillera notre héritage (?), etc., car ici on ne répugne pas à camoufler les crimes, les vols sous des apparences légalistes. Le 17 février 1944, par exemple, un S. S. fait signer une procuration « au détenu n° 66 538, Bastan René, né le 2 juin 1925, habitant Pau (Basses-Pyrénées, France) actuellement au camp de concentration de Sachsenhausen à Oranienburg près de Berlin ». Ce papier, explique René Bastan, « devait permettre à ma mère de toucher l’argent qui me revenait du 5 e  Dépôt des équipages de la Flotte, car j’étais à l’École de la marine de Toulon avant mon arrestation… Or, si la procuration est bien parvenue à ma mère, à Pau, inutile de préciser que la somme en question ne lui a jamais été versée ».
    Le lendemain, 18 février 1944, un autre officier S. S. contresigne un certificat de présence au camp que Camille Estevenin a sollicité : « Quelqu’un m’a dit que plus tard peut-être on douterait de notre détention. Alors, comme lui, je fais une demande à la Kommandantur en disant que mes parents ont besoin d’un certificat de vie pour régler des affaires de famille. Quelques jours après, je reçois le papier en question et l’on m’autorise à l’envoyer chez moi avec une lettre d’accompagnement. J’ai retrouvé à mon retour cette attestation par laquelle un S. S. Sturmbannführer, dont la signature est illisible sous les cachets, déclare en date du 18/2/1944 : “Je soussigné certifie que le détenu n° 59 059 Estevenin Camille, né le 4.4.1925, domicilié Quartier des Mascarons à Morières-lès-Avignon, Vaucluse, France, se trouve actuellement au camp de concentration de Sachsenhausen à Oranienburg près Berlin”. »
    Enfin, dernière formalité d’entrée, le passage à la photo du service anthropométrique installé dans un baraquement de la direction du camp, de l’autre côté du mur d’enceinte. Le cadre est presque luxueux. Assis dans un fauteuil de cuir, nu-tête, une plaque portant son numéro matricule devant soi, chacun se présente à l’objectif. Pourtant, le docteur Leboucher est désagréablement impressionné : « Complètement rasés, sans cheveux, ni barbe, ni moustache, ni sourcils, nous ressemblons à des bandits de bas étage. Tout un système de glaces permet de se voir de face, de profil, de trois quarts. Je n’ai jamais aimé beaucoup me contempler dans une glace, c’était assez de le faire, avant cette histoire, pour me raser ou nouer ma cravate. Mais, ce jour, ce que j’aperçus de ma physionomie eût dû me dégoûter pour toujours. Il est vrai qu’il m’était impossible de me reconnaître. »
     
     
AU RYTHME DES APPELS
    Le rythme de la vie concentrationnaire pénètre inexorablement les hommes, s’impose à eux, viole leurs habitudes, les éloigne chaque jour davantage de l’existence individuelle et familiale qui était encore la leur quelques semaines ou quelques mois plus tôt. Rythme journalier marqué par l’immuable retour de ces temps forts que sont le réveil, les appels, le travail, les retours au block. Le tout sur une trame d’angoisse et de sourde terreur, sur un fond de cris, d’ordres, de contre-ordres et d’aboiements dominant plaintes et gémissements et faisant chavirer la raison.
    Le réveil à 3 h 30 l’été

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