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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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formules passe-partout.
    En ce domaine comme en tant d’autres se révèlent les paradoxes et les contradictions de la bureaucratie S. S. Le commandant de Sachsenhausen, qui interdit toute correspondance à certains Français, remuera ainsi ciel et terre pour retrouver un destinataire dont le nom de famille est illisible sur l’enveloppe expédiée de France. Ses recherches le conduisent un dimanche matin de 1943 au kommando Heinkel. Après un appel interminable en sa présence, les S. S. font sortir des rangs une vingtaine de Français qui sont conduits devant lui. Maurice Piat est du nombre : « Nous n’en menons pas large. Nous savons qu’un officier supérieur nazi a été exécuté à Paris. Allons-nous être liquidés en représailles ? » Soudain, mon voisin de droite me demande : – “Dis-donc, tu ne t’appellerais pas Maurice ?” – “Oui.” – “Et quel est le prénom de ton voisin de gauche ?” – “C’est Maurice Chastang.” Nous ne sommes que des Maurice et j’en suis soulagé. Pourquoi fusillerait-on des Maurice plutôt que des Pierre ou des Paul ?
    « J’ai raison. L’interprète explique qu’une lettre adressée à un Maurice dont le nom est indéchiffrable est arrivée au camp. Le commandant a donc convoqué tous les Maurice pour en connaître le destinataire. Mais, lorsque l’interprète cite les prénoms contenus dans cette lettre, presque toutes les mains se lèvent, car chacun connaît toujours une Thérèse ou une Germaine dans sa famille ou son voisinage… Le commandant repart avec sa lettre. »
    À la femme de Fernand Bacqué, de Mont-de-Marsan, qui lui écrit parce qu’elle est sans nouvelles de son mari, le commandant du camp répond le 29 octobre 1943 : « Suite à votre lettre du 27.7.1943, la Kommandantur du camp de concentration de Sachsenhausen vous communique que votre époux se porte bien. À nos questions il a dit avoir repris une correspondance régulière avec vous depuis le mois de juillet et dispose des timbres nécessaires grâce aux primes qu’il a épargnées. La Kommandantur n’est pas en mesure de vous remettre un certificat vous donnant le droit de lui adresser de l’argent ici. »
    Si, à l’exception de quelques lettres et paquets acheminés par la Croix-Rouge, la poste normale ne fonctionne plus entre la France et Sachsenhausen après août 1944, des déportés continuent de s’écrire de camp à camp. Georges Boivent père et Georges Boivent fils, de Fougères, échangent ainsi quatre lettres de septembre 1944 à janvier 1945. Car Georges Boivent fils, matricule 84 129, dont l’adresse concentrationnaire est « Block 3 DE-Oranienburg bei Berlin » (c’est le kommando Falkenesee) connaît celle de son père à Neuengamme. Ils ont fait partie le 4 juin 1944 du même convoi de Compiègne. Ils ont été immatriculés ensemble à Neuengamme, 35 535 pour le père 35 536 pour le fils, et n’ont été séparés qu’au grand transport qui suivit peu après pour Sachsenhausen.
    Si les lettres de France sont un grand réconfort moral, les colis qui les accompagnent sont un précieux soutien matériel. Ces Pakete sont bien sûr très tentants pour les S. S. et leurs créatures qui pullulent dans l’administration du camp. Quand ils ne sont pas détournés purement et simplement, ils sont allégés de dîmes prélevées aux divers échelons de la hiérarchie. Le chef de block du 58 pousse le sadisme à mélanger ce qui reste en un magma infect : confiture, sucre, chocolat, pâtes, etc. Mais ce qui subsiste est toujours un peu de survie assuré, un petit supplément qui permet de passer un cap difficile.
    En règle générale, pour la répartition des vivres reçues, des groupes se forment en « collectivités », en « familles » qui, le plus souvent adoptent un camarade français ou étranger ne bénéficiant d’aucun envoi. Malheureusement, les colis, source d’une solidarité exemplaire, sont aussi motifs à jalousies, vexations, agressions, dans ce monde à part où les nazis font régner la loi de la jungle. Des Français se cachent pour grignoter un morceau de sucre plutôt que de voir la convoitise s’allumer dans les yeux de leurs voisins affamés. Même au sein des groupes, des discussions sur la manière de consommer les colis opposent les partisans du « tout, tout de suite » aux partisans du « peu, peu à peu ». Les échanges prolifèrent, les vols également.
    Sachsenhausen expose chaque

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