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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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conditions, il faut bander toute son énergie pour tenir le rythme quand les S. S. et les Vorarbeiter ont les yeux braqués sur nous : pour choisir le moment de pause et imaginer le prétexte d’arrêter le marteau-piqueur ou de le mettre en panne. Pour faire semblant d’affûter un outil ou de déblayer un obstacle afin de se reposer sans en avoir l’air.
    « Un tel régime envenime des blessures déjà soignées à Compiègne. En mars 1943, mon genou droit enfle et me fait horriblement mal. Craignant instinctivement le Revier comme beaucoup d’autres, je tente de m’en sortir avec des compresses que j’applique le soir et que je garde la nuit. En vain.
    « Un matin, après l’appel, je me traîne, à bout de forces, avec mon kommando. Mon genou est énorme, je grelotte de fièvre et de douleur. En passant devant le hall 6, je perds soudain connaissance. Un camarade au courant fend la jambe de mon pantalon rayé. Par quel miracle le Vorarbeiter fait-il une grimace en voyant mon genou ? En tout cas, il me fait transporter au Revier sur le chariot utilisé pour les bidons de soupe. L’infirmier qui m’accueille ne s’embarrasse pas. Le camion non bâché conduisant chaque matin au grand camp les blessés à opérer n’est pas encore parti : on m’y charge… »
    C’est l’époque à laquelle Georges Cassin, un résistant lui aussi de la Vienne, est muté en punition du hall 6 au Baukommando : « Je suis dans une équipe de travaux de manutention, pénibles et dangereux. Un jour, la poulie du palan que nous utilisons se détache, tombe sur moi et me plaque au sol évanoui. Des camarades se précipitent à mon secours, mais le S. S. les écarte et me relève à coups de pied et à coups de crosse…
    « Les triangles verts dominent dans la hiérarchie du Baukommando et y font régner la terreur au même titre que les S. S. Le chef Arhim est une brute sanguinaire. Son Ordnungdienst (policier) est un vert aussi qui frappe à tour de bras. Et, dans les “droit commun” allemands Vorarbeiter, se distingue un bandit, Franz Haxman, qui se fait appeler en français François, ou Max, car il a servi vingt-cinq ans dans la légion étrangère et parle notre langue. »
    Plus d’une fois, Jean Lyraud a maille à partir avec les « cogneurs » du Baukommando : « Arhim est un spécialiste des brimades individuelles et des sanctions collectives. Ces tourments, hélas, s’ajoutent à ceux du froid dont nous souffrons terriblement. Le 20 décembre 1943, par exemple, est une journée dure entre toutes, sous les volées de matraque et les rafales de neige qui semblent se faire concurrence. »
    Quand Paul Jamain, remis sur pied, réintègre le Baukommando, la situation ne s’améliore pas : « Le chef du Baukommando Arhim n’a de cesse que de se dépasser dans l’horreur. C’est, dit-on, un gangster de la région de Hambourg qui a de nombreux crimes sur la conscience. Il a été condamné à mort avant d’être gracié et interné à Sachsenhausen, puis à Heinkel.
    « Un de ses pires exploits a lieu le dimanche de Pâques 1944, qui doit être, en principe, un jour de repos. L’appel du matin se termine et déjà nous laissons nos pensées divaguer quand, après l’ordre général de dispersion, un second commandement nous fige. Le Baukommando doit rester sur place.
    « Quelques-uns s’essayent à plaisanter : il va y avoir une soupe supplémentaire, on va nous féliciter… Arhim, lui, ne songe pas à sourire. Il s’avance, la main droite glissée sous sa veste, à la Napoléon, jouissant de son pouvoir discrétionnaire sur les détenus du Baukommando. Il appelle toutes les équipes : maçons, menuisiers, jardiniers, etc. Le kommando est maintenant en colonne, encadré par les S. S. et leurs chiens soutenus par la meute des Vorarbeiter.
    « Nous sortons du camp et marchons dans la campagne. Nos gardiens semblent calmes. Le soleil brille après avoir chassé le brouillard matinal ; il annonce une belle journée. Nous nous arrêtons bientôt à un endroit où s’entasse un énorme tas de pavés de granit, de gros pavés pesant chacun une dizaine de kilos.
    « Au début, tout va à peu près bien. Calmement, les Vorarbeiter indiquent le travail : prendre un pavé à tour de rôle et, à la queue leu-leu, aller le déposer deux cents mètres plus loin, revenir et recommencer. Pendant que les deux files à sens unique s’allongent entre l’ancien et le nouveau tas, les S. S.

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