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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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travaillent pas dans les halls. Ils sont toujours dehors, par n’importe quel temps, occupés à des tâches ingrates de terrassement, de construction, de réfection des routes et des voies ferrées de l’usine, du déchargement et du transport des briques.
    Alfred Toquereau y est affecté dès son arrivée le 8 février 1943, avec ses camarades Ranger, Lagrée, Jojo Abalain et Georges Cadiou. Sous la surveillance de sentinelles S. S., ils manipulent, derrière le hall 8, des rouleaux de barbelés destinés à l’agrandissement de la ceinture électrifiée du camp. Après les avoir démêlés et allongés sur le sol, ils les réenroulent sur des rondins. Alfred Toquereau fait équipe avec Georges Cadiou, un Brestois d’une trentaine d’années, dont le frère est resté au grand camp : « Georges, tapissier, père de trois bambins, entretient notre moral par son naturel gai, ses chansons. Hier soir, il nous a poussé d’une voix mélodieuse son air préféré : “Je pense à vous quand je m’éveille et de loin je vous suis des yeux…” Hier soir encore, il nous a montré la photo de sa famille qu’il a sauvée miraculeusement de la fouille et qu’il porte précieusement cachée sur lui. Mais aujourd’hui…
    « Il est environ 15 heures, la relève de notre sentinelle vient d’être faite. Dans le brouillard nous distinguons la silhouette du S. S., un jeune à l’allure nerveuse. Il crie avec colère. Lagrée, je crois, comprenant l’allemand, traduit discrètement : “Il dit qu’un Français doit tomber ce soir.” Nous nous regardons avec une grande inquiétude ; n’est-ce pas lui qui, déjà, a roulé le malheureux Rottier sur des barbelés ?
    « Le travail se poursuit. Quelques instants après, Georges Cadiou me confie qu’il a un “besoin” urgent. Il s’écarte de quelques mètres, s’accroupit tandis que seul j’enroule les barbelés.
    « Soudain, un coup de feu claque !
    « Georges se redresse, tente de relever son pantalon tout en se tenant le ventre… Il pousse un cri et tombe comme une masse, face contre terre. Le S. S. se précipite, dégaine son revolver et donne le coup de grâce…
    « Paralysés d’horreur, nous gardons les yeux rivés sur le cadavre de notre malheureux camarade. Le S. S. ordonne de reprendre le travail et les lourds rouleaux de barbelés tournent à nouveau dans nos mains tremblantes et maladroites.
    « Vers 18 heures, le cadavre est toujours là. La nuit tombe, le travail cesse. Triste marche vers la place d’appel où nous traînons tant bien que mal le corps exsangue de Georges, car le règlement exige que les morts soient dénombrés avec les vivants…
    « Le lendemain de cette tragédie, le commandant S. S. fait traduire dans plusieurs langues la version officielle de l’ignoble assassinat : “Un détenu français a été abattu au cours d’une tentative d’évasion.” Son meurtrier est gratifié de trois jours de permission…
    « Peu après, le gros des Français arrive à son tour chez Heinkel. Albert Cadiou en est, il apprend la terrible nouvelle. Miné par le chagrin et épuisé par les mauvais traitements, il meurt au cours d’un transport. Il était marié et père d’une fillette de dix ans. »
    Paul Jamain, de Rochefort, est aussi au Baukommando depuis février 1943 avec son frère aîné André. Autour de lui, quelques professionnels du bâtiment mais beaucoup d’intellectuels, notamment des enseignants, pour lesquels la « race des seigneurs » professe un souverain mépris : « Ils souffrent et endurent mille maux, tous ces camarades peu habitués aux travaux durs et qui doivent, comme mon ami de la Vienne, l’instituteur Aristide Pouilloux, charrier à longueur de journée, sous les coups et les sarcasmes, des pierres, du mortier, du béton à l’aide des Tragen.
    « Moi, je manie un marteau-piqueur. Je perce le béton des halls pour que l’on y fixe des machines supplémentaires. J’ouvre des tranchées dans les routes cimentées pour le passage de canalisations. On ne peut pas dire que ce soit plus pénible que ce qui se fait sur tous les chantiers de travaux publics. Mais il faut considérer notre état de malnutrition et de fatigue, notre tension nerveuse continuelle : voilà qui rend le marteau-piqueur quatre à cinq fois plus lourd, la pelle plus pesante, les résonances du ciseau et de la masse plus douloureuses dans le corps, les heures plus longues, très longues.
    « Dans de telles

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