Sang Royal
Blaybourne datait de nombreuses années. Et le Titulus date de 1484.
— Vous avez dit qu’il y avait d’autres documents que vous n’avez pas eu le temps de voir.
— En effet.
— Peut-être parlaient-ils de la reine et de Culpeper ?
— Monsieur, intervint Tamasin, je ne comprends pas ce qu’est ce Titulus, ni ce Blaybourne. »
Je la fixai du regard. Ce qu’ils venaient de me raconter m’avait tellement stupéfié que j’avais sans réfléchir évoqué le contenu du coffret. Je faisais ainsi courir à Tamasin un danger encore plus grand que celui qu’elle devait déjà affronter. La menace pesait désormais sur nous trois ; nous allions devoir nous serrer les coudes. Je pris une profonde inspiration.
« Jack et moi avons trouvé chez Oldroyd, le verrier, un coffret plein de documents qui ont été ensuite subtilisés.
— Ça je le sais. C’est pour cela que Jennet et moi avons été interrogées.
— Quelqu’un l’a tué parce qu’il détenait ce coffret. Et maintenant, à mon avis, l’assassin essaye de me faire disparaître parce que j’en ai vu le contenu. Il ne sait pas que je n’en ai examiné qu’une faible partie, en fait. » Je lui parlai des attaques que j’avais subies au Manoir du roi et dans le campement, de la confession de Blaybourne, ainsi que du Titulus, ajoutant que j’en avais trouvé une seconde copie dans la bibliothèque de Wrenne.
« Seigneur Dieu ! murmura-t-elle en écarquillant les yeux. Dans quel embarras vous vous trouvez !
— Tu veux dire qu’il est dans la merde jusqu’au cou ! » rétorqua sèchement Barak.
Un bruit à l’autre bout du réfectoire m’interpella. Les soldats se mettaient péniblement sur pied et se dirigeaient vers la porte, nous laissant seuls avec le serviteur, lequel s’était assoupi sur sa table, la tête enfouie dans ses bras repliés. Je me retournai vers Barak et Tamasin. Leur expression anxieuse leur donnait des années de plus.
« Quel parti prend-on, maintenant ? Instruit-on Maleverer de tout ce que l’on sait ? demanda Barak.
— Pas pour le moment, répondis-je. Il faudrait qu’il te croie sur parole, et les intéressés nieraient. Tu t’attirerais seulement des ennuis, peut-être de graves ennuis, pour rien. »
Barak se pencha en avant. « Mais s’il existe un rapport entre la reine, Culpeper et les papiers dans le coffret, lady Rochford pourrait bien être l’instigatrice de ces tentatives d’assassinat sur votre personne. Elle va redoubler d’efforts, maintenant.
— Non, dit Tamasin à voix basse, la reine ne se rendrait jamais complice d’un meurtre, je peux vous l’assurer. C’est une femme – ou plutôt une jeune fille – bonne, généreuse, et très naïve, par certains côtés.
— Elle fait partie de ce nid de vipères qu’est la Cour, dit Barak.
— Justement, elle est en marge de ce monde ! C’est une petite nigaude, une gamine innocente, tout le monde le dit. Elle est complètement irréfléchie, c’est évident. Autrement elle n’agirait pas de façon aussi stupide.
— Mais lady Rochford paraît capable de tout, répliqua Barak. Il n’y a qu’à regarder son passé.
— Malgré tout, je ne l’imagine pas derrière ces agressions, dis-je. Elle ne me donne pas l’impression d’être une organisatrice méthodique… Tamasin, à votre avis, que va faire lady Rochford, maintenant ? demandai-je, après un instant de réflexion.
— Nul doute que c’est la reine qui décidera », déclara Barak.
Tamasin secoua la tête. « La reine suivra les conseils de lady Rochford, je pense… À sa place, continua-t-elle en se tournant vers moi, il me semble que je tenterais l’intimidation, ou bien j’essaierais d’acheter notre silence. »
J’opinai du chef. « Vous avez sans doute raison. Attendons de voir si elle se met en relation avec nous. Notre réaction dépendra de ce qu’elle nous demande. Si rien ne se passe ou si on est à nouveau pris pour cible, on ira voir Maleverer. Lundi. Entre-temps, tâchons d’éviter les lieux dangereux.
— Je pense qu’on devrait aller voir Maleverer sans tarder, dit Barak.
— Non. Pas sans preuve. Surtout que toi et moi sommes déjà dans une situation délicate. Imagines-tu la réaction du roi s’il avait vent de l’affaire et que l’histoire se révélait fausse ? Alors nous risquerions nos têtes. Nous allons vous raccompagner au manoir, dis-je à Tamasin. Les soldats vous laisseront-ils entrer
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