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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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cette ville », commenta Barak au moment où nous débouchions dans la cour d’enceinte, qui, comme le reste du château, avait connu des jours meilleurs. Un certain nombre de bâtiments imposants avaient été construits à l’intérieur des remparts du château et, tel le donjon, plusieurs étaient couverts de lichen et présentaient des trous dans le plâtre. Même le tribunal, sur les marches duquel d’autres hommes de loi étaient en train de discuter, menaçait ruine. Pas étonnant que le roi ait choisi de séjourner à l’abbaye Sainte-Marie.
    Quelque chose était accroché au sommet du haut donjon… Un squelette blanchi, enserré dans de grosses chaînes.
    « Un autre rebelle, dit Barak. Ici on aime mettre les points sur les i.
    — Non, celui-ci se balance là-haut depuis un bon bout de temps. Les oiseaux ont totalement nettoyé les os. J’imagine qu’il s’agit de Robert Aske, qui a conduit le Pèlerinage de la Grâce, il y a cinq ans déjà. » J’avais entendu dire qu’il avait été pendu enchaîné. Je frissonnai car c’était là une mort atroce. Je tirai sur les rênes de Genesis. « Allons-y ! Trouvons le geôlier ! »
    Deux autres tours flanquaient la porte opposée. Nous traversâmes la cour et mîmes pied à terre. Malgré le court repos, j’étais toujours ankylosé, alors que Barak semblait avoir récupéré ses forces. Ce soir il faut que je fasse mes exercices pour mon dos, pensai-je.
    Un garde s’approcha. C’était un homme de mon âge au visage dur et carré. Je lui indiquai que nous venions de la part de l’archevêque Cranmer et que nous souhaitions voir maître Radwinter.
    « Il vous attendait hier.
    — Comme tout le monde. Nous avons pris du retard. Pourriez-vous conduire nos chevaux à l’écurie ? Et leur donner à manger ? Ils sont fourbus et affamés. »
    Il appela un deuxième garde. Je fis un signe de tête à Barak. « Accompagne-les. Je pense qu’il vaut mieux que je le voie seul la première fois. »
    Il eut l’air déçu mais m’obéit. Le premier garde me conduisit à une porte de la tour qu’il déverrouilla, et je gravis derrière lui un étroit escalier à vis éclairé par de minces rayères. Nous grimpâmes jusqu’à la moitié de la tour environ et, lorsqu’il s’arrêta enfin devant une lourde porte de bois, j’étais à bout de souffle. Il frappa et une voix lança : « Entrez ! » Le garde ouvrit la porte, s’écartant pour me laisser passer avant de la refermer derrière moi. Je l’entendis redescendre l’escalier.
    La pièce était obscure. Là aussi des rayères donnaient sur la ville. Les murs de pierre étaient nus mais des joncs parfumés jonchaient les dalles du sol. Un lit de camp soigneusement fait était calé le long d’un mur et contre un autre se trouvait un bureau parsemé d’un amas de papiers. À côté, assis sur un siège à coussin, un homme lisait. Près de lui, une bougie posée sur une petite table dissipait un peu la pénombre. Je m’étais attendu à tomber sur un geôlier débraillé, mais il portait un pourpoint marron impeccable et des hauts-de-chausses en laine de bonne qualité. Il referma son livre et se leva en souriant avec la souplesse d’un félin. Il me tendit la main.
    « Messire Shardlake, fit-il d’une voix mélodieuse et légèrement grasseyante, à la londonienne. Fulke Radwinter… Je vous attendais hier. » Il sourit, dévoilant de petites dents blanches, mais ses yeux bleu clair restaient durs et glacials. La main qui saisit la mienne était propre et sèche, les ongles bien limés. Il ne s’agissait pas à l’évidence d’un geôlier ordinaire.
    « L’escalier vous a-t-il fatigué ? demanda-t-il avec courtoisie. Vous paraissez un peu hors d’haleine.
    — Nous avons dû chevaucher toute la nuit, maître Radwinter. » Je parlais d’un ton ferme afin d’établir mon autorité. Je glissai la main dans ma poche. « Je dois vous montrer le sceau de l’archevêque », déclarai-je en le lui remettant. Il l’examina quelques instants, avant de me le rendre.
    « Tout est en ordre, répondit-il avec un nouveau sourire.
    — Fort bien. Monseigneur l’archevêque vous a-t-il écrit pour vous expliquer que je suis chargé de la santé de sir Edward Broderick ?
    — En effet. » Il secoua la tête. « Même si ce n’était pas nécessaire, en fait. L’archevêque est un grand personnage et un saint homme, mais il lui arrive de se… faire trop de

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