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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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fit tressaillir. Une longue chaîne, passée dans des menottes attachées à ses poignets, était fixée dans le mur près de sa paillasse.
    « De Londres ? » La voix rauque était celle d’un gentilhomme. « Dois-je m’attendre, par conséquent, à de nouvelles caresses avec le tisonnier ?
    — Non, répliquai-je d’un ton calme. Je suis ici pour m’assurer que vous arriviez à Londres en toute sécurité et en bonne santé. »
    La colère qui brillait dans ses yeux ne diminua pas. « Les tortionnaires du roi préfèrent travailler sur un corps en bon état, hein ? » Sa voix se brisa et il toussa.
    « Pour l’amour du Christ, maître Radwinter, ne puis-je avoir quelque chose à boire ?
    — Pas avant que vous récitiez les versets que je vous ai donnés à apprendre hier. »
    Perplexe, je fixai le geôlier. « De quoi s’agit-il ? »
    Radwinter sourit. « Je lui ai donné à apprendre dix versets de la Bible par jour, dans l’espoir que la pureté de la parole de Dieu en anglais puisse encore réformer son âme de papiste. Comme hier il s’est montré têtu, je lui ai dit qu’il ne recevrait rien à boire tant qu’il n’aurait pas appris ses versets.
    — Apportez-lui à boire séance tenante, m’écriai-je d’un ton sec. Vous êtes censé vous occuper de son corps, pas de son âme. » Je levai la bougie à la hauteur de son visage. Il serra fortement les lèvres un bref instant, puis sourit à nouveau.
    « Bien sûr. Peut-être est-il resté trop longtemps sans boire. Je vais appeler un garde pour qu’il aille lui chercher de la bière.
    — Non. Allez-y vous-même. Cela ira plus vite. Je ne cours aucun danger. Il est bien enchaîné. »
    Il hésita, puis sortit à grands pas de la pièce sans mot dire. J’entendis la clef tourner dans la serrure. Je me retrouvais enfermé dans la cellule. Je restai debout, le regard fixé sur le prisonnier qui avait baissé la tête.
    « Avez-vous besoin de quelque chose d’autre ? demandai-je. Je vous promets que je ne suis pas ici pour vous faire du mal. Je ne sais absolument pas de quoi vous êtes accusé. L’archevêque ne m’a confié qu’une seule mission : m’assurer de votre sécurité jusqu’à Londres. »
    Il leva les yeux vers moi et grimaça un sourire. « Cranmer craint que son sbire ne s’amuse avec mon corps ?
    — Est-ce déjà arrivé ?
    — Non. Il aime tisonner mon esprit, mais en ce domaine je sais me défendre. »
    Il planta sur moi un long regard perçant avant de se laisser retomber sur son grabat. Dans le mouvement, sa chemise entrouverte révéla la marque décolorée d’une brûlure sur la poitrine.
    « Montrez-moi ça ! lançai-je vivement. Ouvrez votre chemise ! »
    Il haussa les épaules, se redressa et défit les cordons. Je tressaillis. On avait passé un tisonnier le long de son corps, plusieurs fois de suite. Une des plaies sur la poitrine était rouge, enflammée, et le pus qui en suintait luisait dans la lumière de la bougie. Il me regardait d’un air farouche. Sa fureur était presque tangible. Si Radwinter est fait de glace, pensai-je, cet homme est fait de feu.
    « Où avez-vous subi cela ? demandai-je.
    — Ici, au château, entre les mains des hommes du roi quand ils se sont emparés de moi, il y a une semaine. Ils n’ont pas réussi à me briser. Voilà pourquoi on m’envoie à Londres afin que des spécialistes vraiment compétents s’occupent de moi. Mais vous n’ignorez rien de tout cela. »
    Je restai coi.
    Il me regarda attentivement. « Quelle sorte d’homme êtes-vous donc pour être choqué par mes plaies alors que vous travaillez avec Radwinter ?
    — Je suis avocat. Et je vous répète que je suis ici pour m’assurer qu’on prenne bien soin de vous. »
    Ses yeux étincelèrent à nouveau. « Pensez-vous que cela va suffire, aux yeux de Dieu, pour compenser ce que vous faites ici ?
    — Que voulez-vous dire ?
    — Vous êtes venu vous occuper de ma santé et de ma sécurité afin que les tortionnaires de Londres puissent s’amuser plus longtemps. Je préférerais mourir ici.
    — Pourquoi ne pas simplement leur fournir les renseignements qu’ils réclament ? De toute façon, ils vous les arracheront tôt ou tard. »
    Il eut un rictus atroce. « Ah ! vous êtes un enjôleur ! Mais je ne parlerai jamais, quel que soit le traitement qu’on m’inflige.
    — Rares sont ceux qui ne parlent pas une fois enfermés dans la Tour. Non, je ne suis

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