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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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la reine ne s’intéresse pas à la religion. Elle n’a que dix-huit ans, ce n’est qu’une petite écervelée. » Il esquissa un sourire égrillard. « Le roi est un sacré vieux veinard !
    — Cranmer a prétendu que Norfolk ne jouit plus autant de la faveur du roi.
    — Alors il aura peut-être la tête tranchée, commenta-t-il, d’un ton soudain amer. Sait-on jamais avec ce roi ?
    — Nous devrions parler à voix basse », dis-je. Je me sentais mal à l’aise à York. Il n’existait pas de larges artères comme à Londres et on devait partout se frayer un chemin entre les piétons. La foule étant trop dense, je décidai que désormais nous irions à pied. Même si les rues étaient bondées et que le commerce battait son plein en prévision de l’arrivée du cortège royal, ce tumulte ne ressemblait guère à la joyeuse animation de la capitale. Nous progressions au pas et plus nous avancions, plus nous attirions des regards hostiles.
    Le gamin avait eu raison à propos du marché : l’odeur de viande faisandée nous assaillit les narines quarante coudées avant d’y arriver. Nous nous engageâmes dans une autre rue étroite où les morceaux de boucherie étaient placés sur des étals bourdonnant de mouches. J’étais content d’être à cheval car la chaussée était jonchée de déchets. Barak fronça le nez en voyant les chalands chasser les insectes de la main ; les femmes soulevaient le bas de leur robe au-dessus des immondices tout en marchandant avec les vendeurs. Dès que nous eûmes franchi le répugnant endroit, je tapotai l’encolure de Genesis en prononçant des mots gentils, car les odeurs l’avaient importuné. Ayant atteint l’extrémité d’une autre rue plus calme, nous découvrîmes le mur de la ville et une autre barbacane arpentée par des gardes. Au-delà du mur se dressait une haute masse de couleur verte surmontée d’un donjon rond.
    « Le château d’York », dis-je.
    Une jeune fille avançait vers nous. Je la remarquai parce qu’elle était suivie d’un valet portant l’écusson royal en bonne place sur son pourpoint. Vêtue d’une ravissante robe jaune, la demoiselle était exceptionnellement jolie avec ses traits délicats, sa bouche pulpeuse, et son teint de lait respirant la santé. Une belle chevelure blonde dépassait de sa coiffe blanche. Elle intercepta mon regard, puis fixa Barak et, au moment où nous la croisions, lui sourit effrontément. Du haut de son cheval, Barak ôta son bonnet pour la saluer, lui décochant un grand sourire qui révéla ses belles dents blanches. La donzelle baissa les yeux et poursuivit son chemin.
    « Quelle petite effrontée ! » m’écriai-je.
    Barak éclata de rire. « Une jeune fille a le droit de sourire à un beau gars, non ?
    — Pas d’histoire galante ici. C’est une Yorkaise, elle risque de te dévorer tout cru.
    — Ça, ça ne me dérangerait pas ! »
    Nous atteignîmes la barbacane. Là aussi une rangée de têtes étaient plantées sur des perches et une jambe d’homme coupée était clouée au-dessus de la porte. Je sortis mon ordre de mission et on nous laissa passer. Nous suivîmes le mur d’enceinte du château, longeant une douve boueuse peu profonde. Le haut donjon rond qui nous surplombait était en piteux état : les murs blancs étaient couverts de lichen et traversés de haut en bas par une grande lézarde. Devant nous, deux tours flanquaient une porte à l’endroit où un vieux pont-levis passait au-dessus de la douve. Des piétons le franchissaient dans les deux sens, et la présence d’avocats en robe noire me rappela que les tribunaux d’York se trouvaient à l’intérieur de l’enceinte du château. Au moment où les sabots de nos chevaux martelaient le pont-levis, deux gardes revêtus de la livrée royale s’avancèrent vers nous et croisèrent leurs piques pour nous barrer la route. Un troisième saisit les rênes de Genesis et scruta mon visage.
    « Qu’est-ce qui vous amène en ces lieux ? » s’enquit-il. À son accent on devinait qu’il était lui aussi originaire des comtés du sud.
    « Nous arrivons de Londres. Nous avons affaire avec maître Radwinter, le geôlier de l’archevêque. »
    Le garde planta sur moi un regard perçant. « Rendez-vous à la tour sud, de l’autre côté de la cour. » Comme nous franchissions la porte, je vis par-dessus mon épaule qu’il ne nous lâchait pas des yeux.
    « Il n’y a que des murs et des portes dans

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