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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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qui faisaient passer le fleuve à l’énorme suite royale jusqu’à Barton, situé sur la rive opposée, côté Lincolnshire. Cela dura plusieurs heures. On avait sans doute amené des bateaux de tout le Yorkshire, car l’estuaire était constellé d’une myriade de voiles blanches.
    Lorsque nous y rentrâmes, la ville paraissait étrangement vide. Le voyage royal semblait être le centre de ma vie depuis si longtemps que j’avais du mal à comprendre que je n’avais plus aucun rôle à y jouer. J’éprouvais un grand soulagement et me sentais tout ragaillardi, surtout parce que chaque jour qui passait éloignait le roi Henri et la reine Catherine de quelques milles de plus. Ainsi que Dereham, Culpeper et lady Rochford… Je n’aurais plus à les revoir. Le secret de la reine ne serait sans doute jamais découvert. Elle et Culpeper avaient eu une peur bleue et je doutais qu’elle le revoie un jour. Il ne me restait plus qu’à affronter Rich à Londres, à propos du dossier Bealknap. Je ressentais d’ailleurs un regain de confiance à ce sujet, et me surpris à avoir presque envie d’en découdre avec lui.
    Les grands vents et la pluie revinrent le soir du départ du cortège, et le temps ne s’améliora pas durant les dix jours suivants. C’est seulement le 15 octobre, alors que nous étions à Hull depuis deux semaines, que je me rendis compte en revenant de la bibliothèque du confrère Davies que, depuis deux jours, nous n’avions eu à subir pratiquement ni vent ni pluie. J’avais passé une grande partie de mon temps à parler avec le vieux Swann, ou plutôt à l’écouter parler. Peut-être allions-nous enfin pouvoir lever l’ancre. Je pensai à Broderick. Comment se portait-il ? Voilà deux semaines qu’il végétait dans la prison de Hull.
    En rentrant à l’auberge ce soir-là, je trouvai un message qui m’enjoignait de me rendre dans la demeure du roi, où Maleverer souhaitait me voir. Il n’était donc pas encore rentré à York. Je me demandai avec angoisse ce qu’il voulait et répondis sur-le-champ à sa convocation. L’ancienne demeure de la famille de la Pole, le plus bel édifice de la ville, était un imposant hôtel particulier précédé d’une cour d’honneur. Comme toujours, le cabinet de travail de Maleverer était dominé par un énorme bureau jonché de documents – élément essentiel pour crédibiliser son image d’administrateur indispensable.
    Il planta sur moi son regard grave et fixe, tout en faisant tournoyer une plume d’oie entre ses gros doigts. « Eh bien, messire Shardlake ! déclara-t-il d’un ton brusque. Fini l’attente, nous levons l’ancre demain. Il a été enfin décidé que la mer n’était plus dangereuse. Après tout, on aurait peut-être mieux fait de rentrer à cheval, mais il était impossible de prévoir la fin du mauvais temps.
    — Vous vous rendez donc à Londres vous aussi, sir William ?
    — En effet. Je dois faire un compte rendu sur ce qui s’est passé à York et m’occuper de certains achats fonciers.
    — Je vois. » Et Rich a exercé un chantage sur Craike afin que tu puisses acquérir ces biens à bon marché, pensai-je.
    « Soyez sur le quai demain matin à dix heures. Vous, Barak, la jeune Reedbourne et le vieillard qui vous accompagne. Votre petit entourage… Vos chevaux, eux, seront ramenés à Londres par la route.
    — Nous y serons.
    — Il se peut que j’aie besoin de vous interroger à Londres, à propos de Mlle Marlin. »
    Tout n’est donc pas terminé, me dis-je.
    « Combien de jours va durer le voyage, sir William ?
    — Cela dépendra du temps. Moins d’une semaine, s’il ne se gâte pas. De toute façon, on sera de retour à Londres avant le roi…
    — Comment va Broderick ? demandai-je d’une voix hésitante.
    — Assez bien. Je lui ai fait parvenir de la bonne nourriture et l’ai menacé de le gaver à l’aide d’un entonnoir s’il ne la mangeait pas. Il engraisse joliment, comme une dinde de Noël. » Il fit un sourire, balafre blanchâtre tranchant sur sa barbe noire. « Au fait, une estafette m’a apporté une missive de Londres. Bernard Locke est passé aux aveux. Il a confirmé que Jennet Marlin obéissait à ses instructions.
    — Comment s’y est-il pris pour qu’elle exécute ses ordres ? » demandai-je d’une voix tranquille.
    Il haussa ses lourdes épaules. « Elle était assotée de lui, apparemment. Elle vous a dit la vérité : il connaissait

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