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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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sûr. » Nous commençâmes à gravir le chemin, avec précaution car le sol était tapissé de feuilles mouillées.
    « Il va nous falloir inventer une histoire pour expliquer votre aspect à Joan. On pourrait raconter qu’on vous a attaqué pour vous voler.
    — Soit. Et il faudra que je cache cette fichue menotte !
    — Je vais vous l’ôter avec mes outils. »
    Je secouai la tête. « Est-ce qu’il a plu à verse durant tout le temps que j’ai passé à la Tour ? C’est l’impression que j’ai eue.
    — Plus ou moins. »
    Je regardai les arbres dénudés. « Quand nous sommes partis pour York, l’été venait de s’achever, or maintenant c’est déjà l’hiver.
    — Vous rappelez-vous les fortes neiges que nous avons eues en novembre, il y a quatre ans ? Le froid qu’il a fait, Seigneur Dieu !
    — Je ne m’en souviens que trop ! C’est l’année où j’ai été envoyé au monastère de Scarnsea. Ma première mission officielle. Mon désenchantement vis-à-vis du roi et de toutes ses opérations a commencé à ce moment-là. »
    Nous continuâmes à avancer cahin-caha jusqu’à Fleet Bridge avant de prendre la direction de Chancery Lane. Les cheminées rouges de ma maison se profilèrent dans le ciel.
    « Nous voilà chez nous ! » m’écriai-je en poussant un soupir de soulagement, et des larmes se formèrent au coin de mes yeux.
    Peter, le marmiton, se trouvait dans le vestibule chargé d’un seau d’eau sale. Mon aspect lui fit écarquiller les yeux de stupeur. Je fourrai ma main menottée au fond de ma poche.
    « Où est Joan ? lui demanda sèchement Barak.
    — Au marché, monsieur. Mam’selle Reedbourne vient de monter un bol de bouillon à messire Wrenne. » Au moment où il prononçait le nom de Tamasin, il lança un impudent coup d’œil égrillard à Barak.
    « Y a-t-il un feu dans la salle ? lui demandai-je.
    — Oui, monsieur.
    — Alors, apporte-nous de la bière. »
    Il repartit. Je suivis Barak dans la salle et m’affalai dans mon fauteuil, près de la cheminée, en me massant le poignet.
    « Je vais chercher mes outils », dit-il. Je revis le soir où, un an plus tôt, il avait crocheté pour moi la serrure du puits des Wentworth. J’avais été un rien scandalisé à l’époque par son adresse de crocheteur. À présent, plus rien ne me choquait.
    Il travailla sur la menotte durant une demi-heure, en pure perte. « Ce foutu mécanisme est tout rouillé », expliqua-t-il.
    Je regardai cette maudite menotte, détestant ce douloureux cercle de métal plus que toute autre chose au monde. « Alors, comment allons-nous l’enlever ? Ça m’écorche le poignet, dis-je d’un ton où perçait un début de panique.
    — J’ai un ami à Cheapside qui est capable de faire sauter n’importe quelle serrure. Il est plus habile que moi et possède de meilleurs outils. » Il lançait des regards noirs à la menotte, peu disposé à reconnaître sa défaite. « Je vais aller voir s’il est là.
    — Repose-toi d’abord.
    — Non. J’y vais tout de suite. » Il finit sa chope de bière et repartit. Je me remis péniblement debout et montai lentement l’escalier.
    Giles était assis dans son lit, en chemise de nuit et en robe de chambre. Tamasin se trouvait à son chevet, ravaudant l’une de ses robes. Mon entrée la fit sursauter et tous les deux me dévisagèrent.
    « Ce n’est pas aussi grave qu’il y paraît, dis-je.
    — On vous a libéré ? demanda Giles.
    — Oui. Grâce à Barak. Je n’ai pas envie d’en parler, pas encore. Et vous, Giles, comment allez-vous ?
    — Je suis un peu plus robuste chaque jour, répondit-il en souriant. Ce voyage m’a éreinté. Comme je suis content que vous ayez été libéré, Grand Dieu ! Je me suis fait un sang d’encre. » Je fus ému par le soulagement qui se lisait sur son visage.
    « Il est mauvais malade, monsieur », dit Tamasin. Elle souriait mais, le teint pâle et les traits tirés, elle me regardait d’un air soucieux.
    « On me dit que vous avez pris grand soin de messire Wrenne.
    — C’est tout à fait vrai, approuva Giles en fixant sur elle un regard chaleureux.
    — Il n’arrête pas de se lever, bien que votre ami, messire Guy, affirme qu’il doit rester couché quelque temps encore.
    — Barak m’a en effet signalé sa visite.
    — Puis-je vous laisser un moment, monsieur ? demanda Tamasin. J’ai proposé à ma’me Woode de lui faire des courses.
    — Bien

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