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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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menotte, que je m’efforçai de dissimuler sous ma manche. La conversation du barbier tournait autour des étranges événements qui se déroulaient à Hampton Court. Les rumeurs allaient bon train, désormais. La reine aurait été arrêtée, on aurait découvert que c’était une espionne, on l’aurait trouvée au lit avec des tas d’hommes, depuis un marmiton jusqu’à Cranmer en personne. Le barbier relatait ces clabaudages avec délectation. « Ça rappelle l’époque d’Anne Boleyn ! » s’écria-t-il d’un ton joyeux. Après lui avoir rétorqué qu’il s’agissait à mon avis de simples commérages sans fondement, je poursuivis mon chemin jusqu’à Lincoln’s Inn.
    Quelle étrange sensation de passer sous le grand porche, au milieu des allées et venues des juristes, et de revoir les massifs bâtiments en brique de Gatehouse Court ! Tandis que je me dirigeais vers les bureaux de l’intendant, des personnes de ma connaissance me saluaient de la tête, mais j’étais pressé de poursuivre mon chemin et de régler l’affaire au plus vite. L’intendant ayant rejeté toute responsabilité pour l’inondation, je lui rappelai froidement les lois sur les troubles de voisinage et avant de prendre congé j’avais obtenu la promesse qu’une tranchée serait creusée dès le lendemain. Je me rendis à mon cabinet dans un meilleur état d’esprit.
    Je croisai deux avocats, qui s’arrêtèrent et posèrent sur moi un regard curieux. En retour, je me renfrognai et enfonçai la main dans la poche de ma robe pour dissimuler soigneusement la menotte.
    Skelly, mon premier clerc, travaillait à son pupitre. Il m’accueillit avec un sincère et désarmant enthousiasme, ses yeux brillant derrière ses verres de lunettes. « J’ai prié pour vous, monsieur ! s’exclama-t-il, qui étiez là-bas, au milieu de ces sauvages païens. Et vous voilà de retour ! Mais vous avez le visage enflé, monsieur.
    — J’ai mal à une dent. » En effet, elle ne cessait de m’élancer. Donc, les rumeurs concernant mon emprisonnement n’étaient pas parvenues jusqu’à Lincoln’s Inn. Cela ne saurait tarder, malgré tout. « Comment vont nos affaires ? » demandai-je. J’avais distribué mes dossiers à divers avocats en qui j’avais confiance afin qu’ils s’en occupent durant mon absence.
    « Il n’y a pas eu de réels problèmes, monsieur. Le confrère Hennessy a gagné la semaine dernière en l’affaire Cropper.
    — Vraiment ? Parfait. » Je me tus quelques instants, avant de reprendre : « Il paraît que des envoyés du Conseil privé sont venus enquêter dans les écoles à propos de la conspiration du printemps dernier.
    — Pas ici, monsieur… Peut-être à Gray’s Inn », ajouta-t-il en fronçant les narines.
    Je passai toute la matinée à m’informer de l’évolution des dossiers. Oui, pensai-je, j’ai assez de travail ici pour m’occuper à plein temps. Et, grâce à la somme promise par Cranmer, je pourrai payer l’hypothèque qui pèse sur la propriété de mon père. À la lettre du créancier hypothécaire qui me demandait quand il serait payé, je répondis sèchement qu’il n’aurait plus longtemps à attendre. Puis je me rendis à la salle à manger de l’école pour déjeuner.
    J’avais résolu d’aller à Gray’s Inn dans l’après-midi et durant le repas, je repensai à Martin Dakin. Qu’arriverait-il s’il repoussait l’idée d’une réconciliation avec Giles – ce qui n’était pas impossible, vu le tour que prenaient parfois les querelles de famille ? Une fois de plus, je me demandai si ma sollicitude envers le vieil homme était liée au remords d’avoir déçu mon père. Non, pensai-je, il est de mon devoir d’essayer de l’aider.
    Comme je me dirigeais vers le porche, j’aperçus Bealknap qui, venant de son cabinet, avançait vers moi. M’avait-il vu par sa fenêtre ? « Confrère Shardlake ! me lança-t-il d’un ton enjoué. Il paraît que depuis notre dernière rencontre vous avez connu diverses aventures. Des ennuis avec Sa Majesté à York, n’est-ce pas ? Et un séjour à la Tour. » Son regard se porta sur mon poignet droit où apparaissait la satanée menotte, qui avait à nouveau glissé. « Grand Dieu ! » se contenta-t-il de murmurer.
    « Peu de gens ont eu vent de mon séjour à la Tour ; vous tenez sans doute le renseignement de Richard Rich, puisque c’est lui qui m’y a fait enfermer.
    — Vous avez le visage

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