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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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quittée depuis. »
    Il se tut. La pluie tombait à verse, plus dru que jamais, comme si elle cherchait à traverser les murs. « Pourquoi Cecily Neville n’a-t-elle pas présenté votre père comme preuve quand, en 1483, elle a confessé sa faute ?
    — Elle n’avait aucune idée de l’endroit où il se trouvait. Mon père n’a appris la nouvelle que plusieurs mois plus tard. » Il poussa un nouveau soupir. « Cette nuit-là, mon père a été confronté à un terrible cas de conscience. Toute sa vie il avait considéré avoir commis un affreux péché en permettant à un homme d’usurper un trône auquel il n’avait aucun droit. Mon père avait dissimulé ses sentiments sous un épais vernis, comme j’ai appris à le faire. Mais quand son fils, le roi Édouard, est mort et que Richard III s’est emparé du trône, il a été fou de joie, car Richard était le fils légitime de Cecily Neville et de Richard, duc d’York, légitime héritier du trône en vertu de son sang royal. Or, Richard a été renversé et Henri Tudor s’est emparé du trône. Henri n’avait qu’un mince filet de sang royal et, afin de le renforcer, il a épousé la fille d’Édouard IV. Vous vous rappelez l’arbre généalogique ?
    — Oui. Élisabeth d’York, épouse de Henri VII et mère de Henri VIII, était en vérité la petite-fille d’Edward Blaybourne.
    — Ma nièce. Et les petits princes de la Tour étaient mes neveux, pas ceux du roi Richard. Par conséquent, ironie du sort, loin de renforcer la légitimité de son lignage, Henri VII l’avait, en fait, considérablement affaibli. Cela a énormément affligé mon père. Il pensait que son horrible maladie était un châtiment divin. » Il prit une profonde inspiration. « Il m’a fait jurer ce soir-là sur la Sainte Bible d’utiliser sa confession pour ramener sur le trône la lignée légitime, si jamais l’occasion se présentait.
    — Or vous avez attendu cinquante ans.
    — Oui ! s’écria-t-il avec une fougue soudaine, en se penchant en avant. Je n’ai rien fait pendant que les Tudors dévastaient le Yorkshire. J’ai vu le roi actuel, la Taupe – c’est bien ce qu’il est –, voler les terres et les postes des vieilles familles du Yorkshire et les remplacer par des crapules de la pire espèce comme Maleverer. Je l’ai vu détruire les monastères, pervertir notre foi et je suis demeuré à l’écart tandis qu’on clôturait la terre des paysans. Je suis resté les bras ballants, les premières années en tout cas. Et vous savez pourquoi ?… Parce que je ne croyais pas le récit de mon père ! »
    Il parlait avec une passion farouche, et je compris que le remords qu’il nourrissait à l’égard de son père le harcelait davantage que ceux que j’éprouvais vis-à-vis du mien.
    « Au début, je n’ai pas cru un aussi fantastique récit, puis j’ai décidé de rechercher la vérité, de fouiller parmi d’anciens documents interdits pour découvrir s’il pouvait s’agir d’une histoire véridique. J’ai passé de nombreuses années à dénicher de vieux livres, des manuscrits, des images. Certains d’entre eux interdits.
    — C’est donc ainsi que vous êtes devenu collectionneur et que vous avez bâti cette stupéfiante bibliothèque.
    — Oui. Et j’ai découvert que cette activité était un vrai plaisir, si bien qu’au lieu d’être une mission c’est devenu un passe-temps. La tâche a été ardue car les Tudors avaient soigneusement caché toute trace de l’héritage des York.
    — Quoiqu’ils aient toujours su, n’est-ce pas ? Le roi sait parfaitement qu’il n’a aucun droit au trône.
    — Oh oui ! Le roi et son père n’ont jamais été dupes, mais l’un et l’autre ont sans doute fini par se convaincre qu’ils étaient légitimés à le conserver. Ceux qui détiennent le pouvoir ne le lâchent pas de bon gré. Et il en a, du pouvoir, le roi ! » Il se tut quelques instants avant de poursuivre son récit.
    « Durant des années, des années entières, j’ai travaillé avec acharnement sur la question. Je suis allé à Braybourne, me suis rendu sur la tombe de mes grands-parents, ai entendu les gens du coin parler avec le même accent que mon père. Mais ce n’est qu’une décennie plus tard que j’ai découvert une copie du Titulus, dans un coffre plein de papiers mis au rebut dans la cathédrale d’York. Ensuite, j’ai trouvé un portrait de Cecily Neville, dans l’une des maisons

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