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Sarah

Sarah

Titel: Sarah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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et le faire disparaître dans la terre avide ? Même cela ne lui
était pas accordé. Ainsi que Pharaon l’avait promis : « Toi aussi, tu
souffriras de notre souvenir ! »
    Puis un matin, à son réveil, Hagar lui
annonça :
    — Abram vient monter ses tentes par
ici. Il a choisi de s’installer dans la plaine d’Hébron.
    Elle disait vrai. La plaine se couvrait de
tentes. Les troupeaux s’éparpillaient à perte de vue. Les coups des masses sur
les pieux résonnaient dans l’air. Une ville de toile naissait. Avant que le
soleil atteignît le zénith, la grande tente à bandes noires et blanches fut
dressée.
    Hagar remarqua :
    — En s’installant près de toi, Abram
te montre de la tendresse. Peut-être veux-tu que j’aille lui souhaiter la
bienvenue de ta part ?
    Saraï ne répondit pas. Ne sembla même pas
avoir entendu.
    Abram pouvait bien remplir la plaine
d’Hébron de ceux qui formaient son « peuple », à la manière dont
Eliézer de Damas était son fils. En quoi cela la concernait-il ? En quoi
cela accomplissait-il la promesse non réalisée de son dieu ? Ni son désir
de solitude ni son indifférence n’allaient en être ébranlés.
    De même lorsque Abram envoya trois jeunes
servantes près d’elle, afin qu’elle soit mieux servie.
    — Vous pouvez retourner d’où vous
venez, leur dit-elle simplement. Hagar me sert bien et me suffit.
    Abram envoya alors des paniers de fruits,
des agneaux à rôtir, des oiseaux, des lais de lin ou des tapis pour l’hiver.
Saraï refusa ces présents comme elle avait refusé les servantes. Mais, cette
fois, Abram ignora son refus et ordonna que ses présents soient rapportés et
déposés devant sa tente.
    Déroulant les tapis au pied de la couche de
Saraï, Hagar soupira avec envie.
    — Tu m’enseignes quelque chose :
voilà une bonne manière de s’assurer que son époux se languit et vous traite
bien !
    Saraï s’agaça de cette remarque. Elle
bavarda moins avec Hagar, prit l’habitude de monter, à l’approche du
crépuscule, sous les falaises blanches qui dominaient la plaine, au sommet de
la colline de Qiryat-Arba.
    Là, sa solitude était vraiment pleine et
entière. Tout ici était calme. Les jours de printemps, les ruisseaux coulaient
en cascade, le soleil soulevait les parfums des buissons de sauge et de
romarin. En bas, dans la plaine, si elle en avait la curiosité, Saraï suivait
l’agitation du campement. Parfois, d’entre toutes les autres, elle distinguait
une silhouette qui marchait plus vite, plus loin. Elle ne doutait pas qu’il
s’agisse d’Abram.
    À cet instant, le plus souvent, elle détournait
les yeux pour observer les oiseaux ou le lent mouvement de l’ombre.
    *
    * *
    Un jour Hagar annonça :
    — On dit que la guerre menace ceux qui
sont installés sur les villes du Jourdain, à Sodome et Gomorrhe. Là où vit ton
neveu Loth. On dit que ceux de Sodome sont devenus si riches que les rois des
alentours en sont jaloux et veulent s’approprier ces richesses.
    — Comment le sais-tu ?
    — J’ai rencontré Éliézer en allant
chercher des outres neuves pour le lait. C’est un homme, maintenant. Bien qu’il
soit encore jeune, il siège au côté d’Abram dans la tente à rayures blanches et
noires. Il apprend à être un chef.
    — C’est lui qui te l’a dit ?
    — Oui. Mais les femmes d’en bas m’ont
assuré que c’était vrai. On raconte qu’il apprend vite et qu’il aime ça.
    — Je n’en doute pas, fit Saraï.
    — Il est plaisant à voir. Les filles
rient dans son dos et se chamaillent pour qu’il les remarque. Et lui est comme
un jeune bélier tout fier de ses cornes neuves.
    Hagar laissa rouler son rire. Elle feignait
de se moquer, mais sa voix trahissait son excitation.
    — Je sais que tu ne l’aimes pas,
admit-elle. Je ne réponds pas à ses regards, mais je sens que je lui plais. Et
moins je le regarde, plus je lui plais.
    — Bien sûr que tu lui plais !
Quels sont les hommes à qui tu ne plais pas ?
    Elles rirent ensemble. Puis Saraï ajouta
avec sérieux :
    — Éliézer est un tricheur. Ne te
laisse pas abuser. Ne crois pas qu’il conduira un jour le peuple d’Abram.
Jamais cela n’arrivera.
    — Et pourquoi ?
    — Parce que jamais il n’en sera digne.
    Hagar lui jeta un coup d’œil de biais, et
pendant un moment elle s’occupa en silence, la mine boudeuse. Saraï s’approcha
d’elle, lui caressa la nuque, posa la tête sur son épaule.
    — Ne

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