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Sarah

Sarah

Titel: Sarah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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femme-ouverte, mentit Saraï
d’une voix enrouée.
    Les yeux de la kassaptu, à peine
visibles entre les plis de ses paupières, demeurèrent fixes un instant. Saraï
craignit qu’elle devine la vérité, mais Kani Alk-Nàa demanda seulement :
    — Bien. Et depuis quand le lait de
l’homme est-il dans ton ventre ?
    — Il y a… presque une lune.
    — Mmm. Tu aurais dû venir plus tôt,
grogna la vieille en déployant son corps malingre.
    Un bref instant elle fouilla dans ses
paniers puis tendit à Saraï cinq petits paquets d’herbe enveloppés dans des
feuilles de roseau sèches.
    — Voici ton herbe de sécheresse.
    — C’est pour combien de fois ?
demanda Saraï sans oser lever les yeux.
    — Combien de fois ton sang va
s’arrêter ? Cela dépend des femmes. Deux lunes, peut-être trois, car tu es
jeune. Tu verras. Dépose chacun de ces paquets dans un silà d’eau
bouillante, sans les ouvrir, et laisse les macérer la moitié d’un jour.
Ensuite, retire les paquets et bois l’infusion en trois fois, entre le zénith
et le crépuscule. Ainsi, tu commences à l’aube et tu as fini le soir. Fais
comme je te dis, fille de Puissant, et tout ira bien.
    *
    * *
    Saraï avait deviné juste. Elle retrouva
Sililli terrée dans sa chambre, en larmes, glapissant de reproches, de
soulagement, de fureur et de tendresse. Cependant, si grande avait été sa
frayeur, elle s’était tue. Nul dans la maison ne savait que Saraï avait disparu
depuis le matin.
    — J’ai raconté que tu étais malade.
Une grosse maladie du ventre, et que je t’avais donné des herbes pour dormir.
Qu’il ne fallait pas te déranger pour que les herbes te fassent du bien. Que
tous les Puissants du ciel me pardonnent, j’ai proféré des mensonges depuis le
matin !
    — Mais non. Tes herbes me font
toujours beaucoup de bien ! Demain ils me verront, je serai debout, et ils
diront que Sililli est la plus habile servante des herbes de toute la
ville !
    Le compliment et la promesse que Saraï se
montrerait le lendemain dans toute la maisonnée brouillèrent les larmes de
Sililli d’un sourire. Cependant, elle ne tarda pas à reprendre ses
plaintes :
    — Tu me feras mourir, ma fille !
Tu me feras mourir ! De la main de ton père, avec tous les scorpions de sa
colère ! Ou ce seront les dieux qui m’arracheront le cœur pour mes
mensonges !
    — Ce n’est qu’un tout petit mensonge,
se moqua amèrement Saraï. Presque la vérité.
    — Ne blasphème pas, je t’en
prie ! Pas un jour comme aujourd’hui.
    Et, d’une voix si basse que l’on percevait
à peine ses mots, elle en vint enfin à la question qui la travaillait :
    — Tu étais avec lui ? Avec le mar.Tu ?
    Saraï hésita à dire la vérité. Mais elle
songea aux petits paquets de la kassaptu qui grattaient sa peau sous la
ceinture de sa tunique. Elle mentit à nouveau. Après tout, que pesait un
mensonge de plus ?
    — Non, je suis allée au grand temple
d’Inanna. Je voulais faire des offrandes et demander la protection de la
Toute-Puissante afin que mon père fasse un bon choix pour celui dont je serai
l’épouse.
    — Au grand temple ? Tu étais
là-bas ?
    — Il faut me préparer. Je ne veux plus
avoir peur.
    — Sans me le dire ? Sans me
prévenir, alors que tu sais que ton père t’a interdit de quitter la
maison ?
    — L’envie m’est venue alors que tu
dormais encore. Tout le monde dormait, même mon père. Et je voulais y être
seule devant la sainte Inanna.
    Sililli hocha la tête en gémissant :
    — Tu me feras mourir, ma fille !
Tu me feras mourir !
    Saraï trouva la force de sourire, de
l’enlacer, la serrant contre elle, joue contre joue, jusqu’à ce que Sililli
abandonne ses questions avec un soupir résigné.
    — Enfin, tu es là, et il faut bien
mourir un jour. Toutefois, elle ne quitta plus Saraï des yeux. Elle se
réveillait la nuit pour s’assurer que la fille d’Ichbi Sum-Usur ne s’était pas
envolée. Tant et si bien que Saraï ne put préparer l’herbe de sécheresse que
peu de temps avant de se rendre une fois de plus à la chambre rouge. Et encore
ne put-elle suivre à la lettre les instructions de Kani Alk-Nàa.
    Après avoir détourné de la cuisine une
cruche d’eau bouillante, elle y trempa les cinq paquets d’herbes et dissimula
le tout dans le jardin. Toutefois, la surveillance de Sililli ne lui permit pas
de venir boire l’infusion aussi vite qu’elle le voulait. Ce n’est que le

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