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Sarah

Sarah

Titel: Sarah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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Une obscurité immense et accueillante. Elle fut
heureuse d’y disparaître.
    Elle n’entendit pas le hurlement de Sililli
qui réveilla toute la maison d’Ichbi Sum-Usur.
    *
    * *
    Jusqu’au retour du jour ils la crurent
morte.
    Sililli emplit de pleurs la cour des
femmes. Ichbi Sum-Usur fit éteindre tous les feux. Cloîtré dans le temple de la
maison, il se prosterna devant les statues de ses ancêtres avec une ferveur qui
stupéfia son fils aîné. Kiddin découvrit avec une déception mêlée de dégoût les
larmes qui coulaient sur les joues de son père. Quand il le vit s’allonger sur
le sol et renverser sur sa noble chevelure une coupe de cendres froides, il
songea que les dieux possédaient une sagesse sans bornes : ils avaient
retiré du monde cette sœur incapable de se plier aux lois et aux devoirs des
femmes. Une sœur mal née qui attirait les souillures démoniaques. Mais qui
faisait fondre le cœur d’un père trop pusillanime. Eût-elle vécu encore
quelques années que lui-même, tout autant que son père, serait devenu la risée
d’Ur.
    Un peu après l’aube, Égimé poussa un
cri :
    — Saraï est vivante ! Elle est
vivante, elle respire !
    Elle le répéta jusqu’à ce qu’Ichbi Sum-Usur
se précipite dans la cour des femmes et qu’un silence ébahi s’ensuive.
    Remplaçant Sililli incapable d’approcher le
cadavre de celle qu’elle considérait comme son enfant, Égimé avait entrepris de
laver, purifier et vêtir Saraï pour son voyage dans l’obscurité des morts. Mais
un doute avait suspendu ses gestes.
    — Elle n’est ni froide ni raide,
expliqua-t-elle. Et même, par endroits, sur son ventre elle est encore
brûlante. J’ai posé la main sur sa poitrine, j’ai écouté sa bouche : elle
respire.
    Comme ils se tenaient devant le corps
inerte de Saraï sur son beau lit d’épouse, Égimé les prit à témoin. Elle
approcha des lèvres craquelées de sa nièce une plume de colombe au fin duvet.
Le duvet frissonna. Il ploya avec une lente régularité, dans un sens puis dans
l’autre. Cela ne laissait aucun doute. De l’air entrait et sortait du corps de
Saraï.
    — Elle vit. Elle dort, assena Égimé.
    Sililli eut un glapissement de brebis que
l’on abat et s’effondra sur le sol. Ichbi Sum-Usur fut secoué d’un long rire
nerveux qu’il réprima avec difficulté malgré les regards hargneux de Kiddin.
Quand il y parvint, il ordonna que l’on rallume tous les feux, que l’on brûle
cent silà de copeaux de cèdre et que les jeunes tantes de Saraï se
purifient et se rendent au grand temple d’Inanna pour y offrir, en son nom, un
demi-troupeau de petit bétail.
    À l’heure du zénith, Saraï dormait
toujours. Elle dormait encore au crépuscule. Sililli, qui veillait ce sommeil
obstiné comme un pot de lait sur les braises, se tourna vers Égimé.
    — Ce n’est pas possible. Elle ne dort
pas.
    — Si. Je sais ce qu’il s’est passé. La
punition est enfin venue. Les dieux de celui qui devait devenir son époux ont
réclamé justice à Ereshkigal. Celui-ci a envoyé Pazzuzzu, son grand démon, pour
la prendre cette nuit. Il l’a entraînée en enfer. Mais Saraï a dû trouver le
moyen de l’émouvoir. Tu sais comme elle est. Le démon a fini par la relâcher.
Elle est revenue si épuisée qu’il lui faut dormir des heures.
    Sililli prit le temps de réfléchir avant de
secouer la tête.
    — Peut-être est-ce ainsi que les
choses se sont passées… Pourtant, Pazzuzzu l’a-t-il relâchée pour qu’elle
dorme ?
    — C’est bien ce qu’elle fait.
    — Non. Je sais ce qu’est dormir. On
bouge, on agite les membres. Elle, elle n’a pas frémi depuis ce matin.
    — Ça va venir, répliqua Égimé avec une
pointe d’agacement. Le sommeil du retour des enfers est différent du sommeil
ordinaire.
    — Ce n’est pas un sommeil du
tout ! s’obstina Sililli. C’est sa maladie qui continue. Voilà ce que je
pense.
    — Elle dort. Peu importe ce que tu
penses.
    — Et pourquoi cela ? Moi,
Sililli, je suis sa mère de demi. Sa vie est ma vie ! Elle fait partie de
moi autant que si elle était sortie de moi.
    — Parlons-en ! Nous avons tous pu
admirer la sagesse que tu lui as enseignée !
    D’un mot à l’autre, les deux femmes se
disputèrent bientôt si violemment qu’on dut les séparer. Égimé quitta la
chambre de Saraï, emportant avec elle une fureur qu’elle déversa sur tous ceux
qui l’approchaient.
    Seule devant le mince

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