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Sarah

Sarah

Titel: Sarah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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Tsilla.
    Saraï entra sous la tente recouverte du
châle de la vie. Son cœur battait jusqu’à ses lèvres. À travers les mailles
lâches, dans les lumières des lampes, elle voyait le visage plein de désir
d’Abram.
    Les cuisses et le ventre douloureux de son
propre désir elle tourna autour de lui. Trois fois dans un sens, trois fois
dans l’autre. Puis s’immobilisa. Elle entendait le souffle d’Abram malgré les
rires et la musique de la flûte à l’extérieur.
    Il s’approcha et dit son nom :
    — Saraï, ma bien-aimée.
    Il s’approcha encore et à travers le châle
posa un baiser sur ses lèvres. Saraï se mit à trembler.
    Abram saisit le rebord du châle, le souleva
sans qu’elle fît un geste. Ils se regardèrent pendant que sa main se levait
jusqu’à la tempe de Saraï, que ses doigts glissaient le long de sa joue, sur sa
nuque. Elle cessa de trembler. Il sourit.
    Il fit glisser sa robe, la mit nue. Il
recula comme s’il craignait de la toucher. Une plainte passa sa bouche. Sa
tunique tomba d’un coup. Et lui aussi fut nu, le sexe brandi.
    Saraï leva la main pour poser ses doigts
sur la peau si fine à la naissance du cou. Le sang y battait si fort que ses
doigts tressaillirent. Abram haletait, frissonnant sous la caresse. Saraï
sentit son sexe frapper à petits coups contre son ventre. Alors ses genoux
plièrent. Abram s’allongea avec elle sur les tapis, ses lèvres sur les siennes,
partageant le même souffle, la même plainte de bonheur. Et ce baiser qui enfin
la protégerait jusqu’au dernier de ses jours.

 
Troisième partie

Harran
     

 
Les larmes de Saraï
    Longeant l’Euphrate, la tribu de Terah
remonta vers sa source en suivant la route du commerce avec les barbares du
nord. Ils avançaient lentement afin que les troupeaux paissent avec régularité,
sans s’épuiser. Chaque nuit, le bonheur de Saraï et d’Abram fut aussi brillant
que le feu des étoiles. Saraï se plia à la simplicité et aux obligations de la
vie des mar.Tu avec une aisance qui stupéfia Terah lui-même. En moins
d’une saison, celle qui avait été fille de Puissant et Sainte Servante
d’Ishtar, toujours entourée d’esclaves et de serviteurs prêts à exaucer ses
moindres caprices, mangeant et buvant ce que d’autres mains préparaient pour
elle, abandonna les toges aux ourlets d’or, les bijoux somptueux, les
maquillages et les coiffures savantes sans montrer le moindre regret. Avec
autant de naturel que les femmes nées sous les tentes, elle revêtit une modeste
tunique, noua une tresse de laine rouge et bleue dans ses cheveux et dormit
sous la tente. Avec la même facilité, elle apprit à broyer les céréales, cuire
la viande et les pains ou préparer la bière. La seule chose qu’elle conserva de
son ancienne vie fut son adresse, acquise auprès de ses tantes, à carder et à
filer finement la laine pour la teinter de poudre, à la grande admiration des
autres femmes du campement.
    Bientôt ils quittèrent le royaume d’Akkad
et de Sumer, avec ses villes puissantes et riches mais si méprisantes pour les mar.Tu. À l’approche des montagnes du nord, ils croisèrent des marchands d’Ur.
Saraï apprit la mort de Kiddin, massacré par les Gutis alors qu’il
défendait les murs de la ville. Elle songea à la peine de son père, Ichbi
Sum-Usur, qui rêvait de la gloire de son fils. Elle songea aux rues d’Ur, à la
maison de son enfance envahie peut-être par les barbares. Mais sa tristesse ne
dura pas. Son enfance était déjà si loin et le regard d’Abram la protégeait de
tout !
    Elle découvrit la neige, le froid, les
jours entiers sous les peaux de mouton, où elle oubliait la glace du dehors en
faisant l’amour avec Abram jusqu’à ruisseler de sueur. Jamais son époux ne
s’étonnait que sa semence n’arrondisse pas le ventre de son épouse. Jamais il
ne montrait d’impatience à avoir un fils ou une fille. Rien ne parvenait à
amoindrir le bonheur qu’ils éprouvaient à l’aube de chaque jour en se
découvrant côte à côte.
    Le malheur arriva d’un coup, un après-midi
gris et glacé. Afin de raccourcir leur marche, et malgré les avertissements de
son père, Harân voulut traverser une rivière à un gué incertain. Un chariot
transportait son fils Loth et son épouse Havila, ainsi que de lourds paniers de
grain. Le froid était si intense que la glace recouvrait les pierres émergées.
Les roues glissèrent sur un rocher, s’effondrant dans un trou. Aussi

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