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Sarah

Sarah

Titel: Sarah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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Puis leur
jeu les entraîna plus bas, près de la rivière, de l’atelier et du four de
Terah. Ils disparurent derrière le mur de brique d’où s’échappait en permanence
de la fumée. Saraï songea à les rappeler, mais il était bien trop tard pour
qu’ils l’entendent et elle n’avait aucune envie de leur courir après.
    Elle jeta un regard aux femmes qui
s’activaient autour d’elle, lavant les tissages neufs ou les pressant avec des
pierres pour les essorer et les assouplir. L’une d’elles lui sourit et agita la
main en direction de la rivière :
    — Laisse-les faire, Saraï. S’ils
dérangent Terah, il saura bien les éloigner !
    — Il mettra leur balle dans son four
et nous serons bonnes pour leur en fabriquer une nouvelle ! lança une
autre.
    Elles reprirent leur travail, frappant les
toiles et les tapis au rythme des chansons qu’elles fredonnaient. Soudain, les
cris des enfants se firent plus aigus, suivis d’un silence suspect. Toutes les
femmes relevèrent la tête. Se massant les reins, l’une d’elles soupira :
    — Ils se sont encore battus !
    Loth apparut à l’angle de l’atelier de
Terah, seul. Se tenant le visage entre les mains, vacillant comme un ivrogne,
il commença à remonter la pente. Saraï releva le bas de sa tunique et courut à
sa rencontre. À mi-hauteur de la pente, juste avant qu’elle le rejoigne, Loth
tomba à genoux dans l’herbe. Le sang perlait entre ses doigts et coulait jusque
dans son cou. Saraï lui écarta les mains : une vilaine coupure allait de
sa tempe jusqu’à la masse touffue de ses cheveux. De la poudre de brique
s’était incrustée dans la plaie. En vérité une plaie sans profondeur ni gravité
mais qui saignait abondamment.
    — Tu as failli te fendre la
tête ! s’exclama Saraï. Ça fait très mal ?
    — Pas trop, répondit Loth d’une voix
blanche.
    Il faisait des efforts pour ne pas pleurer
mais tremblait comme une feuille.
    — Ils m’ont poussé sur les tas de
poteries cassées derrière l’atelier de grand-père.
    Maintenant, le sang inondait sa joue et
glissait sous sa tunique. Saraï défit prestement sa ceinture pour lui en
entourer la tête. Au-dessus d’eux une femme demanda :
    — Tu as besoin d’aide ?
    — Non, cria en retour Saraï. Ce n’est
pas bien grave. Juste une coupure. Sililli doit avoir des herbes.
    Du bas de sa tunique elle essuya le visage
de Loth du mieux qu’elle pouvait. Sous ses caresses, il ne put retenir ses
larmes mais sa bouche frémissait de fierté et de colère.
    — Ils étaient tous contre moi !
Pas un pour être de mon côté !
    Saraï posa ses lèvres sur sa joue et
murmura :
    — C’est parce que tu es le plus fort.
S’ils ne se mettaient pas tous ensemble pour te battre, ils ne gagneraient
jamais.
    Loth l’observa en reniflant, l’œil noir et
sérieux. Le sang rougissait de plus en plus le bandage et lui donnait
l’apparence d’un petit guerrier de retour du combat.
    — Je suis fière de toi, affirma Saraï.
    Loth grimaça un sourire. Il glissa ses bras
sous la tunique qu’elle tenait toujours relevée et se serra de toutes ses
forces contre ses cuisses dénudées.
    — Allons sous la tente, dit-elle en se
détachant avec douceur.
    *
    * *
    Sililli, bien sûr, poussa des hauts cris en
les voyant arriver. Cependant, un peu plus tard, Loth, lavé et changé, arborait
un gros bandage retenant un emplâtre de glaise et d’herbe pilées.
    — Ne retourne pas te battre, mon
garçon ! ordonna Sililli en pointant un doigt autoritaire sur sa poitrine.
Le bandage doit rester en place jusqu’à demain. Sinon, je te laisse saigner
comme le petit goret que tu es !
    Loth haussa les épaules et répliqua avec
aplomb :
    — C’est pas grave, Saraï me soignera,
elle. Enlaçant Saraï tandis que Sililli jouait l’offusquée, il ajouta :
    — J’aime bien quand tu me soignes. Tu
es aussi douce avec moi qu’avec mon oncle Abram.
    Saraï rit doucement, émue, et piqua de
menus baisers le cou du jeune garçon avant de le repousser.
    — Écoutez-moi ça, ce petit homme
gourmand ! fit Sililli en lui appliquant une tape sur les fesses.
    Loth sautilla jusqu’à l’ouverture de la
tente. Sur le seuil, dans la pleine lumière, il se retourna pour lancer :
    — C’est quand tu me soignes, que je
sais que tu es vraiment comme ma mère.
    Saraï, les yeux brusquement embués, lui fit
signe de disparaître. Elle se mit à ranger nerveusement les sacs d’herbe et

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