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Satan à St Mary le bow

Satan à St Mary le bow

Titel: Satan à St Mary le bow Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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lits, une couronne de myrte sur la tête et une coupe débordante de vin rouge à la main. Malgré le peu de lumière, Corbett fut étonné par le réalisme cru des fresques et observa les clients avec curiosité. Ils n’étaient pas nombreux et tous, comme lui et Ranulf, portaient cape et capuchon rabattu pour dissimuler leur identité. Attablés par deux, ils conversaient à voix basse ou parlaient doucement aux jeunes garçons qui leur apportaient le vin et la bière tirés de grosses barriques rangées au fond de la pièce. Ces jouvenceaux, choisis pour leur beauté et vêtus de surcots courts et bouffants et de chausses moulantes et multicolores, plaisaient fort à la clientèle, surtout lorsqu’ils passaient entre les tables en ondulant des hanches et en faisant admirer leurs longs cheveux bouclés et coiffés comme ceux des filles.
    Corbett sentit Ranulf le tirer par la manche : il était resté bouche bée et d’autres clients descendaient l’échelle et le bousculaient pour passer. Il suivit Ranulf à une table dans un recoin et commanda du vin à un adolescent qui minauda et lança des oeillades à Ranulf avant de s’éloigner d’un pas maniéré. Corbett était abasourdi. Il avait entendu parler de ces auberges et cabarets clandestins, mais n’y était jamais venu. Cela semblait n’être qu’une simple taverne, mais il savait qu’il se trouvait dans un établissement de prostitués et que tous les clients couraient des risques terribles en cas d’arrestation, une humiliation publique suivie d’une mort longue et atroce, ce qui expliquait l’allure furtive de la clientèle et le caractère secret de leurs lieux de rencontre.
    Ranulf paraissait détendu et plus à l’aise, habitué qu’il était à vivre hors la loi et à jouer quotidiennement au plus fin avec les autorités. Ranulf saisit par la manche le serviteur qui avait apporté du vin et chuchota un nom. L’adolescent se rembrunit et fit la moue, mais prit les quelques pièces que Corbett posa sur la table et s’éloigna d’un pas nonchalant. Peu de temps après, un autre garçon s’approcha et s’assit sur un tabouret en face d’eux. Ses cheveux, couleur de blé mûr, encadraient un visage efféminé en forme de coeur, de longs cils, des joues pâles et de petites lèvres rouges. Malgré sa gaieté factice, Corbett perçut la peur dans les yeux fardés au khôl et sentit la pitié l’envahir devant les traits ravagés de ce jeune de seize ou dix-sept printemps au regard de vieillard.
    — Je m’appelle Simon, susurra le jeune homme. On m’a dit que vous vouliez me parler.
    Corbett se pencha et répliqua doucement :
    — C’est surtout Lawrence Duket qui te parlait !
    La terreur qui se lut dans le regard du jeune garçon fut presque tangible et il se serait levé d’un bond si Corbett n’avait agrippé son bras et murmuré d’une voix rassurante qu’il était l’ami de Duket et ne lui voulait aucun mal.
    — Qu’est-il arrivé à Duket 9 demanda Corbett à voix basse. Pourquoi est-il mort ? Il a été assassiné, n’est-ce pas ? Raconte-moi tout : je peux te protéger et traîner ses meurtriers devant la justice.
    Simon regarda Corbett en se mordant les lèvres et en ravalant ses larmes. Il voulait parler, mais ne put qu’incliner la tête en signe d’assentiment. Corbett attendit que l’adolescent relève son visage baigné de larmes et murmure :
    — Ils l’ont tué.
    — Qui ?
    La voix de Corbett était rauque.
    — Ceux en noir, ceux qui avaient un masque et le capuchon rabattu ; leurs chefs étaient un géant et un nain, répondit doucement Simon. Ils ont remonté la nef comme s’ils ne touchaient pas terre. Il n’y a eu aucun bruit. Ils se sont simplement saisis de lui, ils ont déplacé la cathèdre et ensuite ils l’ont pendu. L’adolescent s’essuya le visage de la manche de sa cotte et jeta un coup d’oeil rapide autour de lui :
    — Je ne sais pas d’où ils venaient ni où ils sont allés ensuite, se dépêcha-t-il d’ajouter. Ils devaient sortir de l’Enfer. Pas un bruit, pas une parole.
    Ses grands yeux écarquillés dévisagèrent Corbett.
    — Et Lawrence n’a pas dit un mot. Pourquoi ? demanda-t-il avec des sanglots dans la voix.
    — Comment le sais-tu ? interrogea Corbett, essayant de calmer les battements de son coeur surexcité.
    — J’étais là, répondit Simon. J’ai pénétré dans l’église au début de l’après-midi. Je suis passé par une petite

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