Satan à St Mary le bow
se présenta comme étant Sir Edward Swynnerton, connétable de la Tour. Corbett, à son tour, présenta Ranulf et lui-même, montra le document du chancelier et expliqua brièvement la raison de sa venue. Le connétable jeta un regard dur à Corbett et parut sur le point de protester, mais il se contenta de gratter ses cheveux gris et d’ordonner à un garde de conduire Corbett et Ranulf dans une chambre inoccupée de la Tour Blanche.
Là, Ranulf, épuisé d’avoir tant marché, se recroquevilla sur sa paillasse et s’endormit pendant que Corbett allumait les deux chandelles de la pièce pour lire la missive que lui envoyait Burnell dans le sac de cuir de la chancellerie. Elle était écrite de la main même du chancelier :
Robert Burnell, évêque de Bath et de Wells et chancelier d’Angleterre, à notre bien-aimé et loyal clerc, Hugh Corbett, salut ! Nous avons bien pris connaissance de votre lettre. Je crois que cette missive et les renseignements qu’elle renferme vous seront utiles.
Primo : le dessin du pentacle trouvé chez Ralph Crepyn (nous ne demanderons pas de quelle façon vous vous l’êtes procuré !) ne nous est pas inconnu. Le pentacle est un signe utilisé en magie noire. C’est souvent le magicien ou le sorcier qui le trace sur le sol ou la table comme symbole de protection lorsqu’il appelle Satan ou un autre personnage diabolique. Bien sûr, il y a une différence entre appeler les maîtres du Royaume des Ténèbres et les faire venir en réalité. Cependant, ceux qui s’adonnent à la magie noire et pratiquent les sciences occultes sont une menace pour notre Sainte Mère l’Église et par conséquent une menace encore plus grande pour la sécurité du Trône. Il n’y a aucun doute que parmi les membres du Pentacle se trouvent des partisans des radicaux qui partagent les idées de feu Montfort.
Deuzio : le père de Simon de Montfort était un croisé qui combattit en Palestine et ailleurs en Orient. Il fut à la tête de la croisade contre les albigeois du midi de la France, dont on dit que les pratiques hérétiques et ésotériques étaient liées à la nécromancie et à la sorcellerie. Je vous précise cela pour vous montrer le rapport entre la rébellion et ceux qui pratiquent la magie noire et qui ont pour nom secret « le Pentacle ». Bien que les Montfort eussent été des croisés convaincus, il n’y a pas de doute qu’ils aient pu être contaminés par les maladies mêmes qu’ils essayaient de vaincre.
Une de ces maladies était le culte des Assassins, secte musulmane clandestine dont le quartier général se trouve dans la forteresse imprenable d’Alamut, dans la vallée de Kazvin en Perse. Ils sont dirigés par leur chef, le Vieux de la Montagne, qui commande un réseau de places fortes dans toute la Perse et même en Terre sainte. Il est à la tête de terroristes fanatiques qui assassinent par traîtrise. Apparemment, la famille de Montfort a été initiée à ce culte et a peut-être adopté quelques-unes de ses pratiques. Le meurtre par des adeptes de la magie noire d’un roi couronné et oint n’est pas, comme vous le savez, une nouveauté en Angleterre. On a suggéré que ce sont eux qui tuèrent Guillaume II le Roux {24} dans la New Forest ; Richard I e {25} r peut avoir été leur victime et d’autres tentatives avortées furent faites sur la personne de feu Henri III, père du roi actuel.
Les Montfort utilisaient ces méthodes, sans aucun doute. Après que Simon eut été tué, il y a près de vingt ans, Guy, son fils, s’enfuit à l’étranger. Ce n‘est peut-être pas une coïncidence si notre roi, pendant sa croisade en Palestine, fut l’objet, dans sa propre tente, d’une tentative d’assassinat par poignard empoisonné. Notre roi ne fut sauvé que grâce aux soins rapides et dévoués de son épouse et de ses médecins. Le cousin du roi, Henri d’Allemagne, en route vers la Palestine, se rendit à Viterbe en Sicile et alla à la messe dans la cathédrale le 13 mars 1271. Guy, le fils de Simon de Montfort, méprisant le caractère sacré du lieu et du jour, poignarda Henri devant le maître-autel.
Tertio : la seule signification de la date du 30 avril 1283, c’est que c’est une des grandes fêtes des fidèles de Satan et probablement le jour où se rassemble le Pentacle. Le fragment de parchemin fixait certainement le rendez-vous et est la preuve suffisante que Crepyn était membre de cette secte. Ce qui importe, c’est de
Weitere Kostenlose Bücher