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Satan à St Mary le bow

Satan à St Mary le bow

Titel: Satan à St Mary le bow Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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pièce, indiquait l’homme qui applique à la lettre les consignes. Swynnerton lui frappa sur l’épaule.
    — John Neville, je vous présente notre hôte, Messire Hugh Corbett, clerc à la Cour royale de justice. Corbett sentit Neville le toiser et le jauger tranquillement.
    — Vous êtes-vous jamais battu, Messire ? demanda le capitaine d’une voix claire et autoritaire.
    — Oui, répondit Corbett. J’ai vu le combat de près, dans le pays de Galles lorsque le roi pourchassait les princes gallois par monts et par vaux. C’est une expérience que je n’oublierai pas, mais que je ne tiens pas trop à renouveler, à parler franchement.
    Neville grimaça un sourire, dévoilant des dents jaunes et abîmées.
    — C’est ce que je pensais. Je me targue d’être capable de distinguer ceux qui ont combattu de ceux qui ne l’ont pas fait. Je trouve simplement bizarre de voir en tenue de clerc un homme que je juge être un combattant.
    — Messire Corbett, coupa Swynnerton, n’est pas là pour combattre, mais pour nous demander d’agir à sa place. Faites tout ce qu’il vous dit !
    Sur ce, Swynnerton sortit et Corbett comprit alors que le connétable matois avait paré à toute éventualité : si Bellet était arrêté et faisait, par la suite, entendre ses protestations, Swynnerton pourrait affirmer qu’il n’y était pour rien ; et si Bellet était arrêté et que les accusations de Corbett s’avéraient exactes, Swynnerton pourrait alors profiter de la gloire acquise. Admirant l’habileté avec laquelle le connétable s’était débarrassé de lui, Corbett prit Neville par le bras et lui révéla calmement ce qu’il désirait qu’il fît.
    Ensuite, Corbett aurait bien voulu quitter la Tour pour rejoindre Alice, mais, comme il le confessa à Ranulf une fois de retour à sa chambre, il avait trop peur de courir les rues de Londres. Il aurait très bien pu, à la place du jeune Simon, être celui qui gisait, la gorge tranchée, près de St Katherine. Ranulf apprit la mort de l’adolescent avec la même indifférence que lui avait vue Corbett le jour où il l’avait choisi parmi les condamnés de Newgate. La mort était dans l’ordre des choses, c’était un risque quotidien, un hasard inhérent à sa profession, mais cela ne l’empêchait pas de penser, lui aussi, que Corbett devait rester à la Tour. Corbett s’aperçut également qu’il ne pouvait pas partir avant que Neville revînt avec le prêtre et le mît à la question. Il frissonna à cette évocation. Bellet serait amené dans les salles souterraines de la Tour Blanche et abandonné aux bons soins des bourreaux et à leur habileté professionnelle pour extorquer des renseignements aux plus récalcitrants.
    Corbett attendit des heures à la fenêtre, jusqu’à ce que Neville et sa compagnie d’archers amènent dans la cour le prêtre, les poings liés. Corbett ne descendit pas à leur rencontre, mais d’où il était, il voyait que le prêtre, malgré ses protestations et sa colère, était terrifié. Bellet et son escorte disparurent dans le profond escalier menant aux salles souterraines. Corbett se doutait qu’il lui faudrait attendre. Il écrivit un petit mot à Alice et envoya Ranulf le porter, lui enjoignant de dire qu’il était en sécurité, mais sans révéler l’endroit où il se trouvait. Il savait que la possession de ce renseignement l’aurait mise, elle aussi, en danger. Puis il s’enveloppa dans sa cape et s’étendit sur son lit en attendant que Neville le fît appeler.
    La nuit était tombée depuis peu lorsque Corbett fut tiré de son mauvais sommeil par Neville qui le secouait sans ménagement par l’épaule.
    — Venez, Messire, murmura-t-il d’une voix rauque. Il vaut mieux que vous soyez avec nous, maintenant. Corbett se leva, se soulagea dans la chaise percée dans un coin de la pièce, se lava mains et visage dans une bassine d’eau froide puis, après s’être essuyé sur sa cape, suivit Neville vers les cachots. Le soldat le conduisit par l’escalier long et étroit que le prêtre avait descendu quelques heures auparavant. Puis Neville tourna à droite, contournant la Tour pour s’arrêter à la hauteur d’une petite porte située à la base d’une tourelle. Ils entrèrent et Corbett eut l’impression de pénétrer dans l’antichambre de l’Enfer. Ils étaient dans une pièce froide et humide, au plafond très bas, où frémissait et tremblait la lueur de torches fichées dans des

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