Sedan durant la guerre de 1914 à 1918
infligé ( sic ) une amende de 500.000 marks, et que la part contributive de Sedan était de 40.000 marks.
C’était inique, monstrueux, le fait incriminé ne s’étant pas produit sur le ban même de Sedan, la Ville ne pouvait ni ne devait logiquement ni en droit en être rendue responsable. Le Conseil ne manqua pas de le faire observer ; mais les Allemands prouvèrent une fois de plus que pour eux la force prime le droit : confisquant 50.000 francs de bons communaux qu’ils devaient à la Ville, ils se livrèrent à un tour d’escamotage assez curieux pour être conté par le menu; c’est ce que nous faisons ailleurs ( 32 ).
Le récit d’une bonne action et d’une mesure de stricte équité nous reposera-t-il quelques instants de toutes ces vexations, de toutes ces injustices ?
L’acte charitable est de M me P . Devin qui fait le louable abandon à la ville d’une coupe de bois à elle appartenant sur le territoire de Floing, pour le chauffage soit de l’hospice, soit des pauvres de Sedan.
Et la mesure équitable émane du Conseil, et concerne l’école libre de filles . Occupé par les Allemands depuis le mois de février, cet externat venait d’être rendu à sa destination ; on était autorisé à en reprendre possession pour la prochaine rentrée d’octobre. Mais, transformés en caserne ou en lazaret durant plus d’un semestre, les locaux devaient être, d’urgence, désinfectés, soigneusement nettoyés et remis dans les conditions d’hygiène légitimement exigées pour toute école. De plus, à leur départ, les Allemands avaient laissé ouverte la large brèche par eux pratiquée dans la muraille de la cour nord pour s’y faire une porte d’entrée du côté de la Meuse : une barrière, provisoire au moins, était indispensable. Les ampoules électriques servant à l’éclairage des classes avaient été enlevées : il fallait les remplacer. De même, enfin, s’imposait la réfection du matériel scolaire qui avait subi de très graves dommages.
La justesse de la requête était évidente. Il s’agissait de locaux privés et occupés ; la ville avait été contrainte de les tenir à la disposition des Allemands : il était absolument raisonnable qu’elle prît à sa charge les différents frais de remise en état d’un établissement scolaire d’utilité publique : le Conseil le comprit et fit droit à la demande présentée par la directrice de l’école, M me Lefébure.
L’externat fut, d’ailleurs, bientôt mis à réquisition. A la rentrée, les élèves nombreuses durent de nouveau « s’empiler », si l’on nous permet ce mot, en deux ou trois salles, des lits étant préparés dans le reste du bâtiment pour des blessés, que l’on attendait encore fin novembre !
Entre-temps, s’introduisaient d’inexcusables abus. Observons que l’immeuble était occupé seulement par quelques infirmiers et soldats. — Or, contrairement à ce qui s’était passé la première fois et à ce que la Commandanture avait consenti, les Allemands, tout en ayant une entrée particulière de l’autre côté, pénétraient dans la cour centrale au milieu des jeunes filles, ouvraient les fenêtres qui ont vue et les portes qui donnent accès dans cette cour ; et il advint même qu’un jour des médecins prirent « un instantané » des élèves, ce qui mécontenta légitimement les familles.
Le comité se fit immédiatement l’écho de ces plaintes et protesta contre ces abus ; il signala le prochain danger d’incendie que causait l’incompréhensible installation, dans le grenier, d’un poêle dont on faisait passer le tuyau par la toiture. — La Commandanture reconnut le bien fondé de ces griefs et il y fut mis ordre sans tarder.
XII
Il est fort possible que le dépouillement, entrepris ici, des délibérations de l’Hôtel de Ville relatives à cette douloureuse époque, amène parfois quelques redites sur les mêmes faits et les mêmes sujets que l’on retrouvera dans notre premier volume; mais cette répétition est plus apparente que réelle : ici, ce sont des notes officielles, nous l’avons observé déjà ; et là ce sont des impressions toutes personnelles ; les unes viennent, en définitive, confirmer les autres.
Ainsi, un objet délicat est abordé, le 11 novembre 1915, par le Conseil : la distribution de combustibles au port . Différentes pétitions en signalent le mode défectueux ; un seul chantier s’y trouve affecté ; l’unique délégué, chargé
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