Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Septentrion

Septentrion

Titel: Septentrion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Calaferte
Vom Netzwerk:
frotter furieusement au son de la musique contre la première fille qu’on empoignait. Un bon moment avant que ça se tasse, pendant lequel le dancing tout entier tanguait bord à bord, boulé par la tempête silencieuse avec ses accessoires, sexes mouillés et gamme testiculaire. Instant favorable entre tous pour suggérer à la fille serrée contre vous d’aller prendre l’air en vitesse.
    Dès que je le pouvais, je me faufilais jusqu’au bord de l’estrade où Sicelli était assis sur sa chaise, l’accordéon en bandoulière. Il faisait signe aux musiciens de continuer sans lui, s’épongeait le front, me demandait une cigarette qu’il allumait à la mienne et, après la première bouffée, il embrayait sur la chanteuse qu’il essayait de s’adjuger par tous les moyens depuis des mois, se donnant un mal de chien avec elle, en pure perte. Il l’avait même baladée toute une nuit, sans compter, quoi ! j’ai mis le paquet, ça me faisait mal de griller tout ce fric à cause d’une poule, mais à force de picoler un peu partout et de lui montrer ce que j’étais capable de faire pour elle, je me disais qu’elle finirait bien par se réchauffer. Je ne sais pas comment elle est fabriquée, il y a quelque chose qui ne va pas. Une poule qui sirote toute une nuit à tes frais et qui te laisse tomber quand elle en a marre, elle veut rentrer, elle est fatiguée, il faut lui trouver un taxi, elle a mal à la tête, elle doit dormir parce qu’elle chante le lendemain, bon, toutes les salades qu’elles vous sortent pour ne pas se déculotter. Elle chante, tu parles ! Avec son cul elle chante ! Tu l’as vue ce soir ? C’est son plaisir ou quoi ? Elle va finir par se branler en public ! Ça me rend malade. Vous, vous la voyez d’en bas, mais moi je suis là, derrière elle, son cul sous le nez. L’autre jour, en quittant la boîte, elle a eu beau rouspéter tant et plus, je suis monté à côté d’elle dans le taxi. Pas plus tôt en route, je fais ni une ni deux, je le sors et je le lui colle dans la main, comme ça, sans un mot. Je lui attrape la main et je le mets dedans. J’avais pensé à ça toute la journée. Tu sais ce qu’elle a fait ? Elle l’a tenu dans la main jusque chez elle, mais sans bouger seulement le petit doigt, comme si c’était un simple trousseau de clefs que je lui avais refilé. Tu vois le genre ? Une poule qui a le culot de te le tenir sans broncher pendant vingt minutes et, après ça, de te serrer la main devant sa porte comme si tu sortais d’un enterrement. Elle est folle, tu ne crois pas ? Je le lui ai dit l’autre jour. Elle s’est mise à rigoler. On se demande toujours si elle pige bien ce qu’on lui dit. Ça fait un bout de temps que je lui débite toutes sortes de saloperies quand je suis un moment seul avec elle, tu me connais. C’est comme si tu parlais à un nougat. Tu as vu ce creux qu’elle a dans les reins, c’est ça qui me remue quand je la regarde, un creux et puis les fesses qui rebondissent. Est-ce qu’elle ne s’est jamais fait tromboner ou quoi ? Si elle était pucelle, à son âge, dis, et avec ce tempérament ! Nom de Dieu, faut pas que j’y pense ! Je me demande comment il doit être. Je me fais des tas d’idées là-dessus. Je l’ai tellement imaginé que si, à la place, elle avait un oignon de tulipe, ça ne me ferait ni chaud ni froid. Tu as déjà vu un oignon de tulipe ? Et je vais te dire, de sa part, ça ne m’étonnerait pas. Tu as une minute ? On va faire la pause, on ira en boire un au bistrot d’à côté, j’en ai marre d’être là-dedans, on étouffe. Va chercher la blonde en m’attendant, tu lui dis que c’est moi qui t’ai demandé de danser avec elle.
    Ce soir, comme n’importe quel soir de la mémoire. La vie reste en épreuves négatives dans la lanterne magique. Et quand arrive le jour où l’on sort de chez le médecin avec, dans la poche, le diagnostic d’une artério-sclérose ou d’un sang empoisonné d’urine, voulez-vous me dire, braves gens, ce que ça signifie en plus ou en moins ? Peut-être juste l’espoir de vous en tirer enfin avec les honneurs de la guerre. Ni fleurs ni couronnes, de grâce !
    Et que dois-je faire, moi, faible innocent qui suis l’ami des oiseaux ? Des heures supplémentaires. Mettre la main à la pâte. Comme les abeilles, qui sont si sages, bouchées au point de ne pas rester peinardes à se griller au soleil de Dieu en se gavant de leur miel.
    Mais vous

Weitere Kostenlose Bücher