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Septentrion

Septentrion

Titel: Septentrion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Calaferte
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les femmes. L’ambiance, le genre, un peu crapuleux. Devenaient vite aussi floches qu’un écheveau de laine. Éperdues. La moule là-bas dessous comme un œuf clair. C’était miracle que ça ne giclât point. Se serraient contre vous de toutes leurs forces. Rien de terrible comme une femme qui mouille et qu’on ne peut soulager à l’improviste par un fier coup de harpon. Elles mordaient, les garces, grimaçaient, leurs gambettes de soie enlacées autour des vôtres, nœud vivant. Elles perdaient le nord, toutes. Il y avait là, chaque dimanche, un Arménien dont j’ai oublié le nom, athlète à tête de taureau qui s’était envoyé, peu ou prou, la collection entière des habituées. Assis, dédaigneux, chatouillant distraitement le morceau qui se trouvait être avec lui, il ne manquait jamais de vous adresser un clin d’œil amical par-dessus la tête basculée de la fille qui mettait toute son ardeur à lui sucer la poire. Divertissement en marge, comme vous diriez un doigt de cognac après le repas, tendant à vérifier notre maîtrise en cours d’exercice.
    Chiennes enragées autour d’un os. Je me demande bien pourquoi elles sacrifiaient au simulacre de la danse au lieu de venir tout bonnement vous attraper la pine dans la braguette en entrant. Pimbêches sur le protocole. Quelques tours de piste et, si ça gazait, un long stationnement sur la banquette avant de retourner faire semblant de danser, forcés de nous conduire alors comme des sangliers débridés, nous bourrant des petits coups, toute la science consistant à piétiner sur place dans la cohue. Peut-être qu’elles aimaient aussi se sentir bousculées de tous les côtés à la fois, cernées, englouties par d’autres corps, comprimées dans un étau de chair. Pressant toujours davantage, toujours plus fort, se moulant à vous, les seins écrasés, étreinte d’égorgeur, comme si elles avaient espéré, contre toute raison, qu’à la longue elles parviendraient à s’infiltrer, à s’indure en vous, entrer dans votre peau. Certaines étaient prises d’un tremblement convulsif des lèvres en dansant. D’autres, la tête sur votre épaule, vous murmuraient à l’oreille tout ce qu’elles connaissaient de vocabulaire érotique. Les plus excitantes étaient celles qui s’amusaient délibérément à contrôler leur température et vous informaient à mesure en termes crus du remue-ménage qui se passait en elles. S’arrangeaient avant tout pour prendre leur pied six ou sept fois de suite dans la nuit. Soudainement, vous les sentiez se braquer contre vous, s’agripper à vos manches, tendues, rigides, poussant du sexe, drossées, incapables de faire un pas de plus, comme investies brusquement d’une souffrance extra-humaine, possédées. Et la décharge venait. Violente. Tous leurs nerfs s’affaissant. Loques. Le corps cartilagineux. C’était fait. Elles s’excusaient avec un sourire matois plus échauffant à lui seul que tout ce qui avait précédé et se glissaient rapidement vers les lavabos. Vous en plan. La queue raide.
    J’avais appris à me méfier de ces pucelles maniaques comme de celles qui avaient mis au point la manière de vous échapper quand il devenait clair qu’il leur faudrait régler la note. Sacré régiment de pouffiasses l’un dans l’autre !
    Sicelli, qui les connaissait par cœur, me signalait dans le tas du haut de son estrade les chaudes-pisses présumées ou garanties en me les désignant du doigt, ostensiblement, sans plus de précautions qu’un toucheur de bœufs à la foire du village.
    À l’entendre, il en avait marre des femmes, c’était toujours le même système, manquait d’imprévu, un con en vaut un autre et qu’est-ce qu’on a après ces salopes pour leur filer le train de la sorte ? On sait pourtant bien ce qu’on va trouver, ni un chandelier à sept branches ni une écumoire émaillée, mais bel et bien un petit con, un simple petit con de rien du tout, c’est-à-dire quoi en définitive : un trou dans de la barbaque. Merde, il y a de quoi s’arracher les cheveux. « Tiens, vise la blonde là-bas, rondouillette, un cul comme ça, tu le verras quand elle se lèvera, je l’emmène chez moi demain matin, c’est d’accord, quand j’aurai fini de tirer sur mon boudin. Tu sais, je m’emmerde vraiment ici à jouer toutes ces conneries pour une bande de pinocheux. Tu as du pot, toi, dans ton genre. Et ce bouquin, ça avance ? Tu as vu Wierne ces temps-ci, qu’est-ce

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