Septentrion
d’autres, au début d’une race nouvelle. Qui croire ? Les prophéties sont à reconsidérer sous l’angle purement mathématique. Toutefois, ma venue sera l’objet de beaucoup d’incohérence et il n’est pas dit que l’on me reconnaisse aussitôt…
Ce pèlerinage sans quitter le sofa suspendu ni faire mine, un seul instant, de dévulver du con ophidien.
La jungle en émoi, assemblée autour de nous, nous contemple, danse, trépigne, râle d’envie meurtrière au spectacle de notre accouplement perpétuel sur le lit de terre moite de sève humaine foulée par nos corps contorsionnés. Combat de brutes lourdes. Quel était le nom de cette femme-python à chair bleue enroulée sous une légère couche d’épiderme dans l’orifice clos du nombril ? Serpent ou hydre d’eau douce ? Large sexe feuillu, humide de rosée amidonnée. Alpha nécrophage, ainsi se faisait-elle appeler, encore que son nom véritable fût beaucoup moins poétique. Van Hoeck. Rien que Nora Van Hoeck. Lâchant ses orgasmes de mort à feu continu. Son front triangulaire enduit de fards gras. Les yeux plâtrés au rimmel. La bouche comme un abcès de sang. Une excroissance. La jungle autour de nous hurle à l’exorcisme sous la lune coupante, tandis que je décharge dans ce ventre œcuménique ma dernière cellule vivante comme un long cri d’ignorance et que je deviens un astre mort dont elle se détache, elle, sangsue obèse. Vous trouverez nos restes sur le troisième rayon de la vitrine. Assassinés l’un par l’autre. Nos sexes sont dans le bocal à côté, comme pièces à conviction. Nos noces génitales commencent et finissent sur la roue des écartelés au son du pianola glandulaire. Écoutez la ligne mélodique. Le thème. La reprise. Le contrepoint. C’est con, con, con et toujours con dont il s’agit d’une façon comme de l’autre. En tierce, en fugue, coda, motet et doubles croches. Exprimé, embelli, regretté, méprisé, muni d’un masque d’Indien comanche, d’une épingle de cravate, de postes d’essence, de dynamos, d’amortisseurs, de fusées, aménagé en maisons de repos, en salons Louis XV, en cellules monastiques, en bordels, en prisons, en sanctuaires, en asiles de vieillards impuissants, mais comme ça ou autrement, c’est con, con, con et toujours con sur toute la ligne. Hémorragie vaginale polychrome. Couches au forceps. Aurore de moire. Midi sanguin. C’est un con scalpé qui s’inscrit sous toutes les formes le long des portées musicales sur la partition ouverte au passage de l’ adagio, du vivace, de l ’andante et de la pine branlante entortillée dans les arabesques du dièse clitoridien. Pelage du sexe. Le con de fille est comme un étendard étoilé dans l’orage du viol latent. Se baladant dans l’air sur le réseau télégraphique névropathe au niveau des foules agglutinées. Ondes hertziennes. Dancings. Écrans. Panneaux d’affichage. Vitrines de néon bavant sur la rue. Le con est à l’étal. En évidence au milieu du déballage des lingeries noires, sous-vêtements, nylons frêles, bas de chair, fards, parfums, bâton de rouge à forme phallique pour être glissé sur les lèvres et éponges anticonceptuelles au fond du sac à main – à tout hasard. Paires de fesses dans la jupe droite. Bosse douce oscillant à la coulée des ventres. Taille cassante. Jambes longues. Reins dessinés. Odeur au passage. Le con ulule à la trompette-jazz. Cris et délire. La sainte nitouche de l’Armée du Salut apaise son appétit vénérien en dansant chaque nuit en public, le corps nu, son rosaire sur les hanches, cuisses inondées. Ô mon Dieu ! soutenez mon bras dans l’épreuve ! Les chairs dilatées se disjoignent. La fente bâille. S’élargit. Colle au parquet verni. Jésus, Jésus va-t-il renaître ? Les cymbales sifflantes ponctuent l’affaissement. Silence. Lumière. Le monde entier se penche, muet, au-dessus des tables. Rien. Rien encore pour ce soir. La piste est à nous. Des griffes de chair velue nous rassemblent. Nous ne sommes plus que des petits sexes de granit rouge. Graines de tournesol sur l’enclume primitive. La femme laiteuse habillée de cheveux noirs qui se balance contre moi en mesure dans cette brume de colle tiède se résorbe insensiblement dans la poche aimantée de son ventre. Au début de chaque danse nouvelle, je traverse l’étang infesté de grenouilles mortes et vais ramasser ce ventre à pleines mains dans les joncs du bord, le porter
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