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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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qu’elle perde connaissance. Effaré, Anatole avait presque senti l’odeur écœurante de la chair brûlée.
    La funeste liaison d’Isolde et Constant n’avait duré que quelques semaines. Les doigts brisés avaient guéri, les contusions s’étaient effacées ; cette cicatrice était la seule trace physique des mauvais traitements qu’il lui avait fait subir trente jours durant. Mais les séquelles psychologiques persistaient. Malgré sa beauté, sa grâce, son élégance, Isolde était devenue timorée, elle avait perdu toute confiance en elle, en la vie, et Anatole le déplorait.
    — Mais si, notre bonheur durera, tu verras, assura-t-il en la caressant.
    Sa main suivit les courbes et les creux de ce corps tant aimé pour s’arrêter sur la peau blanche de ses cuisses.
    — Tout est arrangé, reprit-il. Nous avons l’autorisation. Demain nous verrons les notaires de Lascombe à Carcassonne. Dès que nous saurons quels sont exactement tes droits sur cette propriété, nous pourrons prendre nos dispositions. Et tout sera joué, conclut-il en claquant des doigts.
    Son bras nu et musclé émergea des draps pour prendre son étui à cigarettes sur la table de chevet. Il alluma deux cigarettes, en passa une à Isolde.
    — Certains refuseront de nous recevoir, dit-elle. M me  Bousquet, M e  Fromilhague.
    — Eh bien tant pis, répliqua-t-il en haussant les épaules. Leur opinion t’importe-t-elle à ce point ?
    — M me  Bousquet a des raisons de se plaindre, remarqua Isolde sans répondre à sa question. Si Jules ne s’était pas marié sur un coup de tête, elle aurait hérité du Domaine. Elle pourrait même contester le testament.
    Anatole secoua la tête.
    — Mon instinct me dit que si elle en avait eu l’intention, elle l’aurait fait juste après la mort de Lascombe, à l’ouverture du testament. Attendons de voir ce que dira le codicille avant de nous inquiéter d’éventuelles objections, remarqua-t-il en tirant une bouffée de sa cigarette. Je concède que M e  Fromilhague ait pu déplorer la précipitation avec laquelle vous vous êtes mariés. Il pourrait effectivement élever des objections. Mais il n’y a aucun lien de sang entre nous, et puis en quoi cela le regarde-t-il ? Non, conclut-il en haussant les épaules. Il finira par changer d’avis, avec le temps. Fromilhague est avant tout quelqu’un de pragmatique. Il ne voudra pas rompre les liens qui l’unissent à la propriété.
    Isolde acquiesça d’un hochement de tête. Plus parce qu’elle veut y croire que parce que je l’ai convaincue, songea Anatole.
    — Tu es toujours d’avis que nous devrions vivre ici plutôt que nous cacher à Paris, sous le couvert de l’anonymat ? demanda-t-elle.
    Anatole se rappela combien Isolde s’angoissait dès qu’elle retournait à la capitale. Elle n’était plus que l’ombre d’elle-même. Les bruits, les odeurs, les vues de Paris, tout semblait lui rappeler douloureusement sa brève liaison avec Constant. Pour lui comme pour elle, c’était invivable.
    — Si cela nous est possible, je pense en effet que nous devrions nous établir ici… Surtout si tes soupçons se confirment, reprit-il en posant doucement sa main sur le ventre d’Isolde. Je n’arrive toujours pas à croire que je vais être papa, avoua-t-il en la regardant avec une lueur de fierté dans les yeux.
    — C’est le tout début, répondit-elle avec douceur. Pourtant je suis certaine de ne pas me tromper.
    Elle posa la main sur la sienne et ils restèrent un moment silencieux.
    — Tu ne crains pas que nous soyons punis pour notre subterfuge du mois de mars ? murmura-t-elle.
    Anatole fronça les sourcils d’un air de ne pas comprendre.
    — La clinique. Faire comme si j’avais été contrainte de… d’avorter.
    — Mais non, voyons, assura-t-il.
    — Promets-moi que ta décision de ne pas rentrer à Paris n’a rien à voir avec Victor, dit-elle enfin, après un autre silence. Là-bas, tu es chez toi, Anatole. Souhaites-tu vraiment t’exiler pour de bon ?
    Anatole éteignit sa cigarette, puis se passa les doigts dans les cheveux.
    — Nous en avons déjà trop parlé, dit-il. Mais si cela doit te rassurer, je te donne ma parole qu’après avoir mûrement pesé ma décision, je reste persuadé que le Domaine de la Cade est pour nous la demeure idéale. Cela n’a rien à voir avec Constant. Rien à voir avec Paris. C’est juste qu’ici, nous avons la possibilité de nous établir, de vivre

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