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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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carte de la Bastide, Léonie demanda son chemin. Le château était droit devant, derrière les murs ouest des fortifications. Après la vue grandiose de la citadelle et les larges espaces battus des vents des lices hautes, entre les deux lignes de remparts, l’intérieur de la cité était plus resserré et plus sombre qu’elle ne se l’était figuré. Plus sale aussi. Les pavés glissants étaient couverts de boue et des détritus de toutes sortes jonchaient les rigoles et les caniveaux.
    Léonie suivit la rue étroite où un écriteau peint à la main indiquait le château Comtal, transformé en caserne. Lui aussi était décevant. D’après ses lectures, elle savait qu’il était jadis la demeure des Trencavel, les anciens seigneurs de la cité. Mais au lieu du château de contes de fées qu’elle s’était imaginé, semblable à ceux des bords du Rhône ou de la Loire, il avait bien l’aspect austère de ce qu’il était en réalité : un bâtiment militaire où logeait une garnison. La Tour de la Vade située à l’ombre des murailles faisait office de poudrière. Une seule sentinelle montait la garde en se curant les dents. C’était un lieu morne, négligé, qui n’évoquait en rien les salles de bal, les dames en robes à corolles, les chevaliers partant à la bataille auxquels avait rêvé Léonie.
    Elle contempla le pont nu et l’entrée étroite de la forteresse, mais ne leur trouva décidément rien de romanesque. Elle doutait que la cité elle-même devienne un jour un pôle d’attraction touristique. Malgré les tentatives d’aménagement, elle répondait mal aux goûts et aux couleurs de l’époque. Avec leurs pierres trop régulières, leurs tuiles mécaniques, les constructions récemment restaurées contrastaient trop avec les bâtiments d’origine et soulignaient encore leur délabrement. On ne pouvait qu’espérer que l’atmosphère changerait quand les travaux seraient finis. Que de nouveaux restaurants, des boutiques, un hôtel, qui sait, ramèneraient de la vie dans les rues sinueuses. Pour l’instant, Léonie avait du mal à les imaginer grouillant de monde. Elle arpenta une suite de ruelles en croisant quelques visiteurs, dames gardant leurs mains au chaud dans des manchons, messieurs munis de cannes et coiffés de hauts-de-forme, qui lui dirent bonjour au passage.
    Le vent soufflait encore plus fort ici, et Léonie fut obligée de sortir son mouchoir pour se protéger le nez et la bouche. Elle s’engagea prudemment dans une enfilade de ruelles compliquée et se retrouva auprès d’une vieille croix de pierre qui surplombait des jardins maraîchers en terrasses, avec des carrés de légumes, des vignes, des poulaillers, des clapiers et, en dessous, un groupe de petites maisons biscornues.
    De là où elle se trouvait, on voyait que la rivière était vraiment très haute. Sa masse noire et tourbillonnante fonçait en faisant tourner les aubes des moulins. Au delà s’étendait la Bastide. Léonie distinguait la flèche de la cathédrale Saint Michel et le fin clocher de l’église Saint-Vincent, tout près de leur hôtel. Avec une pointe d’anxiété, elle scruta le ciel menaçant et s’aperçut qu’elle pourrait bien se retrouver piégée par la montée des eaux de ce côté-ci de la rivière. La Basse Ville lui sembla soudain très éloignée. La fable qu’elle pensait raconter à Anatole, selon laquelle elle s’était perdue dans le réseau étroit de rues et de ruelles de la Bastide, ne servirait à rien si elle était retenue par les inondations.
    Un mouvement au-dessus de sa tête lui fit lever les yeux. Sur le fond de ciel gris, un vol de corbeaux survolait les remparts et les tourelles en luttant contre le vent.
    Léonie hâta le pas. Une première goutte de pluie lui mouilla la joue. Puis d’autres, de plus en plus froides et rapprochées. Puis il y eut un crépitement ressemblant à de la grêle, suivi d’un brusque coup de tonnerre et, soudain, des trombes d’eau s’abattirent.
    La tempête qui menaçait depuis si longtemps avait fini par arriver.

59.
    Léonie scruta les alentours à la recherche d’un abri, mais n’en trouva point. Elle était à mi-parcours de la calade qui reliait en pente raide la citadelle au quartier de la Barbacane, et il n’y avait ni arbres ni bâtiments d’aucune sorte. L’idée de devoir remonter tout le chemin en sens inverse pour rejoindre la cité ne la tentait guère, tant ses jambes étaient fatiguées.
    Il

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