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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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ne partirai pas. Je ne partirai pas, s’obstina-t-elle.
    Mais au fond, Léonie se savait impuissante. Elle disposait de très peu d’argent. Quelle que soit la véritable raison de leur départ précipité, dont elle doutait fort qu’il soit dû au mauvais temps, elle n’avait pas le choix. Anatole était décidé à la punir pour son incartade et il avait choisi le moyen le plus sûr de le faire.
    Sa crise de larmes passée, Léonie alla à la penderie pour se changer et fut stupéfaite de la trouver vide, à l’exception de sa cape de voyage. Elle ouvrit la porte qui séparait les pièces communicantes et entra dans le petit salon, qu’elle trouva désert. Marieta avait pratiquement tout emporté.
    En piteux état dans ses vêtements trempés qui lui irritaient la peau, elle rassembla les quelques objets que la servante avait laissés sur la coiffeuse et prit sa cape au passage. En sortant dans le couloir, elle tomba sur Anatole.
    — Marieta ne m’a laissé aucun vêtement de rechange. Je suis trempée jusqu’aux os et j’ai froid, protesta-t-elle.
    Mais il se contenta de la toiser sans rien dire, lui tourna le dos et entra dans sa chambre en claquant la porte.
    Léonie fit volte-face et rentra dans la sienne.
    Très bien. Jusqu’à présent, elle s’était toujours efforcée de bien se conduire, mais Anatole l’obligeait à prendre des mesures plus radicales. Elle enverrait un mot à M. Constant lui expliquant qu’elle ne pouvait honorer leur engagement pour une raison indépendante de sa volonté. Au moins, il ne penserait pas du mal d’elle. Peut-être même écrirait-il pour exprimer sa tristesse de voir de fâcheuses circonstances couper court à leur amitié naissante.
    Empourprée, pleine de défi et de détermination, Léonie se rua vers le secrétaire et en sortit une feuille de papier à lettres. Avant de perdre courage, elle gribouilla à la va-vite quelques lignes d’excuse et conclut en suggérant qu’un courrier envoyé poste restante à Rennes-les-Bains lui serait transmis, au cas où il voudrait bien la rassurer en confirmant qu’il avait reçu son mot. Elle ne se crut pas en droit de donner elle-même l’adresse du Domaine de la Cade. Anatole serait furieux.
    Tant pis. C’était bien fait pour lui. Puisqu’il persistait à la traiter comme une enfant, elle se conduirait comme telle. Puisqu’il ne lui permettait pas de décider par elle-même, elle ne tiendrait pas compte de son avis.
    Elle scella l’enveloppe et y inscrivit le nom du destinataire. Après une hésitation, elle sortit de son sac sa bouteille de parfum et en vaporisa la lettre, imitant ainsi les héroïnes de ses romans préférés. Puis elle la porta à ses lèvres comme pour, l’imprégner un peu d’elle-même.
    Restait à trouver le moyen de confier la lettre au patron de l’hôtel sans qu’Anatole le sache, pour qu’elle soit remise en mains propres demain, à l’heure convenue du rendez-vous square Gambetta.
    Ensuite, elle n’aurait plus qu’à voir venir.
     
    Dans la chambre d’en face, prostré, Anatole était assis la tête entre les mains. Dans son poing serré, roulée en boule, se trouvait la missive qui avait été remise à l’hôtel une demi-heure avant le retour de Léonie.
    C’était à peine une lettre. Juste cinq mots qui restaient gravés dans son âme, comme marqués au fer rouge.
    « CE N’EST PAS LA FIN. »
    Il n’y avait pas de signature, pas d’adresse au dos, mais Anatole n’en comprenait que trop bien le sens. C’était une réponse au mot « FIN » qu’il avait inscrit sur la dernière page de son journal. Journal qu’il avait laissé à Paris, dans l’appartement de la rue de Berlin.
    Au désespoir, il releva la tête. Dans son visage livide, ses yeux brûlaient de fièvre à cause du choc qu’il venait de recevoir.
    D’une manière ou d’une autre, Constant savait. Il savait que l’enterrement au cimetière Montmartre n’avait été qu’un canular, qu’Isolde était en vie, et même qu’elle était ici avec lui, dans le Midi.
    Anatole se passa les mains dans les cheveux. Comment Constant avait-il appris qu’ils se trouvaient à Carcassonne ? Personne, à part Léonie, Isolde et les domestiques du domaine, ne savait qu’ils étaient en ville.
    Si. Le notaire le savait. Ainsi que le prêtre.
    Mais ils ignoraient qu’ils étaient descendus à cet hôtel en particulier.
    Anatole se força à se concentrer. Il ne pouvait se permettre de s’interroger

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