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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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sur la façon dont ils avaient été découverts. Le temps viendrait pour ce genre d’analyse morbide, mais, pour l’heure, il fallait décider de la conduite à tenir.
    Au souvenir de l’expression d’Isolde quand elle avait appris, ses épaules s’affaissèrent. Il aurait donné n’importe quoi pour lui épargner ce coup, mais elle était venue vers lui juste après qu’il eut reçu la lettre, et il avait été incapable de lui cacher la vérité.
    Envolée, la perspective radieuse d’une nouvelle existence où ils vivraient ensemble, sans avoir peur ni se cacher. L’allégresse de l’après-midi n’était plus que cendres.
    Il avait eu l’intention d’apprendre à Léonie l’heureuse nouvelle de leur mariage dans la soirée. Mais il n’en était plus question. D’ailleurs sa décision de la tenir à l’écart de leur union se trouvait justifiée. Par son inconduite, elle avait prouvé qu’on ne pouvait pas compter sur elle.
    Anatole gagna la fenêtre et écarta les lamelles du store pour regarder dehors. Il n’y avait personne dans la rue à part un ivrogne enveloppé dans une cape militaire, affalé contre le mur d’en face, les genoux remontés sous le menton.
    Il laissa retomber les lamelles du store avec un claquement sec.
    Il n’avait aucun moyen de savoir si Constant était lui-même à Carcassonne, ou bien à quelle distance il se trouvait. Son instinct lui disait que leur meilleure chance de salut était de retourner sur-le-champ à Rennes-les-Bains.
    Si Constant avait eu connaissance du Domaine de la Cade, il aurait envoyé la lettre là-bas, se persuada Anatole, et il se raccrocha au fil ténu de cet espoir.

62.
    Les mains croisées devant elle, en silence, Léonie attendait Anatole dans le hall. Une lueur de défi brillait encore dans ses yeux, mais ses nerfs étaient tendus à l’extrême tant elle craignait que le patron ne la dénonce.
    Anatole descendit l’escalier sans dire un mot. Il alla au bureau de la réception, parla brièvement avec le patron, puis passa devant elle pour sortir dans la rue, où le fiacre attendait de les conduire à la gare.
    Léonie poussa un soupir de soulagement et alla elle-même dire au revoir au patron.
    — Merci, monsieur, dit-elle posément.
    — Je vous en prie, mademoiselle Vernier, lui répondit-il avec un clin d’œil, en tapotant sa poche de poitrine. Je veillerai à ce que cette lettre soit remise à qui de droit.
    Léonie lui fit un petit salut de la tête, puis elle s’empressa de rattraper son frère.
    — Monte, lui ordonna-t-il d’un ton sec qui la fit rougir, comme s’il tançait une servante trop indolente.
    Puis il se pencha pour glisser une pièce d’argent au cocher.
    — Aussi vite que vous le pourrez, lui ordonna-t-il.
    Durant le court trajet qui menait à la gare, il ne lui adressa pas la parole. À vrai dire, il ne lui jeta même pas un regard.
     
    En ville, la circulation était ralentie par les intempéries et ils arrivèrent avec très peu d’avance. Ils se hâtèrent tout au long du quai qui glissait à cause de la pluie jusqu’aux voitures de première classe situées en tête du convoi. Le contrôleur les fit monter et la portière se referma sur eux en claquant.
    Isolde et Marieta étaient installées dans le coin du compartiment. En voyant sa tante, Léonie eut un tel coup qu’elle en oublia tous ses ressentiments.
    Isolde était exsangue, ses yeux gris rougis de larmes.
    — J’ai pensé qu’il valait mieux rester avec madame plutôt que de gagner mon compartiment, murmura Marieta en se levant.
    — Tu as bien fait, répliqua Anatole sans quitter Isolde du regard. J’arrangerai ça avec le contrôleur.
    Il s’assit sur la banquette à côté d’Isolde et prit sa main qui pendait, inerte. Léonie aussi se rapprocha.
    — Qu’est-ce qui vous arrive, ma tante ?
    — Je crains d’avoir attrapé froid, répondit Isolde. Le voyage, le temps, tout cela m’a épuisée. Je regrette tellement que par ma faute, vous ratiez ce concert, ajouta-t-elle en regardant Léonie du fond de ses yeux gris. Je sais à quel point vous vous en faisiez une joie.
    — Léonie peut comprendre que votre santé passe en premier, intervint sèchement Anatole, sans laisser à sa sœur le temps de répondre. Et puis nous ne pouvions prendre le risque de rester en rade si loin du Domaine, en dépit de sa fugue inconsidérée.
    Son injuste réprimande piqua Léonie au vif, mais elle réussit à tenir sa langue. Quelle que

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