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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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proposa Bouchou. Puis dans les quelques villes touristiques importantes, plus au sud. On les aura davantage remarqués à la campagne qu’en ville. Cette jeune fille a quelque chose de frappant, remarqua-t-il en contemplant la photo. Cela pourrait nous aider. Je verrai ce que je peux faire, Thouron, conclut-il en glissant la photo dans la poche de son veston.
    L’inspecteur poussa un long soupir.
    — Je vous en suis très reconnaissant, Bouchou. Cette affaire traîne en longueur.
    — Je vous en prie. Et maintenant, si nous allions nous restaurer ?
    Ils dînèrent d’un plat de côtelettes suivi d’un plum-pudding, le tout arrosé d’un pichet de vin rouge du Minervois. Dehors, le vent et la pluie s’acharnaient toujours et battaient la façade du restaurant. D’autres clients entrèrent, tapant des pieds, secouant leurs chapeaux. On apprit que l’Aude menaçait de déborder et que la mairie avait donné l’alerte, parlant de risques d’inondations.
    — Chaque automne, c’est la même rengaine. Mais ça n’arrive jamais ! déclara Bouchou avec une moue de mépris.
    — Vraiment ? s’étonna Thouron.
    — En tout cas, ça ne s’est pas produit depuis des années, concéda Bouchou. À mon avis, les renforcements des berges tiendront cette fois encore.
     
    Peu après 20 heures, la tempête frappa la Haute Vallée alors que le train transportant Léonie, Anatole et Isolde vers le sud approchait de la gare de Limoux.
    Au premier coup de tonnerre, Isolde hurla, et son cri fut suivi d’un éclair qui déchira le ciel violet. Aussitôt, Anatole se précipita auprès d’elle pour l’apaiser en lui murmurant des paroles rassurantes.
    Un autre roulement de tonnerre fit sursauter Léonie. L’orage se rapprochait en survolant les plaines. Les pins maritimes, les platanes, les hêtres se courbaient toujours plus bas sous le crescendo du vent qui soufflait par rafales de plus en plus violentes. Même les pieds de vigne pourtant bien enracinés et disposés en ordre de bataille étaient secoués par la tempête.
    Léonie frotta la vitre embuée. En proie à une exaltation mêlée d’effroi, elle regarda le paysage qui défilait dans la tourmente, tandis que les éléments se déchaînaient autour d’eux. Le train continuait à rouler vaille que vaille. Plusieurs fois, il dut pourtant s’arrêter entre les haltes pour qu’on débarrasse les rails de branches tombées et d’arbustes arrachés par la pluie torrentielle aux pentes raides des gorges.
    À chaque station, il montait deux fois plus de passagers à bord du train qu’il n’en descendait, les chapeaux enfoncés sur la tête, les cols remontés contre les bourrasques de pluie qui venaient heurter les vitres minces des wagons. Et chaque fois, l’attente était un peu plus longue, tandis que les rescapés s’entassaient dans les compartiments déjà bondés.
    Deux heures plus tard, ils arrivèrent à Couiza. La tempête faisait moins rage dans les vallées, mais il n’y avait aucun fiacre de libre et la diligence était partie depuis longtemps. Anatole fut obligé de réveiller un boutiquier en frappant à sa porte pour que son garçon de course aille à dos de mulet jusqu’au Domaine prévenir Pascal, afin qu’il vienne les chercher avec le cabriolet.
    En attendant, ils trouvèrent refuge dans la brasserie miteuse accolée à la gare. Il était trop tard pour souper. Mais en voyant l’allure dépenaillée de la petite troupe, le teint blafard d’Isolde, l’expression angoissée de l’homme qui l’accompagnait, la patronne les prit en pitié et leur apporta des bols fumants de consommé de bœuf, une corbeille de pain rassis, ainsi qu’une bouteille de vin de Tarascon.
    Deux hommes entrèrent dans la brasserie, deux autres rescapés de la tempête. D’après les dernières nouvelles, leur dirent-ils, l’Aude était près de rompre ses berges à Carcassonne. Il y avait déjà des zones inondées dans les quartiers de la Trivalle et de la Barbacane.
    Léonie devint soudain toute pâle en imaginant l’eau noire léchant les marches de l’église Saint-Gimer. Dire qu’elle avait failli rester piégée là-bas. Si ce qu’on disait était vrai, les rues qu’elle avait arpentées étaient inondées à présent. Alors ses pensées allèrent à Victor Constant. Était-il en sécurité ?
    L’idée qu’il puisse être en danger la tourmenta tout au long du trajet, de sorte qu’elle en oublia les rigueurs du voyage et l’âpre combat

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