Sépulcre
des chevaux dont les sabots glissaient sur les routes périlleuses qui montaient vers le Domaine.
Quand ils s’engagèrent dans l’allée qui menait à la maison, Isolde était bien près de perdre conscience. Elle battait des paupières et sa peau était glacée.
Anatole se précipita dans la maison en criant des instructions aux domestiques. Marieta fut chargée de préparer une potion pour aider sa maîtresse à s’endormir, une autre servante alla chercher une bouillotte pour chauffer son lit tandis qu’une troisième activait le feu qui brûlait dans l’âtre. Puis, voyant qu’Isolde était trop faible pour marcher, Anatole la souleva dans ses bras pour la monter à l’étage et les longs cheveux blonds d’Isolde coulèrent comme de la soie pâle sur le costume noir d’Anatole.
Ébahie, Léonie les regarda s’éloigner. Quand elle eut recouvré ses esprits, tout le monde avait disparu, la laissant seule, livrée à elle-même.
Glacée jusqu’aux os, elle monta l’escalier, puis se dévêtit et se mit au lit. Sa chambre n’avait rien d’accueillant. Pas de feu dans la cheminée, et les draps semblaient mouillés tant ils étaient glacés.
Elle s’efforça de s’endormir, mais Anatole qui faisait les cent pas dans le couloir l’en empêcha. Plus tard, elle l’entendit arpenter le vestibule en dessous, tel un soldat faisant sa ronde une nuit de veille. En plus du claquement sec de ses bottes sur le carrelage, il y eut le bruit de la porte d’entrée qui s’ouvrait.
Puis ce fut le silence.
Léonie finit par sombrer dans un sommeil agité, en rêvant de Victor Constant.
VIII
Hôtel de la Cade
Octobre 2007
63.
Jeudi 30 octobre 2007
Lorsqu’elle arriva au bar, Meredith vit Hal la première, et cela lui valut un petit sursaut d’émotion. Il était affalé dans l’un des trois fauteuils qui entouraient une table basse, vêtu de la même manière que plus tôt dans la journée, d’un jean et d’une chemise blanche. Il avait juste troqué son pull bleu contre un autre, marron clair. Quand il écarta les cheveux qui lui tombaient sur le visage, Meredith sourit tant ce geste lui était déjà familier, et elle traversa la salle pour le rejoindre. Il se leva en la voyant arriver.
— Salut, dit-elle en posant la main sur son épaule. Alors, l’après-midi n’a pas été trop pénible ?
— J’ai connu mieux, dit-il en l’embrassant sur la joue, puis il se retourna pour faire signe au serveur. Qu’est-ce qui te ferait plaisir ?
— Le vin que tu m’as recommandé hier soir était fameux.
— Une bouteille du Domaine Bégude, s’il vous plaît, Georges. Et trois verres.
— Trois verres ? s’enquit Meredith.
Elle vit Hal se rembrunir.
— Je suis tombé sur mon oncle en rentrant, expliqua-t-il. Quand il a su que nous nous retrouvions au bar, il s’est invité. Apparemment, il a pensé que tu n’y verrais pas d’inconvénient. Il m’a dit que vous aviez fait connaissance et que vous aviez discuté un bon moment, tous les deux.
— Pas du tout, s’empressa-t-elle de rectifier. Il m’a demandé où tu étais allé après m’avoir déposée ici. J’ai répondu que je ne savais pas au juste. Et c’est tout. On ne s’est rien dit de plus. Tu vois, c’était plutôt succinct, comme conversation, conclut-elle pour dissiper tout malentendu, puis elle se pencha vers lui. Alors, et ton après-midi ?
Hal jeta un coup d’œil vers l’entrée du bar.
— Je te raconterai tout à l’heure. Je n’ai pas envie de commencer pour devoir m’interrompre dans quelques minutes, dès que mon oncle arrivera. Ça manquerait un peu de naturel, tu ne crois pas ? Et si je réservais une table pour le dîner ? Ça te tente ?
— Oh oui, volontiers, répondit Meredith avec enthousiasme. Je n’ai rien mangé à midi et je meurs de faim.
— Je reviens tout de suite, lança Hal en se levant, tout content.
Meredith le suivit des yeux tandis qu’il gagnait la sortie, appréciant la façon dont sa large carrure se découpait dans l’espace. Elle le vit hésiter, puis se retourner, comme s’il avait senti qu’elle l’observait. Leurs regards se croisèrent et restèrent un instant accrochés l’un à l’autre malgré la distance. Puis Hal lui adressa un petit sourire et disparut dans le couloir.
Ce fut au tour de Meredith d’écarter la frange de cheveux noirs qui lui tombait dans les yeux. Une chaleur l’envahit, ses paumes devinrent moites, et elle secoua la
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