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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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savoir que les arcanes majeurs comprennent vingt-deux cartes, n’est-ce pas, mademoiselle Martin ?
    — En effet… Et il y a d’autres occurrences, je suppose ?
    — Oh que oui. Le 22 juillet est le jour de la Sainte-Marie-Madeleine, à qui l’église est consacrée. Une statue de cette sainte est placée entre les tableaux treize et quatorze du chemin de croix ; elle figure également dans deux des trois vitraux situés derrière l’autel. Il existe aussi un lien avec Jacques de Molay, le dernier chef des Templiers. On établit en effet un rapport entre les Templiers et le château du Bézu, de l’autre côté de la Vallée. Or Jacques de Molay était le vingt-deuxième grand maître des Pauvres Chevaliers du Temple de Jérusalem, nom complet de la confrérie. Et puis il y a le cri que Jésus poussa sur la croix : « Elie, Elie, lamah sabactani ? » , « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Lui aussi contient vingt-deux lettres. C’est également par ce vers que commence le psaume 22.
    Dans l’absolu, tout cela était très intéressant, mais Meredith ne voyait pas pourquoi il l’entretenait obstinément sur ce sujet. Pour tester sa réaction ? Voir jusqu’où précisément allait sa connaissance du tarot ?
    Et si tel est le cas, dans quel but ? se demanda-t-elle.
    — Enfin, Bérenger Saunière, le prêtre de Rennes-le-Château, est mort le 22 juillet 1917. On raconte à ce propos une étrange histoire. À ce qu’on dit, sa dépouille fut placée sur un trône, sur le belvédère de sa propriété. Les villageois défilèrent devant lui et chacun arracha une torsade de fil au bas de sa robe. En fait, cela ressemble beaucoup à l’image du Roi des Deniers dans le tarot Rider-Waite. Et si l’on ajoute deux plus deux à l’année de sa mort, on obtient…
    — C’est bon, j’ai mon compte, marmonna Meredith, perdant patience, et elle se tourna résolument vers Hal. Pour quelle heure notre table est-elle réservée ?
    — 19 h 15. Dans dix minutes.
    Mais Julian ignora son interruption.
    — Évidemment, poursuivit-il, si l’on se fait l’avocat du diable, on peut dire qu’il suffit de prendre n’importe quel chiffre pour en déduire de la même manière toute une série de recoupements en leur prêtant une signification particulière.
    Il prit la bouteille de vin et se pencha pour en servir à Meredith, mais elle couvrit le verre de sa main, et Hal refusa aussi en secouant la tête. Avec un haussement d’épaules, Julian vida le reste de la bouteille dans le sien.
    — Ce n’est pas comme si l’un de nous devait prendre le volant, déclara-t-il d’un air désinvolte.
    Meredith vit Hal serrer les poings.
    — Je ne sais si mon neveu vous en a parlé, mademoiselle Martin, mais il existe une théorie selon laquelle l’église de Rennes-le-Château aurait été construite d’après les plans d’un ancien édifice qui se trouvait jadis sur nos terres.
    — Ah oui ? fit Meredith, que le silence crispé de Hal obligeait à réagir.
    — L’imagerie du tarot figure en bonne place à l’intérieur de l’église, continua-t-il. L’Empereur, L’Ermite, Le Hiérophante, qui symbolise dans l’iconographie du tarot l’église établie, comme vous le savez certainement…
    — Non, je n’en savais rien, protesta-t-elle.
    — Certains diraient que Le Magicien est présent à travers le personnage du Christ lui-même. Et puis des tours apparaissent dans quatre des tableaux du Chemin de Croix, sans parler de la Tour Magdala située sur le belvédère.
    — Celle-là n’y ressemble pas du tout, remarqua-t-elle malgré elle.
    Julian se pencha vivement en avant.
    — À quoi ne ressemble-t-elle pas, mademoiselle Martin ? demanda-t-il, et elle perçut de l’excitation dans sa voix, comme s’il pensait l’avoir piégée.
    — À Jérusalem, répondit-elle, sortant la première chose qui lui venait à l’esprit.
    — Dites plutôt qu’elle ne ressemble pas aux cartes de tarot que vous avez pu voir, conclut-il.
    Un silence pesant s’installa. Hal semblait mal à l’aise, sans que Meredith sache très bien pourquoi. Avait-il senti la tension qui était montée entre son oncle et elle au fil de leurs échanges, et l’avait-il mal interprétée ?
    Soudain Julian vida son verre, le posa sur la table et se leva.
    — Sur ce, je vous laisse, déclara-t-il en souriant comme s’ils venaient de passer un excellent moment. Mademoiselle Martin. Je vous

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