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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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aux environs de Seattle, tout en essayant de trouver des financements pour terminer ma biographie de Debussy. Deux ans plus tard, mes parents adoptifs ont tout plaqué et ont quitté le Milwaukee pour s’installer à Chapel Hill, près de mon ancienne université. En début d’année, on m’a proposé un poste dans un établissement privé non loin de l’université de Caroline du Nord, et j’ai enfin décroché un contrat d’édition.
    — Tes parents adoptifs ? s’étonna Hal.
    — Ma vraie mère, Jeanette, n’était pas capable de m’élever, commença Meredith après un petit soupir. Mary est une parente, une cousine au second degré. Quand Jeanette était malade, je trouvais refuge chez elle. Et lorsque les choses ont fini par mal tourner, je suis allée y vivre pour de bon. Elle et son mari m’ont adoptée officiellement deux ans plus tard, quand ma mère est… est morte.
    Les mots simples qu’elle avait choisis avec soin ne rendaient pas compte des années difficiles : les coups de téléphone en pleine nuit, les visites-surprises, les hurlements dans la rue, le lourd fardeau pour l’enfant qu’était Meredith d’avoir une mère imprévisible, à l’esprit dérangé, dont elle se sentait responsable malgré son jeune âge. Et le ton neutre, terre-à-terre qu’elle avait employé passait sous silence la culpabilité qu’elle portait encore en elle, tant d’années après, d’avoir éprouvé en apprenant la mort de sa mère non pas du chagrin, mais du soulagement.
    Cela, elle ne pouvait se le pardonner.
    — Dis donc, ce n’est pas tout rose, comme vie, constata Hal avec une expression qui fit sourire Meredith.
    — J’ai eu de la chance dans mon malheur, dit-elle en se collant contre lui. Mary est vraiment quelqu’un de fantastique. C’est elle qui m’a fait commencer le violon, puis le piano. Je leur dois tout, à elle et à Bill.
    — Alors comme ça, tu es vraiment en train d’écrire une biographie de Debussy ? lança-t-il pour la taquiner.
    — Parfaitement ! s’exclama Meredith en lui donnant une tape sur le bras.
    Un moment, ils restèrent dans un silence complice, à savourer leur intimité.
    — Pourtant je suis sûr que tu es ici pour autre chose, finit par dire Hal, et il tourna la tête vers la photo de famille posée sur le bureau. Est-ce que je me trompe ?
    Meredith se redressa et remonta le drap sur ses seins.
    — Non, tu ne te trompes pas.
    Comprenant qu’elle hésitait encore à parler, Hal se redressa aussi et sortit du lit.
    — Tu veux que je t’apporte quelque chose à boire ?
    — Oui, un verre d’eau, s’il te plaît.
    Elle le regarda disparaître dans la salle de bains, en revenir deux secondes plus tard avec deux verres à dents, puis sortir deux bouteilles du minibar avant de regagner le lit.
    — Tiens.
    — Merci, dit Meredith, puis elle but un peu d’eau à la bouteille. Jusqu’à présent, tout ce que je savais de ma famille maternelle, c’est qu’elle avait dû quitter cette région de la France durant la Première Guerre mondiale, ou juste après, pour s’installer aux États-Unis. J’ai une photographie d’un soldat en uniforme de l’armée française, prise sur la place de Rennes-les-Bains en 1914, et je suis presque sûre qu’il s’agit de mon arrière-grand-père. Il aurait fini sa vie à Milwaukee, paraît-il, mais comme je ne connais pas son nom, je n’ai pas pu le vérifier. Depuis le début du XIX e siècle, la ville a accueilli beaucoup d’immigrants venant d’Europe. Le premier à s’y installer était un certain Jacques Veau, un Français, qui établit un comptoir commercial au confluent des trois rivières Milwaukee, Menomonee et Kinnickinnic. Cette hypothèse est donc plausible.
    Les minutes qui suivirent, elle lui raconta dans les grandes lignes ce qu’elle avait découvert depuis son arrivée au Domaine de la Cade, sans fioritures et en s’en tenant aux faits. Elle lui expliqua pourquoi elle avait subtilisé le portrait dans le hall et lui parla de la partition de musique léguée par sa grand-mère, Louisa Martin. Mais elle ne mentionna pas les cartes. La discussion sur le tarot au bar plus tôt dans la soirée avait été assez pénible, et Meredith n’avait pas du tout envie que l’oncle de Hal ressurgisse dans la conversation.
    — Alors tu crois que ton soldat inconnu est un Vernier, conclut Hal quand Meredith résolut enfin de se taire.
    — La ressemblance est frappante, confirma-t-elle

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