Sépulcre
délicatement sur le lit, puis s’assit à côté d’elle, un peu raide. On aurait dit un acteur jouant une scène d’amour dans un vieux film d’Hollywood, avec le souci de ne pas choquer la censure.
— Tu es… Tu es sûre de vouloir…
— Chut…, fit Meredith en posant un doigt sur ses lèvres.
Lentement, elle commença à se déshabiller en déboutonnant son chemisier, puis lui prit la main, tel un guide invitant un novice à entrer en pays inconnu. Elle entendit Hal reprendre son souffle.
Dans la chambre mouchetée d’argent, assise jambes croisées au bord du lit en acajou, Meredith se pencha pour l’embrasser. Ses cheveux noirs lui tombèrent sur le visage. À présent, leur différence de taille ne comptait plus.
Hal se débattit pour ôter son pull et resta entortillé tandis que Meredith glissait les mains sous son tee-shirt en coton. Après un petit rire timide, ils se levèrent pour finir de se déshabiller.
Meredith n’éprouvait aucune gêne. Cela semblait si naturel. Ce séjour à Rennes-les-Bains était hors temps. Comme si, pour quelques jours, elle était sortie du cours normal de sa vie pour entrer en un lieu où les règles en vigueur étaient différentes, et où elle-même n’était plus cette petite personne responsable, soucieuse de ses gestes et de leurs conséquences. Enfin, elle se retrouva nue comme Ève et avança d’un pas. Il y eut le contact de leurs peaux, intime, surprenant, tandis qu’ils restaient l’un devant l’autre, orteil contre orteil. Hal la désirait, elle le sentait, mais il était content d’attendre, de la laisser mener le jeu.
Elle lui prit la main et l’entraîna vers le lit. Ils se glissèrent entre les draps de lin frais au toucher, par contraste avec la chaleur que leurs corps dégageaient. Un instant, ils restèrent allongés côte à côte, tels deux gisants du Moyen Âge, puis Hal s’appuya sur un coude et lui caressa la tête.
Meredith inspira profondément et se détendit, sentant le désir l’enflammer à mesure que la main de Hal allait plus lentement, glissait de ses épaules au creux de sa gorge, lui effleurait les seins. Ses doigts se nouèrent aux siens, ses lèvres, sa langue frôlèrent sa peau. Le désir sinuait tel un fil rouge et elle suivait sa trace le long de ses veines, ses artères, ses os, dans toutes les parties de son corps. Elle se dressa vers lui, avide, cherchant sa bouche. Juste au moment où l’attente devenait intolérable, Hal changea de position et se lova entre ses jambes. Meredith le regarda dans les yeux et, un instant, elle vit s’y refléter tous les possibles. Le meilleur, et le pire.
— Tu es sûre ?
Meredith sourit et le guida en elle.
Un moment ils restèrent sans bouger, goûtant à la paix suprême d’être enfin unis l’un à l’autre. Puis leurs corps s’embrasèrent et décidèrent pour eux du rythme de leurs étreintes, tandis que Meredith cherchait avidement sa langue et se cramponnait à son dos puissant, sentant la force de ses bras, de ses mains, et le sang qui pulsait en elle, en lui, comme si c’était le même.
Leurs poussées s’accélérèrent, les emportant tous deux toujours plus loin, plus haut, et Meredith se cabra à l’instant où Hal criait son nom en frémissant.
Ils retombèrent. Dans l’immobilité qui suivit leurs ébats, Meredith sentit le bouillonnement s’apaiser dans sa tête tandis que son corps redevenait conscient du poids de Hal qui lui écrasait la poitrine et l’empêchait de respirer. Pourtant elle ne bougea pas, le tint dans ses bras et caressa son épaisse tignasse noire. Ce ne fut qu’en lui touchant le visage quelques instants plus tard qu’elle se rendit compte qu’il pleurait en silence. Émue, elle lui embrassa le front.
— Parlez-moi de vous, mademoiselle Martin, dit-il peu après. Vous savez tout de moi, mais de vous, je ne sais rien.
— Vous êtes bien pompeux, monsieur Lawrence, dit-elle avec un petit rire tout en le caressant.
Hal arrêta sa main.
— Je suis sérieux ! Je ne sais même pas où tu habites, d’où tu viens, ce que font tes parents. Vas-y, raconte-moi.
— D’accord, acquiesça Meredith en mêlant ses doigts aux siens. Pour résumer, j’ai grandi dans le Milwaukee où je suis restée jusqu’à mes dix-huit ans, puis je suis entrée à l’université de Caroline du Nord. C’est là que j’ai passé mon doctorat, puis j’ai enseigné comme assistante dans différentes facultés, à St Louis et
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