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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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cette odeur saline, celle de la mer qui l’entraînait toujours plus bas, dans ses funestes profondeurs.

68.
    — Meredith ! Meredith. Tout va bien. Tu n’as rien à craindre.
    Elle se réveilla en sursaut, étouffant presque. Les nerfs à vif, les muscles raidis, les doigts tétanisés, agrippés aux draps froissés. Un instant, elle se sentit consumée par une rage effroyable, comme si le démon avait réussi à s’insinuer en elle par tous les pores de sa peau.
    — Meredith ! C’est bon, je suis là !
    Effarée, elle tenta de se dégager, puis comprit peu à peu en sentant une peau tiède contre la sienne que les bras qui l’enserraient ne cherchaient pas à lui faire du mal, mais à la sauver.
    — Hal…
    — Chut, c’est fini. Tu as fait un cauchemar, dit-il. Tout va bien.
    — Elle était là. Elle était là… Mais après il est venu et…
    Avançant la main vers Hal, elle suivit des doigts les contours de son visage. Puis elle scruta la pénombre autour d’elle, comme si quelque chose pouvait en surgir à tout moment. Enfin la tension qui l’habitait se relâcha, et elle laissa Hal la prendre dans ses bras. Rassurée par sa chaleur et sa force, elle attendit que les rythmes affolés de son cœur et de sa respiration se calment peu à peu dans sa poitrine.
    — Je l’ai vue, murmura-t-elle, plus pour elle-même que pour Hal.
    — Qui ça ? demanda-t-il. Sois tranquille, il n’y a que nous ici, répéta-t-il comme elle ne répondait pas. Rendors-toi.
    Il lui caressa la tête en écartant la frange de cheveux noirs de son front lisse, comme le faisait Mary pour l’apaiser et chasser ses cauchemars, quand elle habitait chez eux, au début.
    — Elle était là, répéta Meredith.
    Peu à peu, sous le geste doux et répétitif de la main de Hal sur son front, sa terreur se dissipa. Ses paupières devinrent lourdes, ses membres, son corps aussi s’appesantirent, tandis que chaleur et sensations leur revenaient.
    4 heures du matin.
    À cause des nuages qui masquaient la lune, il faisait nuit noire. Apprenant à se connaître, les amants enlacés finirent par sombrer dans le sommeil, nimbés du bleu profond qui précède le lever du jour.

IX
La clairière
Octobre-novembre 1891

69.
    Vendredi 23 octobre 1891
     
    Quand Léonie s’éveilla le lendemain matin, sa première pensée fut pour Victor Constant, tout comme elle avait été sa dernière avant qu’elle s’endorme.
    Elle eut envie de sentir de l’air frais sur son visage. Elle s’habilla rapidement et sortit dans le matin naissant. La tempête de la veille avait partout laissé ses traces, branches cassées, feuilles arrachées aux arbres par le vent. Maintenant, le calme était revenu dans le ciel d’aurore rose et limpide. Mais à l’horizon, au dessus des Pyrénées, de gros nuages gris menaçants annonçaient de nouveaux orages.
    Léonie fit le tour du lac, s’arrêtant un instant sur le petit promontoire qui dominait les eaux clapotantes, puis revint lentement vers la maison en traversant la pelouse. L’ourlet de ses jupes scintillait de rosée. Ses pieds laissaient à peine leur empreinte sur l’herbe mouillée.
    Elle contourna la maison pour se rendre à la porte principale, qu’elle avait laissée déverrouillée lorsqu’elle s’était esquivée. Une fois dans le vestibule, elle tapa des bottines sur le paillasson. Puis elle repoussa sa capuche, défit l’agrafe de sa cape et la remit sur la patère.
    Tout en traversant le vestibule à carreaux rouges et noirs pour se rendre à la salle à manger, elle se prit à espérer qu’Anatole ne soit pas encore descendu pour le petit déjeuner. Bien que l’état d’Isolde la préoccupât, Léonie en voulait toujours à son frère de leur départ précipité de Carcassonne et n’avait aucune envie de s’obliger à être polie avec lui.
    Elle ouvrit la porte et trouva la pièce déserte. Il n’y avait que la bonne, qui posait la cafetière en émail à motifs bleus et rouges sur le dessous-de-plat en métal au centre de la table.
    Marieta fit une petite révérence.
    — Madomaiselà.
    — Bonjour.
    Léonie prit sa place habituelle au bout de la longue table ovale, face à la porte.
    Une pensée la tourmentait. Si le mauvais temps sévissait toujours à Carcassonne, le patron de l’hôtel ne pourrait pas se rendre au square Gambetta pour remettre sa lettre à Victor Constant. Le concert avait peut-être même été annulé à cause de la pluie torrentielle. Elle

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