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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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se sentait impuissante et terriblement frustrée car elle n’avait aucune manière de s’assurer que M. Constant avait bien reçu son message.
    Pas à moins qu’il m’écrive pour me le faire savoir, se dit-elle.
    Elle soupira et secoua sa serviette de table.
    — Mon frère est-il descendu, Marieta ?
    — Non, madomaiselà. Vous êtes la première.
    — Et ma tante ? S’est-elle remise, après hier soir ?
    Marieta hésita, puis baissa la voix, comme si elle lui confiait un grand secret.
    — Vous ne savez donc pas, madomaiselà ? Madama s’est trouvée si mal cette nuit que le Sénher Anatole a dû envoyer chercher le docteur.
    — Quoi ? s’étrangla Léonie en se levant. Je l’ignorais. Je devrais monter la voir.
    — Mieux vaut la laisser tranquille, fit rapidement Marieta. Madama dormait comme un bébé il n’y a pas une demi-heure.
    Léonie se rassit.
    — Et alors, qu’a dit le docteur ? demanda-t-elle. Le D r Gabignaud, c’est ça ?
    Marieta hocha la tête.
    — Que Madama avait pris un coup de froid qui menaçait d’empirer. Il lui a donné une poudre pour faire tomber la fièvre. Il est resté avec elle, et votre frère aussi, toute la nuit.
    — Quel est le diagnostic, maintenant ?
    — Vous allez devoir poser la question au Sénher Anatole, madomaiselà. Le docteur lui a parlé en tête à tête.
    Léonie eut honte de ses pensées peu charitables de la veille. Elle se repentait aussi d’avoir dormi toute la nuit sans se douter le moins du monde de la crise qui se déroulait ailleurs dans la maison. L’estomac noué comme une boule de ficelle, elle se sentait bien incapable d’avaler la moindre bouchée.
    Mais quand Marieta posa devant elle une assiette de bacon salé, d’œufs frais et de pain blanc chaud avec une coquille de beurre baratté, elle eut le sentiment qu’elle y parviendrait peut-être.
    Elle mangea en silence. Ses pensées tressautaient comme des poissons lancés sur la berge, passant de l’inquiétude pour sa tante au souvenir plus agréable de M. Constant, puis revenant à Isolde.
    Elle entendit des pas dans le vestibule. Jetant sa serviette sur la table, elle bondit, courut vers la porte et se retrouva nez à nez avec Anatole.
    Il était pâle et ses yeux creusés, comme marqués de traces de doigts noires, trahissaient une nuit blanche.
    — Pardonne-moi, Anatole, je viens d’apprendre. Marieta m’a dit qu’il valait mieux laisser dormir tante Isolde. Le docteur revient-il ce matin ? Est-elle…
    Malgré sa mine affreuse, Anatole sourit. Il leva la main, comme pour dévier la salve de questions.
    — Calme-toi, dit-il en posant un bras sur ses épaules. Le pire est passé.
    — Mais…
    — Isolde va s’en sortir. Gabignaud est très compétent. Il lui a donné quelque chose pour l’aider à dormir. Elle est faible mais elle n’a plus de fièvre. Quelques jours de repos au lit, et elle sera remise.
    Léonie fut surprise de fondre en larmes. Elle venait tout juste de comprendre à quel point elle s’était attachée à sa tante, si tranquille et douce.
    — Allez, sœurette, dit-il affectueusement. Inutile de pleurer. Tout ira pour le mieux. Pas la peine de te mettre dans tous tes états.
    — Ne nous querellons plus jamais, sanglota Léonie. Je ne supporte pas que nous ne soyons pas amis.
    — Moi non plus, dit-il en tirant son mouchoir de sa poche pour le lui tendre.
    Léonie essuya son visage trempé de larmes et se moucha.
    — Voilà qui n’est pas très distingué ! gloussa-t-il. Maman serait mécontente de toi. (Il lui sourit.) Bon, as-tu pris ton petit déjeuner ?
    Léonie hocha la tête.
    — Pas moi. Tu veux bien me tenir compagnie ?
     
    Léonie ne quitta plus son frère de la journée, se refusant à penser à Victor Constant, du moins jusqu’à nouvel ordre. Pour l’instant, son cœur et son esprit se concentraient uniquement sur le Domaine de la Cade et sur ceux qu’il abritait.
    Durant tout le week-end, Isolde resta alitée. Elle était faible et fatiguée, mais Léonie lui faisait la lecture l’après-midi, et petit à petit ses joues reprirent des couleurs. Anatole s’occupait pour elle des affaires de la propriété et passait les soirées dans sa chambre. Si les domestiques s’étonnaient d’une telle familiarité, ils n’en firent pas la remarque en présence de Léonie.
    À plusieurs reprises, Léonie surprit Anatole qui la regardait comme s’il était sur le point de lui faire une confidence. Mais

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