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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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chaque fois qu’elle l’interrogeait, il souriait en lui répondant que ce n’était rien, puis détournait les yeux et reprenait ce qu’il était en train de faire.
    Dimanche soir, Isolde avait retrouvé assez d’appétit pour qu’on lui monte un plateau dans sa chambre. Léonie fut heureuse de constater qu’elle n’avait plus les joues creuses et les traits tirés, et qu’elle semblait avoir repris un peu de poids. D’ailleurs, à certains égards, elle avait meilleure mine qu’auparavant. Son teint avait de l’éclat, ses yeux brillaient. Léonie savait qu’Anatole l’avait remarqué, lui aussi. Il circulait dans la maison en sifflotant, l’air extrêmement soulagé.
    Les terribles inondations de Carcassonne alimentaient les conversations de l’office. Du vendredi matin au dimanche soir, la ville et la campagne avaient été dévastées par une série d’orages. L’accès à certains secteurs était difficile, voire impossible. Quant à la situation aux alentours de Rennes-les-Bains et de Quillan, elle était certes préoccupante, mais pas plus qu’on ne pouvait s’y attendre durant les orages d’automne.
    Mais dans la soirée de lundi, les nouvelles de la catastrophe qui avait frappé Carcassonne atteignirent le Domaine de la Cade. Après trois jours de pluies incessantes, pires dans les plaines que dans les villages situés en hauteur, à l’aube du dimanche matin, l’Aude avait débordé, inondant la Bastide et les zones de basse altitude. D’après les premiers comptes rendus, les quartiers de la Trivalle et de la Barbacane étaient presque entièrement sous l’eau. Le Pont-Vieux reliant la cité médiévale à la Bastide était submergé mais praticable. Les jardins de l’Hôpital des Malades étaient inondés d’une eau noire qui arrivait jusqu’aux genoux. Plusieurs édifices de la rive gauche s’étaient effondrés sous les torrents.
    Plus en amont du fleuve en crue, vers le barrage de Païcherou, des arbres entiers avaient été déracinés, tordus, et s’agrippaient désespérément à la boue.
    Léonie écoutait ces nouvelles avec une anxiété croissante. Elle s’inquiétait pour M. Constant. Elle n’avait aucune raison de croire qu’il lui fut arrivé malheur, mais ses inquiétudes la tourmentaient sans relâche. Son angoisse lui était d’autant plus pénible qu’elle ne pouvait avouer à Anatole qu’elle connaissait les quartiers inondés ou qu’elle avait des raisons personnelles de s’intéresser à l’affaire.
    Léonie se réprimanda. Il était parfaitement absurde d’éprouver des sentiments aussi vifs pour une personne avec laquelle elle avait passé à peine plus d’une heure. Pourtant, M. Constant s’était installé à demeure dans son esprit romantique et elle ne pouvait s’empêcher de penser à lui. Alors qu’au cours des premières semaines d’octobre, quand elle s’asseyait à la fenêtre, c’était en se demandant si sa mère lui avait enfin écrit, désormais elle se demandait plutôt si une lettre de Carcassonne attendait d’être réclamée au bureau de poste de Rennes-les-Bains.
    Mais comment se rendre en ville ? Elle ne pouvait confier une affaire aussi délicate à l’un des domestiques, pas même à l’affable Pascal ou à la douce Marieta. Elle avait une autre raison de s’inquiéter : si le concert n’avait pas été annulé, et si le patron de l’hôtel n’avait pas remis son mot à l’heure dite au square Gambetta, M. Constant – qui était manifestement un homme de principe – se sentirait tenu par l’honneur de ne pas la relancer.
    L’idée qu’il ne sache pas où la retrouver – ou qu’il puisse penser du mal d’elle, la trouver grossière de ne pas s’être rendue à leur rendez-vous tacite – taraudait constamment son esprit.

70.
    L’occasion se présenta trois jours plus tard.
    Le mercredi soir, Isolde allait assez bien pour se joindre à Anatole et Léonie au dîner. Elle mangea peu. Ou plutôt, elle goûta à plusieurs plats, mais aucun ne sembla lui plaire. Même le café, préparé avec les grains achetés par Léonie à Carcassonne, n’était pas à son goût.
    Anatole était aux petits soins pour elle, suggérant sans arrêt des mets qui pourraient la tenter, mais il ne parvint finalement qu’à la persuader de manger un peu de pain blanc et de beurre baratté, avec un petit chèvre frais et du miel.
    — Y a-t-il quoi que ce soit qui puisse vous plaire ? Qu’importe ce que c’est, je

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