Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
Vom Netzwerk:
répliqua Léonie.
    Elle prit une gorgée de guignolet et toussa aussitôt. C’était sucré, avec un goût prononcé de cerise sauvage, mais c’était vraiment très fort.
    — Vous êtes rentré plus tôt que prévu, reprit-elle. Ma tante m’avait laissé entendre que vous seriez absent au moins jusqu’en novembre, peut-être même jusqu’à Noël.
    — J’ai mis moins de temps que je ne le croyais à conclure mes affaires, alors je suis rentré. Des bruits courent, dans la ville. J’ai pensé que je serais plus utile ici.
    Utile ? Léonie trouva ce mot curieux, mais n’en dit rien.
    — Où êtes-vous allé, monsieur ?
    — Rendre visite à de vieux amis. De plus, j’ai une maison à la montagne, dans un minuscule village appelé Los Seres, pas très loin de la vieille forteresse-citadelle de Montségur. Je voulais m’assurer que tout était prêt, au cas où je devrais m’y rendre dans quelque temps.
    Léonie fronça les sourcils.
    — Je croyais que vous aviez pris un logement en ville pour éviter les rigueurs de l’hiver en montagne.
    Les yeux d’Audric Baillard pétillèrent.
    — J’ai passé de nombreux hivers en montagne, madomaisèla, dit-il d’une voix douce. Certains rigoureux, d’autres moins. (Il se tut un moment et sembla plongé dans ses pensées.) Mais dites-moi, fit-il enfin en reprenant ses esprits, qu’avez-vous fait au cours des dernières semaines ? Avez-vous eu d’autres aventures, madomaisèla Léonie, depuis la dernière fois que nous nous sommes rencontrés ?
    Elle le regarda dans les yeux.
    — Je ne suis pas retournée au sépulcre, monsieur Baillard, si c’est à cela que vous pensez.
    Il sourit.
    — C’était en effet à cela que je pensais.
    — Bien que, je dois l’avouer, le sujet du tarot m’intéresse toujours. (Elle le dévisagea, mais son visage usé par le temps ne trahissait rien.) J’ai aussi entamé une série de tableaux. (Elle hésita.) Des reproductions des images qui sont sur les murs.
    — Tiens !
    — Des études à l’aquarelle. Non, en fait, ce sont plutôt des copies.
    Il se pencha vers elle.
    — Avez-vous reproduit toutes les images ?
    — Non, répondit-elle en trouvant la question singulière. Seulement les premières. Celles qu’on appelle les arcanes majeurs, et là encore, pas tous les personnages. Je suis peu encline à m’attaquer à certaines images. Le Diable, par exemple.
    — Et La Tour ?
    Elle plissa les yeux.
    — En effet. Pas La Tour. Comment avez-vous…
    — Quand avez-vous commencé à les peindre, madomaisèla ?
    — L’après-midi précédant le grand dîner. Je cherchais simplement à m’occuper en attendant les invités. Sans en avoir eu la moindre intention, je me suis peinte dans le tableau, monsieur Baillard, alors j’ai eu le sentiment que je devais continuer la série.
    — Puis-je vous demander dans quel arcane ?
    — La Force.
    Elle se tut, puis frissonna en se rappelant les émotions complexes qui l’avaient envahie à ce moment-là.
    — Son visage était le mien, reprit-elle. Pourquoi, d’après vous ?
    — L’explication la plus évidente est que vous percevez cette force en vous-même.
    Léonie attendit qu’il poursuive, mais M. Baillard n’ajouta rien.
    — Je suis de plus en plus intriguée par mon oncle et par les expériences qu’il décrit dans sa monographie, Les Tarots. Je ne voudrais pas être indiscrète, monsieur Baillard, mais je me demandais si vous connaissiez mon oncle à l’époque des événements décrits dans son livre. (Elle scruta son visage pour chercher des signes d’encouragement ou de mécontentement, mais son expression demeurait impénétrable.) D’après ce que j’ai compris, la… chose s’est produite entre le moment où ma mère a quitté le Domaine de la Cade et celui où mon oncle a épousé ma tante. (Elle hésita.) Sans vouloir lui manquer de respect, j’imagine que mon oncle était de nature solitaire. Il n’était guère sociable, n’est-ce pas ?
    Elle se tut à nouveau, pour laisser à M. Baillard la possibilité de réagir. Il demeura parfaitement immobile, ses mains striées de veines posées sur ses cuisses, se contentant d’écouter.
    — D’après certains propos de tante Isolde, reprit laborieusement Léonie, j’ai cru comprendre que c’était grâce à vous que mon oncle et l’abbé Saunière s’étaient rencontrés, au moment où le dernier a été affecté à la paroisse de Rennes-le-Château. Elle a

Weitere Kostenlose Bücher