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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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homme. Vous serez condamné lorsqu’on apprendra votre duplicité.
    Il fit une grimace suffisante.
    — Par qui, mademoiselle Vernier ? Il n’y a que nous ici.
    — Taisez-vous, lui ordonna Constant.
    — N’avez-vous aucun égard pour votre sœur ? le défia Léonie, pour votre famille que vous déshonorez ainsi ?
    Denarnaud tapota sa poche.
    — L’argent parle plus haut, et plus longtemps.
    — Denarnaud, ça suffit !
    Léonie jeta un coup d’œil à Constant, et remarqua pour la première fois que sa tête semblait constamment trembler, comme s’il avait du mal à contrôler ses mouvements.
    Puis elle vit tressaillir le pied d’Anatole.
    Était-il vivant ? Pouvait-il l’être ? Le soulagement l’envahit, aussitôt remplacé par la terreur. S’il était encore vivant, il ne le resterait qu’aussi longtemps que Constant le croyait mort.
    La nuit était tombée. Bien que la lampe du docteur fut cassée, les autres lanternes jetaient des flaques inégales de lumière jaune sur le sol.
    Léonie s’obligea à faire un pas vers l’homme qu’elle avait cru aimer.
    — Cela en valait-il la peine, monsieur ? De vous damner ? Et pour quelle raison ? La jalousie ? La vengeance ? Car ce n’est assurément pas l’honneur.
    Elle fit encore un pas, cette fois de côté, espérant couvrir Pascal.
    — Laissez-moi m’occuper de mon frère. D’Isolde.
    Elle était maintenant assez près pour distinguer l’expression méprisante qu’affichait Constant. Elle n’arrivait pas à croire qu’elle lui avait trouvé des traits distingués, nobles. Il semblait si manifestement vil, avec sa bouche cruelle et ses pupilles en tête d’épingle. Il la dégoûtait.
    — Vous n’êtes pas en position de donner des ordres, mademoiselle Vernier. (Il se tourna vers l’endroit où gisait Isolde.) Quant à cette putain… Une seule balle, c’était trop beau pour elle. J’aurais voulu la faire souffrir autant qu’elle m’a fait souffrir.
    Léonie soutint son regard bleu sans fléchir.
    — Vous ne pouvez plus rien contre elle, assura-t-elle en mentant sans hésiter.
    — Vous me pardonnerez, mademoiselle Vernier, de ne pas vous croire sur parole. D’ailleurs, je ne vois pas couler vos larmes. (Il jeta un coup d’œil au corps de Gabignaud.) Vous avez des nerfs d’acier, mais je ne vous crois pas le cœur aussi dur.
    Il hésita, comme s’il s’apprêtait à tirer. Léonie se raidit dans l’attente de la balle qui la frapperait fatalement. Elle se rendit compte que Pascal se préparait à agir. Il lui fallut toute sa volonté pour ne pas regarder dans sa direction.
    — D’ailleurs, reprit Constant, par votre caractère, vous me rappelez beaucoup votre mère.
    Tout se figea, comme si le monde retenait son souffle. Les nuages blancs, glacés dans l’air nocturne, le frémissement du vent entre les branches dénudées des arbres, le bruissement des buissons de genévrier. La langue de Léonie se délia enfin.
    — Que voulez-vous dire par là ?
    Chaque mot retombait comme du plomb dans l’air glacial.
    La satisfaction de Constant émanait de lui comme les miasmes sortant d’une tannerie, âcres et pestilentiels.
    — Vous ne savez donc toujours pas ce qui est arrivé à votre mère ?
    — Que dites-vous là ?
    — Tout Paris en parle. Il paraît que c’est l’un des meurtres les plus horribles qui aient frappé l’esprit prosaïque des gendarmes du 8 e arrondissement depuis très longtemps.
    Léonie recula d’un pas, comme s’il l’avait frappée.
    — Elle est morte ?
    Ses dents commencèrent à s’entrechoquer. Le silence de Constant lui fit comprendre qu’il disait la vérité, mais son esprit ne voulait pas l’accepter. Autrement, elle s’effondrerait. Pendant ce temps, Isolde et Anatole perdaient leur sang.
    — Je ne vous crois pas, parvint-elle à articuler.
    — Mais si, mademoiselle Vernier, je le vois à votre expression.
    Il laissa retomber son bras, cessant un instant de viser Léonie. Elle recula d’un pas. Derrière elle, elle sentit Denarnaud se déplacer, se rapprocher, lui barrer la route. Devant elle, Constant se rapprochait rapidement. Puis, du coin de l’œil, elle vit Pascal s’accroupir, saisir l’un des pistolets de la boîte qu’ils avaient apportée.
    — Attention ! lui cria-t-il.
    Léonie réagit sans hésitation et se jeta par terre tandis qu’une balle sifflait au-dessus de sa tête.
    Denarnaud s’écroula, frappé dans le

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