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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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brûlant, qui ne la rafraîchissaient qu’un instant.
    Quand la drogue eut agi, la chaleur tourna au froid et le corps d’Isolde s’agita sous les draps, comme pris d’une danse de Saint-Guy.
    Léonie craignait tant pour la vie d’Isolde qu’elle ne songeait plus aux scènes violentes auxquelles elle venait d’assister ni aux pertes qu’elle venait de subir de peur de céder à l’accablement. Sa mère, morte. Anatole, mort. La vie d’Isolde et de l’enfant qu’elle portait ne tenant qu’à un fil.
    La lune montait dans le ciel. C’était la veille de la Toussaint.
    Peu de temps après qu’11 heures eurent sonné à l’horloge, on frappa à la porte. Pascal parut.
    — Madomaisèla Léonie, chuchota-t-il, des… messieurs veulent vous voir.
    — Le prêtre ? L’abbé Saunière est arrivé ?
    Il secoua la tête.
    — M. Baillard. Et aussi la police.
    Prenant congé du médecin et promettant à Marieta qu’elle reviendrait dès que possible, Léonie suivit rapidement Pascal.
    Du haut de l’escalier, elle scruta le rassemblement de hauts-de-forme noirs et de pardessus dans le vestibule. Deux hommes portaient l’uniforme de la gendarmerie parisienne ; un troisième, une version provinciale et râpée de la même tenue. Dans la forêt de vêtements sombres et sinistres se détachait une mince silhouette en costume clair.
    — Monsieur Baillard, s’écria-t-elle en dévalant l’escalier pour lui prendre la main. Je suis si contente que vous soyez ici. Anatole…
    Sa voix se brisa. Elle était incapable d’en dire plus.
    Baillard hocha la tête.
    — Je suis venu vous présenter mes condoléances, dit-il cérémonieusement, en ajoutant d’une voix plus basse afin que ses compagnons ne l’entendent pas : Et madama Vernier ? Comment va-t-elle ?
    — Mal. C’est surtout son état mental qui inquiète le médecin, plus que les conséquences de sa blessure. Bien qu’il importe d’éviter l’infection, la balle n’a fait que lui écorcher le bras.
    Léonie se tut brusquement. Elle venait de se rendre compte de ce que M. Baillard avait dit.
    — Vous saviez qu’ils étaient mariés ? souffla-t-elle. Pas moi… Comment…
    Baillard posa un doigt sur ses lèvres.
    — Cette conversation ne doit pas avoir lieu maintenant ni en telle compagnie.
    Il lui sourit, puis éleva la voix.
    — C’est par hasard, madomaisèla Léonie, que ces messieurs et moi nous rendions au Domaine de la Cade. Il s’agit d’une pure coïncidence.
    Le plus jeune des deux policiers se décoiffa et s’avança vers eux. Il avait les yeux cernés, comme s’il n’avait pas dormi depuis plusieurs jours.
    — Inspecteur Thouron, dit-il en tendant la main. Paris, commissariat du 8 e arrondissement. Depuis plusieurs semaines, je recherche votre frère pour l’informer – et vous aussi, d’ailleurs – que…
    Léonie tira la lettre de sa poche.
    — Ne vous donnez pas cette peine, monsieur l’inspecteur, souffla-t-elle d’une voix morne. Je sais que ma mère est morte. Ceci est arrivé hier, après plusieurs détours. Et aussi, ce soir, Vic…
    Elle s’interrompit, résolue à ne pas prononcer son nom.
    Thouron plissa les yeux.
    — Nous avons eu du mal à vous retrouver, votre frère et vous.
    Léonie devinait une intelligence vive sous l’allure débraillée et les traits exténués de l’inspecteur.
    — Et au vu de la… tragédie de ce soir, je me demande si les événements du mois dernier à Paris et ceux qui se sont produits ici ne sont pas liés.
    Léonie jeta un coup d’œil à M. Baillard, puis à un homme plus âgé qui se tenait près de l’inspecteur Thouron. Ses cheveux étaient grisonnants et il avait les traits sombres et vigoureux des hommes du Midi.
    — Vous ne m’avez pas encore présenté votre collègue, inspecteur Thouron, dit-elle en espérant gagner un peu de temps avant l’entretien officiel.
    — Je vous demande pardon, dit-il. Voici l’inspecteur Bouchou de la gendarmerie de Carcassonne. Il m’a aidé à vous retrouver.
    — Je ne comprends pas, inspecteur Thouron. Vous avez envoyé une lettre de Paris, mais vous êtes aussi venu en personne ? Et vous êtes ici ce soir. Comment cela se fait-il ?
    — Puis-je vous proposer, dit Audric Baillard d’une voix calme mais avec une autorité qui ne permettait aucun refus, de poursuivre cette conversation dans un lieu plus discret ?
    Léonie sentit les doigts de Baillard sur son bras et comprit qu’elle devait

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