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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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campagne anglaise qui défilait au lieu de taper ses notes. Puis le train avait plongé sous la Manche pour être englouti par le tunnel en béton. L’atmosphère était devenue oppressante, du moins avait-elle mis fin au babil incessant des portables. Trente minutes plus tard, ils émergeaient de l’autre côté, dans le paysage brun et plat du nord de la France.
    Meredith se renfonça dans son siège et laissa vagabonder ses pensées. Elle était partie pour un voyage d’études de quatre semaines en France et en Grande-Bretagne afin d’écrire une biographie sur le compositeur Claude Debussy et les femmes qu’il avait connues. Après deux ans de recherches et de projets qui ne l’avaient menée nulle part, elle avait décidé de faire une pause. Il y a six mois, une petite maison d’édition universitaire nouvellement fondée lui avait fait une offre modeste pour le livre. L’avance n’était pas énorme, mais comme Meredith n’avait encore aucun renom dans le domaine de la critique musicale, c’était déjà bien. Assez en tout cas pour réaliser son rêve de venir en Europe. Car elle voulait écrire non pas un énième mémoire sur Debussy, mais le livre, la biographie de référence.
    Deuxième coup de chance, elle avait obtenu un poste de professeur à temps partiel dans un collège privé aux abords de Raleigh Durham, qui débuterait au second semestre. L’avantage, c’était que le collège se trouvait non loin de chez ses parents adoptifs – ce qui lui permettrait d’économiser sur tous les frais courants, blanchisserie, notes de téléphone, alimentation –, et tout près de l’université de Caroline du Nord, son Alma Mater.
    Après dix ans d’études autofinancées, Meredith avait accumulé beaucoup de dettes. Mais avec l’argent qu’elle avait gagné en donnant des leçons de piano, plus l’avance de la maison d’édition et la perspective d’un salaire régulier, elle avait pris son courage à deux mains et réservé ses billets pour l’Europe.
    Elle devrait remettre le manuscrit à son éditeur fin avril. Pour le moment, elle était dans les temps. Et même un peu en avance. Elle avait d’abord passé dix jours en Angleterre, et s’apprêtait maintenant à séjourner deux semaines en France, principalement à Paris. Mais elle avait aussi prévu un séjour éclair dans une petite ville du sud-ouest, Rennes-les-Bains. D’où ces deux nuits d’hôtel au Domaine de la Cade.
    La raison officielle de ce détour, c’était qu’il lui fallait vérifier une piste sur la première femme de Debussy, Lilly, avant de rentrer à Paris. S’il ne s’était agi que de cela, elle ne se serait pas donné tant de peine. Bien sûr, c’était une recherche intéressante, mais les indices dont elle disposait étaient ténus et ne représentaient rien d’essentiel pour l’ensemble du livre. Mais elle avait un autre motif pour se rendre à Rennes-les-Bains. Un motif personnel.
    Meredith tira de la poche intérieure de son sac une enveloppe en papier kraft, où la formule ne pas plier était inscrite en rouge. Elle en sortit deux ou trois vieilles photographies sépia, écornées et gondolées, ainsi qu’une partition de musique pour piano. Elle contempla une fois de plus des visages devenus familiers avant de se pencher sur la partition écrite à la main sur du papier jaune. C’était une simple mélodie en la mineur, dont on avait inscrit le titre et la date en haut de la feuille dans une écriture à l’ancienne mode, penchée et un peu ornementée : Sépulcre 1891.
    Elle connaissait cette musique par cœur, sur le bout des doigts. Avec les trois photos qui l’accompagnaient, c’était tout ce que Meredith avait reçu de sa mère naturelle. Plus qu’un héritage, un talisman.
    Elle était bien consciente que ce voyage pourrait se révéler décevant. Les événements remontaient si loin dans le temps qu’ils avaient dû s’estomper. Mais ignorant pratiquement tout du passé de sa famille, Meredith n’avait rien à perdre, et peut-être quelque chose à y gagner. Cela valait le coup, ainsi que le prix du billet d’avion.
    Les voies s’étaient multipliées. Le train se mit à ralentir et les lumières de la gare du Nord se profilèrent enfin. Une certaine agitation s’empara de la voiture. Après avoir partagé ce voyage dans un temps suspendu, chacun retournait au monde réel, resserrait sa cravate, prenait son manteau, à nouveau tendu vers un but précis.
    Elle rassembla

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