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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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les photos, la musique, ses autres documents, et rangea le tout dans son sac. Elle se fit une queue-de-cheval, lissa sa frange et s’avança dans l’allée.
    Avec ses hautes pommettes, ses yeux brun clair et sa silhouette menue, Meredith avait plus l’air d’une élève de terminale que d’une étudiante de vingt-huit ans. Aux États-Unis, elle avait toujours sa carte d’identité sur elle au cas où on la lui réclamerait avant de la servir dans un bar. Comme elle levait les bras pour descendre du porte-bagages son blouson et son sac fourre-tout, son haut remonta, découvrant un ventre plat et bronzé, et elle se rendit compte que les quatre types assis de l’autre côté de l’allée la mataient.
    Meredith enfila son blouson.
    —  Have a good trip, guys , leur lança-t-elle avec un petit sourire ironique, avant de se diriger vers la sortie.
    À la seconde où elle descendit sur le quai, elle se heurta à un vacarme assourdissant. Les cris et les appels des gens qui se faisaient signe de loin, la foule, la cohue, les ding-ding-dong tonitruants suivis des annonces que les haut-parleurs beuglaient pour informer les voyageurs des prochains départs. Une frénésie générale qui lui parut folle, après l’atmosphère feutrée du train.
    Les sens en éveil, Meredith sourit en absorbant avec délices tout ce qui faisait de Paris une ville unique en son genre. Déjà elle se sentait quelqu’un de différent.
    Un sac sur chaque épaule, elle traversa le hall de la gare en suivant les pancartes et fit la queue pour avoir un taxi. L’homme qui la précédait hurlait dans son portable en agitant sa cigarette. Des volutes de fumée bleue sentant la vanille serpentaient dans la nuit, sur le fond grisâtre des immeubles d’en face.
    Elle donna au chauffeur l’adresse d’un hôtel du 4 e arrondissement, rue du Temple, dans le quartier du Marais. Il était situé en plein centre, ce qui lui permettrait de faire un peu de tourisme si elle en avait le temps, en allant au Centre Pompidou et au musée Picasso, tout près, mais surtout de peaufiner ses recherches en divers lieux de la ville, le Conservatoire, des salles de concerts, ainsi que des archives et adresses privées.
    Le chauffeur mit son sac fourre-tout dans le coffre, claqua la portière, puis démarra en trombe, projetant Meredith en arrière sur son siège. À mesure qu’il se faufilait dans les encombrements à une allure folle, elle se cramponna à son sac tout en regardant les cafés, boulevards, scooters et réverbères qui défilaient à toute allure.
    Meredith avait l’impression de connaître intimement toutes les femmes qui avaient gravité autour de Debussy, les muses, maîtresses ou épouses, Marie Vasnier, Gaby Dupont, Thérèse Roger, Lilly Texier, sa première femme, Emma Bardac, sa seconde, et Chouchou, sa fille bien-aimée. Leurs visages, leurs histoires, leurs traits de caractère habitaient son esprit, ainsi que les dates, les références et les compositions qui les concernaient. Le premier jet de la biographie prenait déjà une tournure prometteuse. Il lui fallait maintenant donner vie et couleur à ses personnages, et restituer l’atmosphère de l’époque.
    Par moments, la vie de Debussy lui semblait plus réelle que sa morne existence, et elle s’en inquiétait un peu. Alors elle chassait vite cette idée. C’était agréable d’avoir un but. Si elle voulait respecter sa date de remise, il fallait qu’elle s’y tienne encore un peu.
    Le taxi s’arrêta dans un crissement de pneus.
    — Hôtel Axial-Beaubourg. Nous y sommes, dit le chauffeur.
    Meredith lui régla sa course, puis entra dans l’hôtel.
     
    Le décor était très moderne, froid, minimaliste, tout en lignes droites, acier et verre. En fait, on aurait pu se croire à New York, dans l’un de ces boutique hôtels. Il n’avait rien de typiquement français et elle le regrettait.
    Tout ça manque un peu de simplicité, songea Meredith.
    À l’autre bout du hall les clients accoudés au bar étaient habillés de vêtements bien coupés et de bon ton. Beaucoup de grège et de noir. Des shakers étincelaient sur le comptoir en ardoise, les bouteilles se reflétaient dans le miroir sous les néons bleus, dans le tintement des verres et des cubes de glace.
    Meredith sortit de son portefeuille une autre carte de crédit que celle qu’elle utilisait en Grande-Bretagne, au cas où elle aurait dépassé la limite autorisée, et s’approcha de l’accueil. En costume

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