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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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plateau.
    — Il y a quelque chose pour moi ? s’enquit Anatole.
    — Non, rien, mon chéri, répondit Marguerite.
    Elle prit une grosse enveloppe d’un air intrigué et, quand elle examina le tampon de la poste, Léonie la vit soudain changer de couleur.
    — Si vous voulez bien m’excuser, dit leur mère en se levant promptement de table pour quitter la pièce, sans que ses enfants aient eu le temps de protester.
    — Qu’est-ce qui t’est arrivé, au nom du ciel ? souffla Léonie à son frère dès qu’elle fut partie. Dis-le-moi avant que maman ne revienne.
    Anatole posa sa tasse de café.
    — Je n’en suis pas fier, mais figure-toi que je me suis pris le bec avec le croupier de chez Frascati. Il essayait de m’escroquer, et j’ai fait l’erreur d’en parler au directeur.
    — Et alors ?
    — Alors pour tout dire, il m’a ordonné de quitter les lieux et je me suis fait reconduire, soupira Anatole. Je n’avais pas fait plus de cinq cents mètres que deux lascars me sont tombés dessus.
    — Envoyés par le club ?
    — Je suppose.
    Elle le scruta en se doutant que l’affaire ne se terminait pas là.
    — Tu leur dois de l’argent ?
    — Un peu…, reconnut-il d’un air gêné. D’ailleurs, après tout ce qui s’est déjà passé, je me dis qu’il serait sage de me faire oublier en m’éloignant quelque temps de Paris.
    — Oh non ! Je t’en prie ! s’exclama Léonie, mortifiée à l’idée de se retrouver seule dans l’appartement entre sa mère et l’ennuyeux Du Pont. En plus, où irais-tu ?
    — J’ai une idée, sœurette, répondit Anatole en s’accoudant et en baissant la voix. Mais j’aurai besoin de ton soutien… Tu m’aideras ?
    — Évidemment, mais…
    À cet instant, leur mère réapparut sur le seuil, la lettre à la main. Ses ongles vernis de rose tranchaient sur le bistre du papier à lettres. Quand Anatole lui fit signe de se taire en mettant un doigt sur ses lèvres, Léonie s’empourpra violemment.
    — Chérie, ne rougis pas comme une pivoine, dit Marguerite en revenant à la table. C’est presque indécent. On dirait une grisette des faubourgs.
    — Désolée, maman, rétorqua Léonie, mais nous étions inquiets, Anatole et moi. Tu n’as pas reçu de mauvaises nouvelles, au moins ?
    Marguerite se contenta de contempler la lettre sans rien dire.
    — De qui est-ce, maman ? finit par demander Léonie, comme sa mère restait sans réaction.
    On aurait presque dit qu’elle avait oublié leur présence.
    — Maman ? insista Anatole. Tu veux que j’aille te chercher quelque chose ? Tu n’as pas l’air bien.
    — Non, merci, mon chéri. C’est juste l’effet de surprise.
    — Qui t’a envoyé cette lettre ? répéta Léonie d’un air excédé, comme si elle s’adressait à une enfant particulièrement bornée.
    — Elle vient du Domaine de la Cade, répondit enfin Marguerite. De votre tante Isolde. La veuve de mon demi-frère, Jules.
    — Celui qui est mort en janvier ?
    — Qui s’est éteint. Mort, cela fait vulgaire, corrigea sa mère presque machinalement. Oui, il s’agit bien de lui.
    — Pourquoi t’écrit-elle si longtemps après ?
    — Oh, cela lui arrive à l’occasion. Une fois, c’était pour m’annoncer leur mariage, une autre pour m’informer de la mort de Jules et des détails de ses funérailles… Je regrette seulement que ma santé ne m’ait pas permis de faire le voyage en cette époque de l’année.
    Léonie savait pertinemment que sa mère ne voudrait jamais retourner dans la demeure où elle avait grandi aux abords de Rennes-les-Bains, quelles que soient la saison ou les circonstances. Marguerite et son demi-frère étaient brouillés.
    Léonie tenait l’histoire d’Anatole, qui la lui avait racontée dans les grandes lignes. Guy Lascombe, le père de Marguerite, s’était marié jeune, pressé par les événements. Quand sa femme était morte six mois plus tard en donnant le jour à Jules, Lascombe avait confié son fils à la garde d’une gouvernante, puis d’une longue file de précepteurs, et était rentré sur Paris. Il avait pris en charge l’éducation de son fils et l’entretien du domaine. Puis, quand Jules était devenu majeur, il lui avait octroyé une rente annuelle confortable, sans toutefois lui accorder plus d’attention qu’auparavant.
    Ce ne fut qu’à la fin de sa vie que Grand-Père Lascombe se remaria. Mais il ne renonça pas pour autant à sa vie dissolue. Il

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