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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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de poing. Il s’effondra. Les fils de ces hommes avaient été les compagnons de jeu d’Émile. Ils le hissèrent par-dessus la rampe d’escalier et le précipitèrent dans le vide. Il sembla suspendu en l’air une fraction de seconde, puis il atterrit au pied de l’escalier, bras et jambes désarticulés, les yeux fixes. Un mince filet de sang coulait à la commissure de ses lèvres.
    Le cousin de Marieta, Antoine, un peu simple d’esprit mais capable de distinguer le bien du mal, reconnut l’homme qui s’avançait vers lui ceinture à la main. C’était le père de l’un des enfants suppliciés. Son visage était tordu par l’amertume et la douleur.
    Sans réfléchir, Antoine se jeta sur lui et le prit à bras-le-corps pour tenter de le jeter par terre. Antoine était fort et costaud, mais il ne savait pas se battre. Il fut aussitôt plaqué au sol. Il leva les mains pour se protéger le visage, mais trop lentement.
    Quand la ceinture le frappa en pleine figure, la boucle métallique l’atteignit à l’œil. Le monde d’Antoine vira au rouge.
     
    Au pied de l’escalier, Constant, la main levée pour s’abriter de la chaleur et de la suie, attendait le rapport de son domestique.
    — Ils ne sont pas ici, haleta ce dernier. J’ai cherché partout. Il semble qu’ils aient décampé avec un vieillard et la gouvernante il y a environ un quart d’heure.
    — À pied ?
    Le domestique hocha la tête.
    — J’ai trouvé ceci, monsieur. Dans le salon.
    Victor Constant prit l’objet d’une main tremblante.
    C’était une carte de tarot, la figure d’un démon grotesque avec deux amants enchaînés à ses pieds. Il tenta de l’examiner, mais la fumée l’empêchait d’en distinguer les détails. Il lui sembla cependant que le démon bougeait, qu’il ployait sous un fardeau invisible ; quant aux amants, ils avaient pris les traits de Vernier et d’Isolde.
    Il frotta ses yeux endoloris de ses doigts gantés, puis il eut une idée.
    — Quand tu iras t’occuper de Gélis, laisse cette carte près du corps. Cela embrouillera l’affaire. Tout Coustaussa sait que la fille est passée.
    Le valet hocha la tête.
    — Et vous, monsieur ?
    — Aide-moi à regagner la voiture. Un enfant, une femme et un vieillard ? Ils ne peuvent pas être allés très loin. Ils se cachent sans doute quelque part dans la propriété. La forêt est dense et les pentes sont escarpées. Il n’y a qu’un seul endroit où ils puissent se réfugier.
    — Et eux ?
    Le domestique désigna la foule d’un signe de tête.
    Les cris se faisaient de plus en plus assourdissants ; le combat atteignait son paroxysme. Bientôt, le pillage commencerait. Même si le petit garçon échappait à Constant, il ne trouverait plus rien à son retour. Il serait ruiné.
    — Laisse-les faire.

96.
    Quand ils atteignirent la forêt, le trajet devint plus pénible. Même si Louis-Anatole était vigoureux et M. Baillard, malgré son grand âge, étonnamment agile, ils avançaient lentement. Ils avaient emporté une lampe, mais ne l’avaient pas allumée de crainte d’attirer l’attention.
    Léonie constata que ses pieds connaissaient le chemin du sépulcre, pourtant si longtemps évité. Sa longue cape noire soulevait les feuilles mortes sur le sol humide de la colline. Elle songea à tous ses trajets au sein du domaine – vers la clairière bordée de genévriers où Anatole avait péri ; vers les tombes de son frère et d’Isolde, côte à côte sur le promontoire au bord du lac – et son cœur se serra à l’idée de ne jamais les revoir. Elle s’était longtemps sentie confinée dans les limites étroites de son existence ; maintenant que l’heure était venue de la quitter, elle n’en avait plus aucune envie. Les rochers, les collines, les bosquets, les sentiers faisaient désormais partie de la femme qu’elle était devenue.
    — Sommes-nous bientôt arrivés, tante Léonie ? gémit Louis-Anatole au bout d’un quart d’heure. Mes bottes me font mal aux pieds.
    — Presque, répondit-elle en lui pressant la main. Attention de ne pas glisser.
    — Tu sais, affirma-t-il d’une voix qui démentait ses propos, je n’ai pas du tout peur des araignées.
    Ils ralentirent le pas en atteignant la clairière. L’allée de cyprès semblait plus dense, plus enchevêtrée, et ses cimes plus impénétrables que la première fois que Léonie y était venue.
    Pascal les attendait. Les deux lanternes du cabriolet

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