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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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crachotaient dans l’air froid et les chevaux grattaient le sol durci.
    — Qu’est-ce que c’est que cet endroit, tante Léonie ? demanda Louis-Anatole, sa curiosité l’emportant sur la peur. Sommes-nous toujours dans la propriété ?
    — Oui. C’est un ancien mausolée.
    — Là où on enterre les gens ?
    — Parfois.
    — Pourquoi papa et maman n’y sont-ils pas enterrés ?
    Léonie hésita.
    — Parce qu’ils préfèrent être dehors, parmi les arbres et les fleurs. Ils reposent ensemble au bord du lac, tu n’as pas oublié ?
    Louis-Anatole fronça les sourcils.
    — Parce qu’ils veulent entendre les oiseaux ?
    Léonie sourit.
    — C’est ça.
    — Pourquoi ne m’as-tu jamais emmené jusqu’ici ? s’enquit-il en s’avançant d’un pas vers la porte. Parce qu’il y a des fantômes ?
    Léonie le retint d’une main.
    — Le temps presse, Louis-Anatole.
    Son visage se décomposa.
    — Je ne peux pas entrer ?
    — Pas maintenant.
    — Il y a des araignées ?
    — Peut-être, mais comme tu n’as pas peur des araignées, ça ne te ferait rien.
    Il hocha la tête mais il avait blêmi.
    — Nous reviendrons une autre fois, fit-il. Quand il fera jour.
    — C’est une excellente idée.
    Elle sentit la main de M. Baillard sur son bras.
    — Nous ne devons pas nous attarder, dit Pascal. Nous devons être en route lorsque Constant se rendra compte que nous ne sommes pas dans la maison. (Il se pencha pour attraper Louis-Anatole et le déposer dans le cabriolet.) Alors, pichon, prêt pour l’aventure ?
    Louis-Anatole hocha la tête.
    — C’est loin, ajouta Pascal.
    — Plus loin que le lac de Barrenc ?
    — Bien plus loin, répondit Pascal.
    — Ça ne fait rien, dit Louis-Anatole. Marieta voudra bien jouer avec moi ?
    — Bien sûr.
    — Et tante Léonie me racontera des histoires.
    Les adultes échangèrent des regards affligés. En silence, M. Baillard et Marieta montèrent dans le cabriolet et Pascal s’installa sur le banc du cocher.
    — Viens, tante Léonie, dit Louis-Anatole.
    Léonie referma la portière rapidement.
    — Prenez soin de lui.
    — Vous n’êtes pas obligée, fit Baillard. Constant est malade. Il est possible que le temps et la nature mettent bientôt fin à cette vendetta. Si vous patientez, tout ceci se terminera par la force des choses.
    — C’est possible, répliqua-t-elle d’une voix farouche. Mais je ne veux pas courir ce risque. Cela pourrait mettre trois, cinq, voire dix ans. Je ne veux pas que Louis-Anatole grandisse sous une telle menace, me demander constamment quand le malheur fondra sur nous, guetter les ténèbres en sachant que quelqu’un, quelque part, attend le moment de frapper.
    Un souvenir d’Anatole, épiant la rue de Berlin par la fenêtre de leur ancien appartement. Un autre, du visage hanté d’Isolde scrutant l’horizon, voyant le danger partout.
    — Non, reprit-elle d’une voix plus ferme. Je ne veux pas que Louis-Anatole mène une telle existence. (Elle sourit.) Il faut en finir. Maintenant, ce soir, ici. (Elle inspira profondément.) C’est aussi votre avis, Sajhë.
    Un instant, dans la lueur vacillante des lanternes, leurs regards se croisèrent. Puis il hocha la tête.
    — Je replacerai les cartes dans leur cachette, fit-il d’une voix douce, quand le garçon sera en sécurité et que personne ne pourra m’observer. Vous pouvez me faire confiance.
    — Tante Léonie ? lança Louis-Anatole d’un ton anxieux.
    — Mon petit, j’ai quelque chose à faire, dit-elle en tentant de maîtriser sa voix, je ne peux pas venir avec toi pour l’instant. Tu seras tout à fait en sécurité avec Pascal, Marieta et M. Baillard.
    Le visage de l’enfant se chiffonna et il tendit les bras vers elle, comprenant d’instinct qu’il ne s’agissait pas d’une séparation temporaire.
    — Non ! s’écria-t-il. Je ne veux pas te quitter, ma tante ! Je ne te laisserai pas ici !
    Il se mit en travers du siège pour se jeter au cou de Léonie. Elle l’embrassa et lui caressa les cheveux, puis se dégagea fermement.
    — Non ! hurla le petit garçon en se débattant.
    — Sois sage avec Marieta, dit-elle, la voix éraillée. Et occupe-toi bien de M. Baillard et de Pascal.
    Reculant d’un pas, elle tapa sur la portière du cabriolet.
    — Partez, s’écria-t-elle. Partez !
    Pascal fit claquer son fouet et le cabriolet s’ébranla. Tandis qu’il s’éloignait, Léonie tenta de ne pas écouter la

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