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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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voix, de plus en plus assourdie, de Louis-Anatole qui l’appelait en pleurant.
    Quand elle n’entendit plus le cliquetis des roues sur le sol durci par le gel, elle fit volte-face et s’avança vers la porte de la vieille chapelle. Aveuglée par les larmes, elle agrippa la poignée métallique. Elle hésita et se retourna à demi pour regarder par-dessus son épaule. Une lueur orangée s’élevait à l’horizon, crachant des étincelles et des nuages de fumée grise dans le ciel noir.
    La maison brûlait.
    Son courage s’affermit. Elle fit tourner la poignée, poussa la porte et franchit le seuil du sépulcre.

97.
    Une lourde bouffée d’air glacial l’assaillit.
    Léonie laissa ses yeux se faire à l’obscurité. Elle tira la boîte d’allumettes de sa poche, ouvrit le panneau vitré de sa lanterne et tint l’allumette contre la mèche jusqu’à ce qu’elle prenne.
    Les yeux bleus d’Asmodée étaient fixés sur elle. Léonie pénétra dans la nef. Les peintures murales semblaient palpiter, osciller et s’avancer vers elle tandis qu’elle marchait lentement vers l’autel. Dans le silence de la tombe, la poussière et le gravillon crissaient bruyamment contre les dalles, sous ses semelles.
    Elle ne savait pas au juste quoi faire en premier. Elle tâta les cartes dans sa poche. Dans l’autre poche, le portefeuille en cuir contenait les aquarelles qui les représentaient, Anatole, Isolde et elle : Léonie n’avait pas voulu les abandonner.
    Elle avait enfin avoué à M. Baillard qu’après avoir découvert les cartes, elle était retournée à plusieurs reprises consulter le livre de son oncle, jusqu’à le connaître par cœur. Malgré cela, elle ne comprenait toujours pas très bien l’explication de M. Baillard sur la façon dont la vie recelée par les cartes et la musique portée par le vent pouvaient agir l’une sur l’autre pour convoquer les fantômes qui habitaient ce lieu ancien.
    Est-ce bien vrai ? se demanda-t-elle.
    Pourtant Léonie avait compris que ce n’étaient ni les cartes, ni la musique, ni le lieu, mais la concordance des trois qui agissait au sein du sépulcre.
    Si le manuscrit de son oncle était à prendre au pied de la lettre, elle ne pourrait pas faire demi-tour. Les esprits s’empareraient d’elle. Ils avaient déjà tenté de le faire – et ils avaient échoué – mais cette nuit elle les laisserait l’emporter, s’ils emportaient aussi Constant.
    Et Louis-Anatole sera en sécurité, se dit-elle.
    Soudain un grattement, puis de petits coups secs la firent sursauter. Elle regarda autour d’elle ; ce n’étaient que des branches d’arbre qui tapaient contre la fenêtre. Elle poussa un soupir de soulagement.
    Posant la lampe par terre, Léonie fit craquer une seconde allumette, puis d’autres, pour allumer les cierges en suif fixés aux murs. Des gouttes de graisse glissèrent sur les mèches mortes pour se figer sur le métal froid des appliques, mais peu à peu, les mèches s’enflammèrent, baignant le sépulcre d’une lueur jaune et vacillante.
    Léonie s’avança ; elle avait l’impression que les huit tableaux de l’abside observaient ses moindres mouvements. Elle retrouva l’endroit, devant l’autel, où plus d’une génération auparavant, Jules Lascombe avait tracé le nom du Domaine sur une dalle. C-A-D-E.
    Sans savoir au juste comment procéder, elle sortit les cartes, les déballa et plaça le jeu au milieu du carré tracé sur la dalle ; les mots de son défunt oncle lui revinrent à l’esprit. Elle posa son portefeuille à côté du jeu, sans en retirer ses aquarelles.
    Dont le pouvoir me permettrait alors de pénétrer dans une autre dimension.
    Léonie redressa la tête. Tout se figea un instant. Le vent sifflait entre les arbres. Elle tendit l’oreille. La fumée montait encore toute droite des cierges, mais elle croyait déceler une musique, des notes chétives, un sifflement aigu dans le vent qui s’insinuait entre les branches des bouleaux et des cyprès de l’allée, qui s’infiltrait sous la porte et par les interstices des vitraux.
    Il y eut un violent courant d’air et j’eus soudain la sensation que je n’étais plus seul.
    Léonie sourit en se rappelant ce passage du manuscrit. Elle n’avait plus peur, maintenant : elle était plutôt curieuse. Une seconde, en levant les yeux vers l’abside octogonale, elle crut voir bouger le visage de La Force. Un sourire presque imperceptible s’était dessiné sur son

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