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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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salon qui donnaient sur la rue, fermées. On avait tiré les rideaux de chintz jaune. Le papier peint à fleurs, jadis de bonne qualité, s’était fané sous l’effet persistant des rayons du soleil. Des particules de poussière dansaient au-dessus des rares meubles restés sans protection.
    Sur la table, des roses oubliées dans un vase retombaient tristement, sans plus de parfum. Pourtant un effluve flottait dans la pièce, à peine perceptible, qui mêlait un léger arôme de tabac turc à l’odeur, plus intrigante en ces lieux, de la mer et de ses embruns.
    Il imprégnait les vêtements gris de l’homme qui se tenait debout en silence, entre les deux fenêtres, masquant la pendule en porcelaine de Sèvres posée sur le manteau de la cheminée.
    Les épaules larges et le front haut, il avait le corps puissant d’un aventurier plutôt que celui d’un dandy, et sous des sourcils noirs retaillés, des yeux d’un bleu perçant, où les pupilles ressortaient.
    Marguerite était assise très droite sur l’un des fauteuils en acajou, dans son négligé de soie rose attaché au cou par un gros nœud jaune. Le tissu drapait ses belles épaules blanches et retombait de façon exquise sur le siège et les bras du fauteuil en velours jaune. On aurait dit qu’elle posait pour un peintre. Seule l’angoisse qui se lisait dans ses yeux démentait le charme enchanteur de l’image qu’elle formait. Cela, et l’étrange position de ses bras, qui étaient tirés en arrière et ligotés.
    Un deuxième homme, dont le crâne rasé était couvert de cloques et de vilaines taches rouges, montait la garde derrière le fauteuil, aux ordres de son maître.
    — Alors, où est-il ? demanda ce dernier d’un ton glacial.
    Marguerite le regarda. Elle se rappela l’attirance soudaine qu’elle avait ressentie pour lui au premier coup d’œil et l’en détesta plus encore. De tous les hommes qu’elle avait connus, seul son mari, Léo Vernier, avait eu sur elle ce pouvoir.
    — Vous étiez au restaurant. Chez Voisin, dit-elle, mais il ne releva pas.
    — Où est Vernier ?
    — Je l’ignore, répéta Marguerite. Il est maître de son temps. Souvent il disparaît pendant des jours sans donner de nouvelles.
    — Votre fils, oui. Mais pas votre fille. Elle mène une vie régulière et ne vagabonde pas sans chaperon. Pourtant elle aussi est absente.
    — Elle est chez des amis.
    — Et Vernier, est-il avec elle ?
    — Non.
    Son œil froid se promena sur les meubles couverts de draps blancs, les placards vides.
    — Combien de temps l’appartement va-t-il rester inoccupé ?
    — Quatre semaines. En fait, j’attends le général Du Pont, dit-elle en s’efforçant de maîtriser sa voix. Il peut arriver à tout moment pour venir me chercher et…
    Ses paroles finirent dans un cri quand le valet lui renversa la tête en arrière. L’autre appuya la lame d’un couteau sur sa peau.
    — Si vous partez maintenant, je ne dirai rien, dit-elle d’une voix étouffée. Je vous le promets. Laissez-moi, allez-vous-en.
    L’homme lui caressa la joue de sa main gantée.
    — Personne ne viendra, Marguerite. À l’étage en dessous le piano est silencieux. Les voisins du dessus sont à la campagne pour le week-end. Quant à vos domestiques, je les ai vues partir toutes les deux. Elles aussi vous croient déjà en route avec Du Pont.
    Il était bien informé. Un éclair de peur passa dans les yeux de Marguerite. Victor Constant approcha une chaise, si près qu’elle sentit son haleine sur son visage. Sous la moustache bien taillée, elle vit ses lèvres charnues, dont le rouge sang ressortait sur la peau pâle. C’était le faciès d’un prédateur, d’un loup. Et elle remarqua aussi un défaut. Une petite bosse derrière son oreille gauche.
    — Mon ami…
    — L’estimé général a reçu un mot reportant votre rendez-vous à 20 h 30. C’est-à-dire dans plus de cinq heures, observa-t-il après avoir jeté un coup d’œil à la pendule posée sur la cheminée. Vous voyez donc que nous avons tout notre temps. Et l’état dans lequel il vous trouvera en arrivant ici dépend entièrement de vous. Vivante ou morte… Pour moi, cela m’est bien égal, conclut-il, et il appuya la pointe de son couteau sous son œil.
    Un cri s’échappa des lèvres de Marguerite.
    — Très chère, je crains fort que vous n’ayez plus le même succès dans le monde, après avoir perdu votre beauté.
    — Que nous voulez-vous ? De

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