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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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l’argent ? Si Anatole vous en doit, je peux régler ses dettes.
    — Ah, si seulement c’était aussi simple ! répondit-il avec un rire. Et puis je me suis laissé dire que votre situation financière n’était pas des plus florissantes. Aussi généreux que puisse être le général envers vous, je doute qu’il paierait de quoi épargner à votre fils la banqueroute et l’assignation au tribunal.
    En secouant la tête, comme regrettant ce qu’on l’obligeait à faire, Constant appuya un peu plus la pointe du couteau.
    — Ce n’est pas une question d’argent. Vernier m’a pris quelque chose qui m’appartenait, dit-il, changeant soudain de ton.
    Ce qu’elle perçut dans sa voix l’effraya tant que Marguerite se mit à se débattre. Mais les efforts qu’elle fit pour dégager ses bras ne réussirent qu’à resserrer encore le fil métallique qui lui liait les poignets. Il lui rentra dans la chair et du sang goutta sur le tapis bleu.
    — Je vous en supplie ! s’écria-t-elle en luttant contre la panique qui l’envahissait. Laissez-moi lui parler. Je le persuaderai de vous rendre ce qu’il a pu vous prendre. Je vous en donne ma parole.
    — Il est trop tard, dit-il doucement en lui caressant la joue. Au fait, avez-vous pensé à transmettre ma carte à votre fils, chère Marguerite ?
    Sa main gantée de noir vint se poser sur la gorge blanche de sa victime et il serra, de plus en plus fort. Cherchant désespérément à aspirer de l’air, Marguerite s’arc-bouta en tendant le cou, et la jouissance qu’elle vit dans les yeux de son tortionnaire la terrifia autant que la violence de sa prise.
    Sans prévenir, il la relâcha et elle retomba dans le fauteuil en hoquetant, les yeux rouges, la gorge marquée de zébrures écarlates.
    — Commence par la chambre de Vernier, dit-il à son comparse. Cherche son journal. Il a à peu près cette taille, lui montra-t-il en écartant les mains.
    L’homme au crâne rasé se retira.
    — Reprenons, dit Constant comme s’il s’agissait d’une banale conversation. Où est votre fils ?
    Marguerite croisa son regard. Son cœur était rempli d’effroi à l’idée de ce qu’il allait lui infliger. Mais elle avait déjà été maltraitée par d’autres avant lui, et elle y avait survécu.
    — Je ne sais pas, dit-elle.
    Cette fois, il la frappa durement, d’un coup de poing en pleine face, qui fit craquer l’os de sa joue et valser sa tête en arrière. Du sang plein la bouche, Marguerite baissa la tête et cracha pour ne pas s’étouffer. Elle tressaillit au contact de ses gants en cuir sur sa peau, alors qu’il tirait sur le nœud de son déshabillé. Il se mit à respirer plus fort et elle sentit la chaleur qui se dégageait de lui tandis que de son autre main, il remontait les plis du tissu, découvrant ses genoux, ses cuisses.
    — Je vous en prie, non, murmura-t-elle.
    — Il est à peine 15 heures, dit-il en écartant une boucle de cheveux de son visage, d’un geste plein d’une cruelle douceur. Cela nous laisse largement le temps de vous persuader de parler. Et pensez à Léonie, Marguerite. Une si jolie jeune fille. Un peu trop impétueuse à mon goût, mais je suis tout prêt à faire une exception.
    Il dénuda ses épaules. Soudain Marguerite se calma, elle se retira en elle-même comme elle avait dû le faire tant de fois, contrainte et forcée. Elle fit le vide, chassant de son esprit l’image de l’homme qui se penchait sur elle. En cet instant, c’était la honte qui dominait ses autres sentiments, la honte de cet émoi qui l’avait prise quand elle avait ouvert la porte et l’avait introduit dans l’appartement.
    Sexe et violence. Deux vieux alliés qu’elle connaissait bien pour les avoir vus à l’œuvre tant et tant de fois. Sur les barricades de la Commune, dans les quartiers louches, ou encore cachés sous le respectable vernis des salons mondains qu’elle avait fréquentés ces derniers temps. Tous ces hommes que la haine animait au lieu du désir. Marguerite avait su en faire bon usage. Elle avait tiré parti de ses charmes, afin que sa fille n’ait jamais à mener la même vie.
    — Où est Vernier ?
    Il desserra ses liens et la traîna à terre.
    — Où est Vernier ?
    — Je ne sais pas…
    La maintenant au sol, il la frappa. Encore et encore.
    — Où est ton fils ? exigea-t-il, impérieux.
    Tandis que Marguerite sombrait dans l’inconscience, une seule idée l’habitait, protéger ses enfants.

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