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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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le toit, c’était devenu le repaire des souris, des oiseaux et des chats sauvages. Mais à l’été 1886, la mairie lui a octroyé une somme de deux mille cinq cents francs pour commencer des travaux de restauration, en particulier remplacer l’ancien autel.
    — Une somme rondelette ! s’étonna Anatole.
    — En effet. D’après ce que j’ai entendu dire, ce curé est un homme très cultivé. Les travaux ont paraît-il mis au jour un bon nombre d’objets ayant un grand intérêt archéologique, ce qui, évidemment, avait beaucoup enthousiasmé votre oncle.
    — Quel genre d’objets ?
    — Un autel d’une grande valeur historique, m’a-t-on dit. Ainsi que deux piliers wisigoths et une antique pierre tombale, la Dalle dite du Chevalier, d’origine mérovingienne ou datant de l’ère wisigothe. Passionné par cette période, Lascombe s’était beaucoup investi dès le début dans le chantier de Rennes-le-Château.
    — Vous m’avez tout l’air d’être vous-même un historien, avança Léonie.
    — Pour moi, c’est un passe-temps, mademoiselle Vernier, rien de plus, répondit Gabignaud en rougissant de plaisir.
    Anatole sortit son étui et offrit une cigarette au médecin.
    — Et quel est le nom de ce prêtre modèle ? demanda-t-il en lui donnant du feu.
    — Saunière. Bérenger Saunière.
    La route filant en ligne droite, les chevaux prirent de la vitesse et le vacarme rendit toute conversation impossible. Léonie ne fut pas mécontente de ce répit. Ses pensées se bousculaient dans sa tête. Elle avait beau chercher, elle ne parvenait pas à se souvenir d’une chose précise qu’elle avait saisie dans ce qu’avait raconté Gabignaud, et qui lui avait semblé importante, sur le moment. Mais quoi ?
    Peu après, le cocher ralentit les chevaux et, dans un bruit de ferraille dû aux cliquètements des harnais et aux lanternes qui rebondissaient contre ses flancs, le courrier quitta la route principale pour suivre la vallée de la Salz.
    Captivée, Léonie se penchait dangereusement par dessus le bord de la voiture pour mieux admirer le paysage, ensemble sublime de ciel, de massifs et de forêts. Deux éperons rocheux qu’elle prit au départ pour d’anciens bastions en ruine et qui étaient en fait des formations naturelles veillaient sur la vallée, telles d’immenses sentinelles. Ici la forêt venait presque au bord de la route. Léonie avait l’impression de pénétrer en un lieu secret, comme un explorateur dans l’un de ces palpitants romans d’aventures écrits par Rider Haggard, découvrant au fin fond de l’Afrique des royaumes méconnus.
    La route se mit à sinuer en décrivant des courbes élégantes, suivant le lit de la rivière. C’était une nouvelle Arcadie, fertile, luxuriante, où les arbres et les buissons déclinaient toutes les nuances de vert, olive, bleuté, absinthe, et où le dessous des feuilles soulevées par la brise jetait sur la masse plus sombre des sapins et des chênes des éclats argentés. Au-dessus de la forêt, la ligne des crêtes et des sommets dessinait des formes d’une beauté stupéfiante, des sculptures naturelles évoquant les anciens mégalithes. L’histoire antique de la contrée s’ouvrait aux yeux émerveillés de Léonie telles les pages d’un livre. Et toujours, la présence complice de la rivière qui courait sous le soleil et sur les pierres, jouant à cache-cache avec eux, apparaissant, disparaissant, montrant le reflet doré de son eau entre les branches entremêlées des saules, les guidant de son chant vers leur destination.

23.
    Rennes-les-Bains
     
    Après avoir passé un petit pont en une cavalcade assourdissante, les chevaux ralentirent et se mirent au trot.
    Devant, au détour d’un virage, Léonie aperçut pour la première fois Rennes-les-Bains : un édifice de trois étages, l’Hôtel de la Reine, comme l’indiquait un écriteau, flanqué d’un corps de bâtiments assez austères, dont elle supposa qu’ils constituaient la station thermale.
    Le courrier ralentit et les chevaux avancèrent au pas pour s’engager dans la grand-rue, adossée du côté droit aux contreforts gris de la montagne. Sur la gauche, maisons, pensions et hôtels se succédaient, et des lampes à gaz à lourde armature de métal étaient encastrées dans les murs.
    Sa première impression fut autre que ce qu’elle attendait. La ville avait du style, ainsi qu’un air de prospérité résolument moderne. Les marchepieds et les

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