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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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que de faire le pied de grue.
    Prenant les paroles d’Anatole pour un assentiment, Marieta fit une rapide révérence et se mit en marche.
    Léonie la regarda s’éloigner, bouche bée.
    — Ça alors ! s’exclama-t-elle.
    Anatole rejeta la tête en arrière en éclatant de rire.
    — Bienvenue à Rennes-les-Bains, dit-il en la prenant par la main. Allons, sœurette, du nerf ! Sinon nous allons rester en plan !
     
    Marieta leur fit prendre une ruelle obscure entre des maisons. Ils sortirent dans la vive clarté du soleil et s’engagèrent sur l’arche d’un vieux pont de pierre. En contrebas, bien au-dessous, la rivière coulait sur des roches plates. Léonie s’arrêta, le souffle coupé, étourdie par un trop-plein de sensations dû à la lumière, l’espace, la hauteur.
    — Léonie, dépêche-toi ! lui lança Anatole.
    Juste après avoir passé le pont, la servante tourna à droite et prit un sentier mal tracé qui montait abruptement dans les bois, sur le flanc de la colline. Léonie et Anatole suivaient en silence l’un derrière l’autre en ménageant leur souffle, car plus ils montaient, plus la piste mouchetée de pierres et de feuilles mortes devenait raide et s’enfonçait dans la forêt. Bientôt, elle s’ouvrit sur un chemin plus large, dont la terre défoncée et restée sèche à cause du manque de pluie gardait les traces des nombreux passages de charrettes et de chevaux. Ici, les arbres étaient plus éloignés du chemin et le soleil projetait de longues ombres aux contours estompés entre les taillis et les bosquets.
    Léonie se retourna pour regarder derrière eux. Au bas de la pente escarpée se voyaient, encore proches, les toits rouges et gris de Rennes-les-Bains. Elle distinguait même les hôtels et la place où ils étaient descendus de voiture. La rivière scintillait tel un ruban de soie vert et argent teinté des reflets pourpres de l’automne. Après une légère déclivité du chemin, ils atteignirent un plateau. Devant, entre des piliers de pierre, s’élevait le portail d’un domaine entouré de grilles de fer forgé qui disparaissaient à perte de vue derrière des sapins et des ifs. La propriété semblait refermée sur elle-même, presque hostile, et Léonie frissonna, sentant un instant son esprit d’aventure l’abandonner. Elle se rappela les réticences de sa mère dès qu’elle l’interrogeait sur son enfance au Domaine, et les mots prononcés par le Dr Gabignaud au déjeuner lui revinrent. Une maison d’une aussi mauvaise réputation.
    — Et le mot cade, que signifie-t-il ? s’enquit Anatole.
    — C’est le nom qu’on donne ici au genévrier, répondit la servante.
    Léonie jeta un coup d’œil à son frère, puis s’avança résolument et posa les mains sur les grilles, tel un prisonnier derrière des barreaux. Appuyant ses joues empourprées contre le métal froid, elle scruta les jardins qui s’étendaient au-delà. Tout baignait dans une lueur vert sombre, celle du soleil filtrant à travers un réseau serré d’antiques feuillages. Des sureaux, des fourrés, des haies et des plates-bandes jadis taillées et entretenues se fondaient en un ensemble désordonné, manquant de couleur, qui donnait à la propriété un air de beauté négligée, sinon décrépite, peu encline à recevoir des visiteurs. Une grande vasque vide se dressait au centre d’une allée couverte de graviers, qui partait du portail en ligne droite pour pénétrer au cœur du domaine. À gauche de Léonie se trouvait un bassin rond ornemental surmonté d’une structure en fer rouillé. Lui aussi était à sec. Sur sa droite, des genévriers retournés à l’état sauvage formaient un épais taillis, derrière lequel on apercevait les vestiges d’une ancienne orangerie aux vitres cassées et aux armatures tordues. Si le hasard l’avait amenée en ces lieux, Léonie les aurait crus abandonnés, à voir leur état de délabrement. Jetant un coup d’œil à droite, elle découvrit un écriteau accroché à la grille, où les mots gravés dans l’ardoise étaient en partie effacés par de profondes entailles, ressemblant à des marques de griffes. DOMAINE DE LA CADE. Décidément, cette demeure n’avait rien de très hospitalier.

24.
    — J’imagine qu’on peut accéder à la maison par un autre chemin ? demanda Anatole.
    — Oc, Sénher, répondit Marieta. L’entrée principale se trouve du côté nord de la propriété. Le dernier maître a fait ouvrir un

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