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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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elle disparut dans l’ombre de la maison.
    Léonie s’appuya contre la balustrade, les joues en feu. Elle s’empressa de déboutonner ses gants et d’ôter son chapeau, qu’elle agita pour s’éventer.
    — Elle nous a fait faire un tour complet, dit-elle.
    — Comment ça ?
    — Si nous étions venus par là, dit Léonie en désignant l’ouverture pratiquée dans la haie en buis, à bonne distance de la pelouse, nous aurions traversé le parc. Alors qu’elle nous a fait passer par les terres en faisant un détour pour arriver par-devant.
    Anatole ôta son canotier, ses gants, et les posa sur le muret.
    — Eh bien, c’est une bâtisse splendide, et la perspective valait le coup d’œil.
    — Pas de voiture, pas de majordome pour nous accueillir, poursuivit Léonie. Tout ça est pour le moins curieux.
    — Ces jardins sont exquis.
    — Ici, oui, mais à l’arrière, tout le domaine est en piteux état. Tu as vu l’orangerie, les parterres, tout est laissé à l’abandon…
    — À l’abandon, vraiment, Léonie, tu exagères ! J’admets que le domaine est en partie retourné à l’état sauvage, mais de là à dire…
    — Tu plaisantes ! s’exclama-t-elle, il est envahi par les ronces et les mauvaises herbes. Comment s’étonner qu’il soit mal vu par les gens de la région ?
    — Qu’est-ce que tu racontes ?
    — Ce Denarnaud que nous avons croisé à la gare, as-tu vu son air quand tu lui as dit où nous nous rendions ? Et rappelle-toi comme M e Fromilhague a mouché ce pauvre Dr Gabignaud pour l’empêcher de parler. Que de mystères !
    — Mais non, Léonie, la tança Anatole, exaspéré. Qu’est-ce que tu vas chercher ? Nous ne sommes pas dans l’une de ces nouvelles d’Edgar Poe que tu prises tant et qui ont dû te monter à la tête, comme La Chute de la Maison Usher. (Prenant un air sinistre, il se mit à parler avec des trémolos dans la voix.) « Nous l’avons enterrée vivante, et la voici sortie du tombeau ! »
    — La serrure du portail était rouillée, poursuivit-elle obstinément. Personne n’est entré par là depuis un bout de temps. Je t’assure, Anatole, tout cela est on ne peut plus étrange.
    De derrière eux une voix de femme leur parvint, douce, claire, posée.
    — Je regrette que vous ayez eu cette impression, mais vous n’en êtes pas moins les bienvenus.
    Léonie entendit Anatole retenir son souffle.
    Mortifiée, elle fit volte-face, le visage enflammé. Une femme se tenait sur le seuil, dont l’aspect allait de pair avec sa voix. Grande, mince, d’un maintien élégant et assuré, elle avait de beaux traits, remarquablement proportionnés, et un air de grande sagacité. Un teint éclatant et d’épais cheveux blonds relevés haut sur la tête, en un chignon impeccable. Mais le plus frappant, c’était ses yeux, d’un gris pâle rappelant la couleur d’une pierre de lune. D’une tenue irréprochable, elle portait un chemisier crème à col montant et manches gigot, de coupe très actuelle, ainsi qu’une jupe assortie, plate sur le devant, pincée à la taille, avec un bouillon de tissu ramassé sur les reins.
    Léonie porta une main à ses boucles rebelles, qu’elle avait tant de mal à discipliner, et baissa les yeux sur sa propre tenue de voyage, chiffonnée, poussiéreuse.
    — Ma tante…, commença-t-elle, confuse, mais Isolde s’avança.
    — Vous devez être Léonie, dit-elle en lui tendant une main blanche aux doigts effilés. Et vous, Anatole ?
    Avec une petite inclinaison de la tête, Anatole prit la main d’Isolde et la porta à ses lèvres.
    — Ma tante, dit-il avec un sourire en la regardant sous ses longs cils. C’est un grand plaisir.
    — Tout le plaisir est pour moi. Et je vous en prie, appelez-moi Isolde. Tante, cela fait si guindé. J’ai l’impression d’avoir cent ans.
    — Votre domestique nous a amenés par le portail arrière, dit Anatole. C’est cela, plus la chaleur, qui a troublé ma sœur. Mais si c’est là notre récompense, ajouta-t-il en englobant la maison et le domaine d’un geste large, alors tous les petits aléas de notre voyage sont déjà oubliés.
    Isolde reçut le compliment en baissant la tête, puis se tourna vers Léonie.
    — C’est vrai, j’ai demandé à Marieta d’expliquer ce malheureux contretemps qui nous a privés de voiture, mais elle se laisse vite déborder, dit-elle avec légèreté. Excusez-moi pour ces désagréments. Qu’importe. Vous êtes là

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